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Télescopage, car bien évidemment c’est parmi les travailleurs qualifiés et en responsabilité que les enjeux du télétravail se sont d’abord posés et le restent majoritairement : même durant le premier confinement, les télétravailleu·r·se·s étaient à plus de 70 % des cadres et professions intermédiaires… Et c’est fort logiquement que parmi les items les plus marquants de ce baromètre annuel, le télétravail est au centre des préoccupations.
Et en écho à ces négociations, au cours desquelles le patronat a beaucoup dit non après avoir traîné des pieds pour accepter de négocier sous la pression syndicale, que nous dit ce baromètre ? Eh bien que 64 % des cadres considèrent que les pratiques de télétravail sont insuffisamment encadrées, et 75 % qu’elles ne protègent pas des durées excessives de travail et ne garantissent pas le droit à la déconnexion. Et ils parlent en connaissance de cause confirmant une enquête menée au printemps dernier par l’Ugict-CGT qui avait fait grand bruit.
Cette enquête concluait sur la base d’un questionnaire largement rempli que le télétravail s’était imposé avec la crise sanitaire en « mode dégradé », notamment pour les cadres et professions intermédiaires. Et ce nouveau baromètre ViaVoice en partenariat avec SECAFI, vient aussi confirmer que le droit à la déconnexion est aujourd’hui plébiscité par les cadres qui sont 69 % à souhaiter en disposer, soit une augmentation de 9 points par rapport à 2019.
Mais, depuis un an, tous les indicateurs de cette nouvelle livraison du baromètre montrent une dégradation de la situation et du ressenti de l’encadrement. C’est toujours très massivement que les cadres jugent le niveau de rémunération en inadéquation par rapport : au degré d’implication avec un score de 62 % (+ 6 points par rapport à l’an passé) ; à la charge de travail pour 57 % (+ 1 point) ; au temps de travail réel : 56 % ; à la qualification : 49 % (+ 1 point) ; aux responsabilités : 45 % (+ 2 points).
Évidemment, la crise sanitaire a amplifié ces insatisfactions eu égard aux efforts consentis par l’encadrement. Ils sont ainsi 61 % à dire que leur charge de travail a augmenté́ depuis l’année dernière, et 53 % considèrent que leur temps de travail a augmenté́.
« La crise sanitaire a révélé à quel point les cadres sont au bord de la rupture. Les études épidémiologiques confirment le lien entre charge et durée de travail excessives avec les risques d’épuisement professionnel et d’atteinte à la santé », analyse l’Ugict-CGT.
Et de cette rupture, naissent le doute, la défiance vis-à-vis non seulement du patronat, mais aussi du gouvernement et de sa politique.
Ainsi, 64 % ne croient pas à l’efficacité du plan de relance du gouvernement, et 84 % souhaitent que les aides publiques massives soient conditionnées à des contreparties, signe que l’exigence portée par la CGT depuis des années d’une conditionnalité des aides fait son chemin.
Et tandis que la macronie nous dessine un monde d’après pire que celui d’avant, il est intéressant de voir que 54 % des cadres souhaitent l’abandon définitif de la réforme des retraites. Laquelle est toujours à l’agenda.
« Ce sondage confirme le décrochage des cadres avec les choix stratégiques des directions et leur aspiration croissante à vivre et travailler autrement. Un signal d’alarme que les directions feraient bien de prendre très au sérieux pour restaurer les capacités d’innovation des entreprises, des administrations et du pays ! »,
prévient la CGT des ingénieurs, cadres et techniciens.