Billet : Une rentrée colère

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Un « expert en anticipation des crises », ancien chargé de mission au Medef cité par BFM Business, prédisait en avril dernier « une rentrée sociale compliquée. Avec un faisceau de présomption préoccupant ».

Avant même la mise en place à marche forcée du très contesté pass sanitaire, il évoquait ainsi quelques ferments : « La crise Covid a amplifié les inégalités. Il y a une fatigue générale chez les salariés, liée au télétravail et aux conditions dans lesquelles il s’exerce. Beaucoup de gens en ont assez, les arrêts-maladies se multiplient, les burn out aussi. Les plus précaires craignent pour leur emploi », s’inquiétait cet observateur patronal.

 La rentrée, nous y sommes presque et ce n’est rien de dire qu’elle s’annonce tendue. Sur fond de quatrième vague épidémique, la fin d’été orageuse autour du pass sanitaire et de la vaccination augure une rentrée sous tension. Bien sûr, il n’a échappé à personne que l’extrême droite est à la manœuvre dans les manifestations des derniers samedis. L’instrumentalisation des inquiétudes sociales liées à la menace de perdre son salaire ou pire d’être licencié a très vite été teintée d’abjection avec ces manifestants arborant l’étoile jaune osant se comparer avec les Juifs sous Vichy.

 Pour conséquentes et nombreuses qu’elles soient, ces manifestations restent cependant bien peu revendicatives. Singulièrement, alors que les Français avaient applaudi les soignants lors du premier confinement, ces manifestations font l’impasse sur la crise du système hospitalier. Or c’est bien en raison de l’embolisation des hôpitaux que toutes les restrictions aux libertés individuelles et publiques ont été décidées par l’exécutif depuis la mise en place de l’état d’urgence.

 Ces cortèges vindicatifs plutôt que revendicatifs augurent-ils une rentrée sociale explosive ? C’est loin d’être acquis. S’ils témoignent sans doute d’une grande lassitude et des inquiétudes sociales qui taraudent les citoyens, travailleurs ou retraités, s’ils vilipendent la verticalité jupitérienne d’Emmanuel Macron, ils sont loin de porter les urgences révélées ou aggravées par la crise sanitaire et épargnent encore la furia réformatrice de l’exécutif.

 Syndicats et patronat seront reçus à tour de rôle à Matignon les 1er et 2 septembre pour « un tour complet » des sujets sociaux de la rentrée. On n’imagine pas que la gestion de la crise sanitaire soit absente des entretiens car les syndicats ont fait front contre la mise en place du pass sanitaire et plaident pour une vaccination massive. Mais d’autres dossiers autrement structurants sont au menu.

 Ainsi, les syndicats restent unanimement opposés à la réforme de l’assurance chômage, plusieurs fois reportée à cause du Covid-19, puis d’une décision récente du Conseil d’État, mais qu’Emmanuel Macron souhaite voir « pleinement mise en œuvre dès le 1er octobre ». Et le chef de l’État veut également relancer les concertations sur la réforme des retraites, dont les syndicats ne veulent pas entendre parler avant l’élection présidentielle d’avril 2022. Et que le Medef préférerait ne pas voir à l’agenda de la rentrée… histoire de ne pas en rajouter.

Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT

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