Qu’est-ce que l’Ugict-CGT, à quoi ça sert, et pour qui ? Bilan vidéo

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En dressant le bilan de son 17e congrès, l’Ugict a pu mesurer la richesse de ce dernier mandat. Elle a contribué à élargir le rapport de force en développant, et en mettant au service de l’action syndicale, de nouveaux outils et des nouvelles formes de mobilisation.À l’image de ses initiatives contre la loi travail, l’Ugict s’est affirmée comme catalyseur du mouvement social sur de nombreux sujets. La commission qui a travaillé sur le rapport d’activité a souhaité traduire cette innovation dans la forme de sa présentation aux congressistes.L’Ugict propose ainsi 7 séquences : clips vidéo et interventions de membres de la commission, pour illustrer chacune des trois parties du bilan. Les 3 vidéos d’animation ont été réalisés par la com’ de l’Ugict. Elles ont vocation à être ensuite utilisées comme outil de syndicalisation pour les ingénieurs, cadres, techniciens et agents de maîtrise (ICTAM), et vecteur sur les réseaux sociaux. En révélant ainsi son ADN, l’Ugict invite les ICTAM à la rejoindre pour enrichir et améliorer son code source, à la manière des communs, pour qu’elles et ils participent ainsi à la construction de son syndicalisme de classe et de masse.

 

1/ Qu’est-ce que l’Ugict ? Quelles actions mène-t-elle ? Comment mobilise-t-elle les Ingés Cadres Techs en tenant compte de leur situation et leur spécificité ?

 

Au cours du dernier mandat les attaques contre les travailleuses et les travailleurs ont été extrêmement nombreuses et protéiformes. Le patronat a développé des stratégies innovantes pour organiser un recul social sans précédent : négociations opaques des traités transnationaux, passage par ordonnances pour effacer du code du travail un siècle de conquêtes sociales, dispenses d’impôts pour les multinationales et mise au ban des lanceurs d’alerte, sans parler de la casse des régimes des retraites….

 

Pour répondre aux attaques l’Ugict-CGT a mené des actions protéiformes qui ont largement mobilisé les salariés. 

La plateforme de votation contre la loi travail a recensé plus de 700 000 votants.es sur 15 000 lieux de travail. Les décryptages réactifs des ordonnances ont rayonné bien au-delà des bases Ugict et le travail a été très utile à toute la CGT : les happenings, les pétitions…Les Rencontres d’Options, le magazine de l’organisation, ont donné une visibilité à l’Ugict en appelant les ingénieurs cadres et techniciens à rejoindre les initiatives de la CGT.

Toujours disponible pour les luttes spécifiques, à la recherche de coopération dans la CGT, l’Ugict a apporté un soutien technico-politique à une multitude de luttes menées dans les organisations CGT : “Merci Paulo” chez Capgemini, à Météo France, le référendum chez RTE, et bien sûr les négociations sur les forfaits jours dans de nombreuses branches etc…

 

2/ Via l’Ugict, quelles sont les revendications spécifiques de la CGT pour les ingés, cadres, techs et maîtrises ?

 

Des campagnes avec les lanceurs d’alerte ou sur le secret des affaires ont permis de tisser des liens avec d’autres collectifs de lutte. Les ingénieurs cadres et techniciens sont sensibles à la capacité de l’Ugict de sortir des sentiers battus et à développer des formes d’actions inédites et complémentaires qui ne passent pas nécessairement, ou immédiatement, par la grève et les manifestations notamment grâce aux réseaux sociaux. L’Ugict a développé son activité pour gagner de nouveaux droits en imposant de nouveaux thèmes. 

L’Ugict, s’est aussi imposée comme référence syndicale sur le numérique au travail, d’abord en portant la nécessité d’un droit effectif à la déconnexion, avec sa campagne pour un droit à la déconnexion et une réduction effective du temps de travail, lancés dès 2014. Elle a fait valoir ses propositions concrètes, reprises en septembre 2015 dans le rapport Mettling, puis sous forme d’une obligation à négocier ce droit dans le cadre de la Loi Travail : une première étape pour gagner une réduction effective du temps de travail et de la charge de travail et l’application réelle des 35 heures.

La revendication d’un droit à la déconnexion est maintenant majoritaire chez les ICTAM qui peuvent s’appuyer sur un Guide du droit à la déconnexion pour le construire.

En poursuivant sa bataille contre les forfaits jours, l’Ugict a obtenu auprès du Comité Européen des Droits Sociaux l’annulation de douze accords de branche et ainsi que devant les prud’hommes. Elle a gagné le paiement des heures supplémentaires pour des centaines de salariés au forfait heures chez Altran technologies.

Anticipant bien avant d’autres la transformation profonde du travail et des métiers qu’implique le numérique, l’Ugict développe une importante réflexion et lance une campagne “construire le numérique autrement”. Elle porte 24 propositions, des témoignages, un guide de campagne et un label. L’Ugict a aussi créé le site #NumériqueAutrement.

L’Ugict, référence syndicale sur la liberté d’expression et les lanceurs d’alerte a mis sur le devant de la scène la liberté de parole des ICTAM, dénonçant les reculs démocratiques en cours. L’Ugict a co-organisé meetings ou pétitions de soutien pour de nombreux professionnels menacés, sanctionnés, ou condamnés, pour avoir fait leur travail en respectant leur éthique professionnelle.

Avec Eurocadres, l’Ugict exige des lois pour protéger les lanceurs d’alerte au-delà même de la Loi Sapin.

Construire les droits et garanties collectives, changer l’entreprise, gagner la reconnaissance professionnelle des salariés.

L’Ugict a obtenu l’ouverture d’une négociation pour réactualiser et renforcer le statut cadre du privé, fragilisé par la fusion de l’AGIRC-ARRCO en 2015. L’enjeu de la négociation est la reconnaissance de l’encadrement au sens large, et la définition des droits et garanties interprofessionnelles pour qu’ils échappent à l’alternative “se soumettre ou se démettre”.

Changer la vie des femmes et des hommes au travail se gagne aussi en dénonçant les discriminations dont sont victimes les femmes.

La campagne #VieDeMère, lancée en 2016, a rencontré un très large écho dans les médias et sur les réseaux sociaux. Elle a permis de dénoncer le présentéisme et le dogme de la disponibilité permanente qui entravent la carrière des femmes, mais pèse aussi sur les hommes. Les propositions et les outils de campagne ont été mobilisés par de nombreuses organisations pour gagner des droits concrets dans les accords d’entreprise. 

Enfin donner une nouvelle définition à l’entreprise et au management a constitué un axe fort avec la publication d’un manifeste de 35 propositions adressées aux parlementaires après l’élection d’Emmanuel Macron, et intégrés dans les propositions CGT et remises aux élus en juillet 2017 pour la concertation sur la Loi Travail. L’objectif : donner un statut juridique à l’entreprise et la définanciariser.

Pour les professions et les jeunes diplômés, l’Ugict s’est aussi engagée : interventions en direction des jeunes diplômés, enquêtes, ou actualisation de nos repères revendicatifs. L’Ugict a œuvré à la reconnaissance des professions techniciennes et intermédiaires, des travailleurs sociaux. Elle s’est engagée pour la défense des médecins du travail.

 

3/ Qu’est-ce que l’Ugict-CGT ? Quelles revendications porte-t-elle ? Quelles sont les thématiques traitées par les Ingés Cadres Techs CGT ?

 

Comment contribuer à faire de la CGT “La CGT de tout le salariat” pour améliorer les conditions de travail et de vie au travail des salariés, des travailleurs indépendants ?

Le déploiement et le renforcement de la CGT chez les ingénieurs cadres techniciens et agents de maîtrise, trouvent leur pertinence dans la structuration de l’activité spécifique.

L’Ugict gagne en crédibilité en partant du vécu des ICTAM, de leurs conditions de vie et de travail. Quatre axes forts se dégagent des initiatives prises par l’Ugict au cours de ce mandat.

 

Premier axe : le travail en direction des jeunes diplômés qui a permis la publication du Guide des droits du stagiaire. Après dix ans de mobilisation et de travail communs avec l’ Unef pour lutter contre les abus dont sont victimes les stagiaires, l’Ugict a obtenu un encadrement des stages ainsi que la reprise de propositions par la loi, afin qu’elle soit effective. Les stagiaires doivent connaître leurs droits, et c’est l’objectif de ce guide. Les Rencontres d’Options, du 23 novembre 2016, ont été l’occasion de populariser auprès des jeunes diplômés les 15 propositions pour lutter contre le déclassement des jeunes qui n’ont jamais été aussi qualifiés. L’Ugict CGT et l’ Unef portent un projet d’ensemble visant la « mise en sécurité sociale » de la jeunesse et des salariés, la création d’une allocation d’autonomie pour les étudiants, la sécurité sociale professionnelle, la définition d’un nouveau statut du travail salarié et la mise en place d’un statut de l’encadrement.

 

Deuxième axe : les cadres ont “pris La Défense” le 17 juin 2015, et ont fait “battre le cœur de Lyon” le 5 novembre 2015. Le défi était osé, et il a été relevé avec brio. Ces journées de déploiement répondaient à un certain nombre d’objectifs : aller à la rencontre des salariés, casser l’isolement, montrer que la CGT et son Ugict peuvent être présentes aux côtés de tous les salariés et ont vocation à les organiser. Ainsi sur le parvis de La Défense et sur l’esplanade de la Gare de Lyon-Part-Dieu, il fut question de la perspective d’un vrai droit à la déconnexion, de la réduction du temps de travail de l’égalité professionnelle femmes-hommes, de la reconnaissance des qualifications dans le salaire, d’industrie et d’emploi. Le projet de directive européenne sur le secret des affaires fut aussi un des points forts de l’événement. Tous les syndicats se sont mobilisés ainsi que de nombreuses associations, des journalistes. En effet ce projet de directive vise à bâillonner notamment les salariés en responsabilité qui en viendraient à dénoncer les pratiques managériales, commerciales, sociales, ou financières contraires à l’éthique.

 

Troisième axe : le 20 octobre 2016, initié par l’Ugict et notre Confédération : une rencontre nationale des syndicats a permis à 250 militants d’échanger et de témoigner des succès obtenus en syndicalisation, en déploiement et aux élections professionnelles, ainsi que sur le renforcement de la CGT dans les entreprises ou administrations où elle est déjà présente. Il s’agissait aussi de débattre sur le déploiement de la CGT là où elle est absente notamment dans les TPE/PME, et dans des établissements composés uniquement de cadres. Il fallait en outre s’interroger sur les différentes formes d’organisation en adéquation avec la situation territoriale, dans un contexte de mise en concurrence des territoires facilitée par la loi Nouvelle organisation territoriale de la République (Notre).

Nombre de grandes entreprises sièges sociaux communauté d’agglomération représentent aussi des centres stratégiques décisionnel ou la CGT doit être la force incontournable. L’enjeu est triple pour la représentativité de la CGT, pour la transformation des rapports sociaux dans l’entreprise, pour accroître le rapport de force et gagner des droits nouveaux.

 

Enfin le quatrième axe : le développement des outils de communication pour aider les organisations à mener l’action revendicative et se déployer avec la mise à disposition de kits comprenant des tracts, des consultations type, des affichettes… la liste des outils disponibles ainsi que la création de Syndicoop, la plateforme syndicale de l’Ugict et de plusieurs sites dédiés.

 

 

 

En bref

Pour l’Ugict quatre idées-force ressortent de ces 4 années de mandat

  • La direction constate qu’elle a tenu l’écrasante majorité des résolutions du précédent Congrès. Elle souligne que les objectifs ont été d’autant plus difficiles à atteindre, que les attaques furent particulièrement sévères. Elle note en revanche qu’il reste une marge de progression dans les années à venir en ce qui concerne la structuration de l’activité spécifique
  • Deuxième idée à retenir : l’activité de ces quatre dernières années illustre le syndicalisme tel que l’Ugict le conçoit et le pratique à savoir un syndicalisme ancré dans le réel qui gagne des droits concrets en partant toujours du vécu des salariés, des catégories.
  • Troisième idée : l’Ugict a cherché, autant que faire se peut, le rassemblement le plus large (avec des Ong, des organisations de jeunesse, des personnalités de la société civile, d’autres syndicats) pour faire toujours de ce rassemblement un levier de mobilisation, de transformation des luttes, en enjeu d’intérêt général et en véritables questions de société.
  • Et enfin, dernière idée, l’Ugict affirme la fierté d’avoir accompli tout ce travail avec l’ensemble de ses militantes et de ses militants, chacun et chacune partie prenante d’une organisation de de débats et de combat qu’est l’Ugict.

 

 

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