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Passé les élections qu’Emmanuel Macron a voulu enjamber en se faisant réélire par défaut, la situation inédite qui se dessinait au soir du premier tour des législatives s’est donc confirmée au second. Un président fraîchement réélu ne disposera pas d’une majorité pour gouverner. La sanction est lourde pour les marcheurs, les amis d’Emmanuel Macron. Les chutes du président de l’Assemblée, de l’ancien ministre de l’Intérieur, de la ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, de la ministre de la Santé, sont des signes évidents du rejet du bilan du premier quinquennat et des réformes à venir.
Les Français.es n’ont pas marché dans le manichéisme du « moi ou le chaos » illustré par le pathétique appel lancé par Emmanuel Macron sur un tarmac à quelques jours du scrutin. Et ils n’ont pas non plus marché dans le discours plaçant le chef de l’État au centre d’un échiquier politique polarisé par des extrêmes présentés comme antirépublicains. La ficelle était trop grosse et les électeur.rice.s hélas de moins en moins mobilisé.es ont porté à l’Assemblée un pôle d’élu.es progressistes de gauche de 149 député.es.
Dans les semaines à venir, les travailleuses et travailleurs mobilisé.es dans une unité large et inédite sur les salaires vont pouvoir compter sur un relais parlementaire alors que le gouvernement prétendra solder les comptes avec des rustines et des chèques « vie chère ».
Emmanuel Macron et le patronat ne vont pas pouvoir très longtemps esquiver la question du partage des richesses et de l’augmentation des salaires et des retraites en tirant des chèques sur le compte des deniers publics. Ce qui est posé avec force dans les luttes en cours c’est bien l’exigence d’augmentation des salaires. Ainsi, dans les industries électrique et gazière, la CGT appelle « tous les actifs et retraités à agir avec force, y compris sur l’outil de travail, pour que la négociation attendue lundi 20 juin permettre de rattraper le retard du salaire national de base. »
Chez Génération, une entreprise de 700 salarié.es, qui gère les contrats de santé et de prévoyance de plus de 2 000 sociétés en France, les personnels exigent avec leur syndicat CGT « une augmentation collective des salaires ». Chez Cetelem, les salarié.es se sont également mobilisé.es le 14 juin. Les syndicats CFDT, CFTC, Unsa, FO ou encore CGT, de cette filiale de BNP Paribas exigent aussi des augmentations. Même unité syndicale large à Roissy Charles de Gaulle où les syndicats CGT, FO, CFDT, CFTC, Sud, Unsa et Solidaires appellent à une nouvelle grève le 2 juillet prochain. Dans leur tract, ils dénoncent « La crise du transport aérien (…) prétexte pour le patronat de réduire les salaires et les effectifs dans un seul but : augmenter les dividendes des actionnaires ». On pourrait égrener longtemps la liste des conflits. Ils traduisent la volonté des salarié.es de parler salaire et ne pas se laisser embarquer dans des dispositifs qui in fine préservent les profits et évitent de parler redistribution des richesses.
Pour la suite des luttes et des mobilisations revendicatives, ce bloc d’élu.es progressistes va compter pour porter dans l’Hémicycle la parole du mouvement social. Car privé de majorité absolue, Emmanuel Macron va devoir s’en remettre à la droite pour faire adopter les réformes de son programme. Et on peut compter sur ce qui reste des Républicains pour peser par exemple pour reculer l’âge de la retraite à 65 ans.
Hélas, ce second tour confirme aussi l’ancrage de l’extrême droite qui entre en force avec 89 élu.es à l’Assemblée. C’est extrêmement grave et cela démontre s’il le fallait encore qu’il n’y a plus de plafond de verre préservant de voir les fascistes accéder au pouvoir. La droite et le gouvernement portent une lourde responsabilité dans cet ancrage fascisant. Emmanuel Macron qui a renvoyé dos à dos extrême droite avec une prétendue extrême gauche, a sciemment torpillé ce qui restait du « front républicain ». Il porte donc une lourde responsabilité dans cette entrée fracassante de l’extrême droite à l’Assemblée. On ne joue pas impunément avec les thématiques réactionnaires, identitaires, sécuritaires, avec le mépris de classe.
Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT
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