Retraites : soyons au rendez-vous avec les ingénieur·es, cadres et technicien·nes

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Plus de 2 millions. Cela fait 30 ans que nous n’avions pas été aussi nombreux·ses dans la rue, qui plus est pour une première journée préparée en moins de 10 jours.

Le nombre de grévistes est encore plus élevé. Il frôle les 50 % dans la fonction publique d’État et les entreprises publiques et a aussi atteint des records dans le privé avec une production à l’arrêt dans de nombreuses industries, des commerces fermés, des grévistes dans des PME et même chez le particulier employeur !

La mobilisation dépasse largement les cercles militants traditionnels avec beaucoup de primo manifestant·e·s rassemblé·e·s par une détermination impressionnante.

Cadres et professions intermédiaires étaient nombreux et nombreuses, notamment dans les secteurs où nous avons des organisations spécifiques Ugict (dans l’énergie, à la SNCF, la RATP et, de façon moins massive mais néanmoins inédite, dans des entreprises privées dans la métallurgie et les sociétés d’études par exemple).

Le résultat du travail de déploiement de nos commissions départementales, unions fédérales et syndicats spécifiques, qui ont montré en quoi, contrairement à la propagande gouvernementale, cadres et professions intermédiaires sont largement pénalisés par la réforme.

Ceci confirme combien la question des retraites rassemble. Ceci confirme également la dégradation des conditions de travail. Le lean management, la suppression de tous les temps morts et l’intensification du travail et la charge mentale rendent inenvisageable l’exercice professionnel après 60 ans, y compris chez les professions intellectuelles. 

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Nous avions déjà gagné la bataille de l’opinion, nous avons désormais gagné celle de la résignation espérée par le pouvoir. Nous avons maintenant la confirmation que nous pouvons gagner.

La forte mobilisation des préfectures et sous-préfectures met sous pression les parlementaires et fragilise l’alliance avec la droite. Fébrile, le pouvoir cherche des mesures pour déminer, mais les revendications des salarié·es et de l’intersyndicale sont claires : pas un mois, pas une année de plus, non au report de l’âge de départ en retraite ! Nous avons battu en brèche tous les arguments de l’exécutif : nos systèmes de retraite ne vont pas faire faillite, et il y a des alternatives de financement dès lors que l’on accepte de mettre enfin à contribution le patronat !

Nous avons pour nous la dynamique et la détermination alors que la seule arme de l’exécutif est institutionnelle. L’histoire sociale, de 1995 à 2006 en passant par 2020 démontre que cela ne suffit pas !

Rien n’est écrit d’avance, tout dépend de nos choix de conduite de luttes.

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Pour continuer à élargir, mettons-nous en situation de faire entrer dans la danse tous les syndicats d’entreprises qui n’ont pas participé le 19, amplifions notre travail de déploiement pour mobiliser davantage de salarié·es du privé.

L’unité syndicale est d’autant plus solide qu’elle se construit par la base, et c’est en plus un excellent levier de mobilisation dans les boites. Multiplions les appels intersyndicaux au plus près du terrain, dans les branches et les entreprises.

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La mobilisation des lycéen·nes et étudiant·es est stratégique : nous pouvons appuyer d’un point de vue logistique les organisations de jeunesse – dans le respect de leur indispensable autonomie -, participer à leurs assemblées générales pour décrypter la réforme des retraites et faire connaître nos modalités et rythmes de mobilisation… La barre est haute, mais il faut que le 31 nous soyons plus nombreux et nombreuses que le 19 !

Pour cela, continuons à décrypter précisément l’impact de la réforme pour les ingénieur·es, cadres et technicien·nes . Continuons à démontrer qu’il s’agit d’un enjeu de partage des richesses, en martelant les alternatives de financement pour rétablir la retraite à 60 ans avec 75 % du dernier salaire. Faisons le lien avec les revendications propres à chaque entreprise, en matière de salaire, d’emploi ou de conditions de travail, pas question de laisser le patronat tranquille !

L’organisation d’heures d’infos syndicales et d’assemblées générales en visioconférence est utile pour faciliter la mobilisation des ICTAM, notamment lorsqu’ils et elles sont en télétravail. Les exemples de luttes organisées par nos camarades à Nokia (1500 ingés cadres en assemblées générales en visioconférence contre un PSE !), à EDF (mobilisation contre le projet Hercule) ou encore au groupe Le Moniteur (mobilisation pour les salaires avec des assemblées générales en hybride) démontre au contraire que la visioconférence permet de rassembler plus large et de limiter les pressions patronales.

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La mobilisation contre les retraites démontre la nécessité de s’organiser collectivement pour défendre ses droits, nous recevons de nombreuses adhésions spontanées, notamment de jeunes, en manifestations ou via le site internet.

Ce conflit peut nous permettre de nous renforcer, de créer de nouvelles bases et de gagner des syndiqué·es si nous proposons systématiquement l’adhésion, et que nous réussissons à donner systématiquement suite à toutes les demandes de syndicalisation ! 

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Alors que le calendrier parlementaire s’annonce rapide, impossible d’en garder sous la pédale, c’est toutes nos forces qu’il faut mettre maintenant dans la bataille. Les secteurs de l’énergie et du raffinage montrent la voie.

Évitons la grève par procuration ! Partout où c’est possible, construisons la grève reconductible, avec des modalités adaptées pour permettre au maximum de salarié·es de s’y impliquer, notamment dans le privé et chez les cadres et professions intermédiaires soumis à des pressions managériales très fortes : alternances jours de grèves/jours de travail, à l’image du modèle inventé par les cheminot·es en 2019, débrayages d’une heure chaque jour à des moments stratégiques pour désorganiser la production et les services, grève du zèle et des heures supplémentaires, arrêts maladies collectifs pour contourner les réquisitions dans la santé, diversité des formes d’action pour celles et ceux qui ne peuvent pas faire grève (pétitions, actions symboliques…)… et retrouvons-nous tou·te·s ensemble lors des journées d’action intersyndicales.

Des modalités diverses mais un mot d’ordre unique : après le 31 on arrête tou·te·s ! 

Montreuil, le 27 janvier 2023

Pour mobiliser : 

Kit de mobilisation contre la réforme des retraites

 

4 arguments pour mettre son entourage en grève contre la réforme des retraites

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