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Le coût élevé de la mesure, chiffré par l’Institut de l’entreprise à 4,6 milliards d’euros, dont 2,83 milliards de manque à gagner pour la Sécurité sociale, ne semble pas cependant de nature à le faire reculer. A défaut d’une revalorisation forte du Smic au 1er juillet (le candidat Sarkozy avait déclaré durant la campagne qu’il n’y aurait pas de coup de pouce), il semble que cette défiscalisation tienne lieu de seule relance du pouvoir d’achat présenté par le gouvernement. Or pour les syndicats, le pouvoir d’achat doit être revalorisé par le passage à temps complet de toutes les personnes actuellement à temps partiel subi et par une hausse du Smic.
Cette semaine a aussi été marquée par l’annonce de François Fillon jeudi soir selon laquelle « les cadres seront également concernés parce qu’il ne s’agit pas de retenir une demi-mesure, mais bien de montrer concrètement que dans tous les cas, c’est le travail qui paie ».
La volonté du gouvernement d’appliquer le « travailler plus pour gagner plus » aux cadres en forfait jour, va à l’encontre des attentes de l’encadrement : ceux-ci pourraient travailler plus de 218 jours par an, les jours supplémentaires étant défiscalisés et largement exonérés de cotisations sociales, relève l’UGICTCGT alors qu’un sondage réalisé en mars par l’institut CSA pour l’UGICT-CGT montre que 61 % des cadres préfèrent conserver leurs jours de RTT plutôt que les monnayer.
Les cadres, dans leur majorité, se sont fortement mobilisés pour bénéficier eux aussi de la réduction du temps de travail, poussés par la recherche d’un équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Les cadres payés en forfait jour ne veulent pas qu’une détaxation des heures supplémentaires remette en cause leurs jours de RTT et s’inquiètent de l’impact de cette mesure sur le financement des régimes de retraites complémentaires.
Cette nouvelle exonération de cotisations sociales est en effet particulièrement malvenue alors que s’annoncent les prochaines négociations sur le financement des régimes de retraites complémentaires et où la pérennité de l’Agirc est l’objet de toutes les attentions. Ce projet apparaît de plus en plus clairement comme un cadeau au seul bénéfice des entreprises.
Et de nombreuses voix s’élèvent pour souligner le hiatus entre l’affirmation d’un « droit » pour le salarié et la toute puissance des prérogatives des employeurs en matière d’organisation du travail. Une contradiction que M. Sarkozy pourrait résoudre, tout d’un coup, en nous faisant le coup du « droit opposable » aux heures supplémentaires.