Réforme des retraites : comment mobiliser les jeunes ingés, cadres, techs autour de nous ?

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Nous sommes jeunes ingés, cadres, technicien·nes et professions intermédiaires (ICTAM). Nous vivons nos premières mobilisations. Nous échangeons régulièrement sur ce que nous pouvons faire pour mobiliser les jeunes diplômé·es comme nous. Voici nos pistes, avec des exemples issus directement de nos expériences.

1/ D’après nos expériences

Se rappeler que dans une mobilisation tout est utile, et profiter de toutes les petites victoires

Toutes les petites actions que nous pouvons faire pour participer à la mobilisation sont importantes : parler avec les collègues à la machine à café, les informer sur les mobilisations en cours ou sur leur droit de grève, participer à une diffusion de tracts, prendre contact avec la Cgt sont autant de manières d’apporter sa pierre à l’édifice.
Elles sont toutes essentielles et nous permettent de retisser du lien entre nous, là où le gouvernement et le patronat souhaiteraient que nous soyons divisé·es.

Pour les syndicats et notamment pour le collectif jeunes diplômé·es de la Cgt il y a une énorme victoire en ce moment. Grâce à la mobilisation ce sont des dizaines de jeunes ICTAM partout en France qui ont demandé à adhérer à la Cgt et qui ont rejoint notre collectif. Nous les mettons rapidement en relation avec la Cgt de leur secteur professionnel et territorial. Et certain·es d’entre nous ont choisi de lancer leur section syndicale dans leur entreprise ! C’est la dynamique collective que nous vivons en ce moment qui nous donne l’envie et l’espoir de changer les choses au travail et dans nos vies.

Ne pas lésiner sur la communication

En temps de grèves et de mobilisations il est important de pouvoir joindre facilement nos collègues surtout quand nous ne sommes pas nécessairement tout le temps au bureau. L’idéal est de proposer aux collègues de récupérer leurs contacts personnels (numéro de téléphone/mail) pour leur envoyer des informations régulières.

Pour ne pas se faire voler nos histoires, il faut les raconter nous-mêmes

Le patronat et le gouvernement veulent faire croire que les jeunes diplômé·es ne sont pas mobilisé·es. Nous serions « individualistes », « cyniques ». C’est faux.

Pour reprendre le récit de nos histoires de mobilisation il faut les raconter, sur les réseaux sociaux, sur des sites internet syndicaux, dans les médias qui s’y intéressent tels que Options, le journal de l’Ugict-CGT.

Exemples :

Raconter nos vécus de la mobilisation et notamment des manifestations est important car certains médias prétendent qu’elles sont désorganisées et dangereuses, ce qui n’est pas le cas (voir ci-après quelques éléments de réponse à « J’ai peur d’aller en manifestation »).

Construire notre mobilisation en prenant en compte la précarité de nos statuts, mais aussi notre niveau de responsabilité

Être en CDD, en intérim, ou en période d’essai (jusqu’à 8 mois pour les cadres) peut être un frein à la mobilisation des jeunes diplômé·es. Il faut analyser sa situation selon le contexte dans lequel nous nous trouvons : est-ce nous occupons un poste très recherché dans le monde du travail ? Est-ce que d’autres personnes avec notre statut se mobilisent ? Est-ce que tout notre service se met en grève ? À partir de notre analyse il faut mener les actions les plus utiles dans ce contexte de manière à se mobiliser efficacement et d’encourager d’autres à le faire.

Exemples :

  • Une jeune cadre qui travaille dans un centre de recherche public nous a expliqué que dans son service ce sont surtout les jeunes contractuel·les qui se mettent en grève, notamment car il y a quelques mois iels ont mené un mouvement victorieux pour la hausse de leurs salaires
  • Une jeune qui travaille dans une association d’une vingtaine de personnes nous a raconté que six collègues se sont mis·es en grève et parmi ces personnes des apprenti·es pourtant précaires !

Se mettre en grève en tant qu’encadrant·e a une influence non négligeable sur les personnes encadrées. Il ne faut donc pas hésiter à en parler avec ses collègues, à leur annoncer que nous ferons grève.

Parler avec nos collègues en partant de leurs questions et de leurs vécus au travail

L’Ugict propose de nombreux outils pour convaincre nos collègues de se mobiliser et notamment :

Tout peut être trouvé ici :

Kit de mobilisation contre la réforme des retraites

 

Mais le plus important c’est de demander à nos collègues ce qu’iels en pensent, comment iels voient la société dans laquelle nous vivons, quel modèle de retraite iels souhaiteraient que nous ayons.

À partir de cet échange vous pouvez les questionner sur ce qu’iels pensent des propositions alternatives de la Cgt, de la mobilisation, etc.

Faire prendre conscience à nos collègues de la force de leur mobilisation

Il peut être tentant de penser que la grève d’ICTAM a peu d’impact. Pourtant elle est très attendue par les secteurs de la mobilisation les plus “visibles”.

Elle a aussi un impact très important.

  • D’abord dans l’imaginaire du patronat. Quand les cadres sont en grève, “le roi est nu”, celles et ceux qui sont chargé·es d’appliquer les directives patronales s’arrêtent et les directions ont peur.
  • Mais ensuite concrètement dans notre travail au quotidien : quand des ingénieur·es en informatique sont en grève les projets prennent du retard, les entreprises perdent de l’argent et les employeurs commencent à se dire qu’il serait préférable que la mobilisation s’arrête et que le gouvernement retire son projet.

Il est aussi important de dire à nos collègues que toutes les formes de grève sont légitimes, le plus important étant qu’elles soient menées le plus massivement possible, pour avoir le plus d’impact possible sur le lieu de travail. Il y a de multiples manières de désorganiser la production dans une entreprise : faire un débrayage une heure par jour, respecter ses horaires, faire la grève des mails, etc.

Il faut ensuite s’encourager collectivement, à ne pas rattraper “les heures perdues pendant la grève” et obliger l’employeur à réorganiser la production pour tenir compte de nos absences.

Accompagner nos collègues pour répondre à leurs besoins

Il faut questionner les collègues sur leurs besoins, ce qu’iels pensent important de faire, de dire. Cela peut commencer par signer la pétition de l’intersyndicale. Pour la suite, il ne faut pas avoir peur de proposer des choses à faire à nos collègues : relire un projet de mail, faire le tour des bureaux pour échanger avec les collègues, participer à un tractage ou à une soirée de soutien aux grévistes, etc. De nombreuses actions très diverses (et toutes utiles) peuvent être menées pour contribuer à la mobilisation.

Il faut aussi leur demander s’iels ont des questions sur des sujets en particuliers, peut-être s’interrogent-iels sur le droit de grève, sur ses conséquences dans l’entreprise, ou sur la sécurité des manifestations ? Cela peut être intéressant de leur proposer d’en parler. Et si vous n’avez pas de réponse précise à leur donner, ce n’est pas grave, vous pouvez vous tourner vers un·e membre de la Cgt qui sera content·e de vous apporter les éléments pour leur répondre.

Proposer un cadre d’échanges collectifs

Agir collectivement permet d’être plus fort·es, et pour agir collectivement, rien de mieux que de proposer un cadre d’échanges collectifs. Cela peut être au bureau, en assemblée générale, mais aussi en dehors, lors d’un afterwork ou dans les locaux de la bourse du travail près de vos locaux de travail. N’hésitez pas à vous rapprocher de votre union locale Cgt pour lui demander de réserver une salle de réunion dans la bourse du travail, elle est faite pour cela !

Plusieurs jeunes camarades du collectif jeunes diplômé·es ont organisé des assemblées générales en ligne pour échanger avec leurs collègues. C’est le cas des ingés et cadres de Smile qui se retrouvent tous les matins en assemblée générale en ligne depuis le 7 mars pour discuter des modalités de leur mobilisation : cgtsmile.fr

2/ Nos réponses à certaines questions ou réponses de nos collègues ou ami·es :

“Ma grève ne sera décomptée nulle part” :

nos employeurs n’ont évidemment pas intérêt à ce que les chiffres de la grève circulent largement.

Il faut donc :

  • Faire son propre décompte, en proposant aux collègues de recueillir leurs intentions de grève (par texto, ou par mail), puis en communiquant largement vos chiffres de grévistes. Pas d’autocensure, être 2 c’est déjà super !
  • Se rendre visible autrement, dans la rue ou sur les réseaux sociaux : tuto ici 

« La grève va me coûter cher, je ne peux pas me le permettre » :

La grève coûte cher c’est sûr, mais il est possible d’organiser des caisses de grève pour amortir son coût. Les camarades de l’inspection du travail de l’IDF ont ainsi mis en place une caisse qui couvre 50 euros sur chaque journée de grève à partir de 2 jours de grève. Là aussi il ne faut pas hésiter à parler aux collègues de votre caisse de grève pour qu’iels y contribuent ou pour qu’iels en bénéficient. La communication sur ce thème est la clé.

Il faut aussi comparer le coût immédiat de la grève au coût sur le long terme de l’application de la réforme

Les dossiers sur lesquels je travaille sont trop importants, je ne peux pas me permettre d’arrêter.

La grève est un droit. De la même manière que si je me casse un bras, mes dossiers doivent attendre, si je fais grève ils le doivent aussi. Le sujet des retraites – pour lequel nous cotisons plus d’un quart de notre salaire – est primordial, et sa défense est tout à fait de nature à justifier des retards sur un dossier crucial. C’est d’ailleurs dans ces cas-là que notre grève a le plus d’impact et se montre donc la plus puissante – un dossier important doit donc au contraire redoubler notre détermination à faire grève.

On ne gagne jamais

il y a de nombreux exemples de victoires du mouvement social, et des victoires récentes !

  • 1995, le plan Juppé, que des grèves massives ont réussi à faire tomber.
  • 2006, le CPE, qu’une mobilisation très importante de la jeunesse et du monde du travail ont permis d’annuler. Et ce alors que la loi avait été votée au 49-3 et promulguée et validée par le Conseil constitutionnel.
  • 2019-2020, la précédente réforme des retraites n’a pas été appliquée malgré son adoption au 49-3 parce que la mobilisation a été forte et a duré plusieurs mois.
  • + toutes les victoires locales qui ne sont pas médiatisées

J’ai peur d’aller en manifestation

La CGT est rompue à l’exercice des manifestations. Si vous restez dans le cortège CGT, c’est-à-dire derrière un camion ou une banderole CGT, et que vous suivez les consignes qui sont données, il ne devrait rien vous arriver.

En particulier, les camarades vous indiqueront à quel moment quitter la manifestation et dans quelle direction. En manifestations, nous sommes là pour prendre soin les un·es des autres.

Dans le cortège de la Cgt des camarades dédiés sont chargé·es de faire en sorte que la manifestation arrive à bon port, dans la joie et en portant des slogans revendicatifs. Voici quelques exemples des chansons que nous chantons en manifestations à Paris et ailleurs :

Au collectif jeunes diplômé·es nous nous donnons rendez-vous pour passer la manifestation ensemble. N’hésitez pas à venir nous voir, nous serons content·es de vous accueillir.

Rejoindre le collectif jeunes diplômé·es de l’Ugict, la CGT Ingés Cadres Techs

 

 

 

 

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