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« Si j’étais candidat, je ne pourrais pas prendre les décisions que je prends, que je dois prendre », a soutenu sans rire Emmanuel Macron lors de son interminable plaidoyer sur TF1 et LCI mercredi dernier. Tout en soulignant que, « d’évidence » il avait « de l’ambition pour le pays au-delà du mois d’avril prochain ».
Et quelles ambitions ! Rien, pas un mot sur l’écologie, l’environnement, le changement climatique qui ne sont d’évidence pas les préoccupations centrales de l’électorat de droite que drague ouvertement Emmanuel Macron. Mais qui sont des thématiques sur lesquelles se fonde une éco-anxiété qui se diffuse dans la jeunesse.
Durant ces deux heures, le chef de l’État a vanté son bilan sans être candidat, suscitant à juste titre l’ire de ses détracteurs. Dans un exercice déjà vu, il a fait acte de contrition pour se faire pardonner ses écarts, ses boulettes, ses petites phrases et sa morgue de grand bourgeois parvenu.
Cinq ans plus tard, Emmanuel Macron n’est plus le jeune premier de la vie politique française. Il a maintenant un bilan frappé du sceau de l’injustice. Cette séquence de cinq ans s’était ouverte par la fin d’lSF, elle se clôt par la guerre aux chômeurs. Les inégalités se sont amplifiées, les premiers de cordée ont été servis les premiers et se sont empiffrés.
Les plus fragiles, les plus précaires viennent de se voir imposer une réforme de l’assurance chômage honnie de tous les syndicats tant elle est injuste et totalement inutile pour lutter contre le chômage.
Le candidat non déclaré ne fait plus mystère depuis des mois de ses ambitions déjà esquissées il y a quelques semaines. Et même s’il est difficile pour lui de reconnaître que la puissance du mouvement contre sa réforme des retraites a été au moins aussi décisive que la crise sanitaire dans l’abandon provisoire de ce totem, à l’approche de la fin de son mandat, il entend bel et bien mieux défendre un nouveau projet en vue de sa probable candidature en 2022. « Je ne pense pas qu’il faille exactement faire la même réforme que celle qui était envisagée », a-t-il concédé mercredi soir. Exit donc le système « universel » censé remplacer la quarantaine de régimes existants. « Il faut aller vers un système simplifié »,” l’objectif étant désormais de viser « grosso modo trois grands régimes », pour les salariés du privé, les fonctionnaires et les travailleurs indépendants. Un scénario qui n’a pas le lustre du neuf puisqu’il est défendu de longue date par des think-tank libéraux comme l’Institut de la protection sociale (IPS) et repris par le patronat. Un plan B qui coupe l’herbe sous le pied de la droite qui ferraille depuis des années pour la fin des régimes spéciaux. De sa réforme emblématique dépouillée de l’idée du régime à points (soutenue dans le champ syndical par la CFDT), ne devrait finalement subsister qu’une réforme paramétrique. Et il y a fort à craindre que le débat de la présidentielle tourne autour du curseur de l’âge de départ que Valérie Pécresse veut pousser à 65 ans quand Zemmour le placerait à 64.
Emmanuel Macron ne renonce à rien de la doxa néolibérale, il s’adapte, mais garde le cap. Il y aura donc besoin de ferrailler, expliquer, débattre dans les mois à venir avec les travailleuses et travailleurs de toutes les catégories professionnelles pour défendre et réformer ce pilier essentiel de notre modèle social.
Il y a fort à parier dans ce contexte que les revendications sociales ne seront pas mises en pause durant la campagne présidentielle. Ainsi, les organisations CGT, FO, FSU, Solidaires, Fidl, MNL, Unef et UNL ont cosigné un appel pour soutenir les actions et mobilisations organisées dans les jours et semaines qui viennent pour exiger des augmentations de salaire et défendre les emplois et conditions de travail. Elles appellent à une mobilisation interprofessionnelle sur les salaires et l’emploi le jeudi 27 janvier 2022.
Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT
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