Loi Travail : Valls a perdu l’opinion

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 Loi Travail : Valls a perdu l'opinion
A l’approche du 31 mars, la tension monte. Jeudi dernier, tout comme les 9 et 17 mars, étudiants lycéens, salariés, privés d’emploi et retraités ont affiché leur détermination à obtenir le retrait du projet de Loi Travail préalable à des négociations pour conquérir de nouvelles garanties et protections collectives.

Mais c’est véritablement ce 31 mars que beaucoup ont en tête. Les appels à la grève se multiplient dans des entreprises et des professions, les manifestations s’organisent pour faire de cette journée une démonstration puissante traduisant l’état de l’opinion toujours hostile au projet de réforme du Code du Travail.

On peut vraiment dire que de ce point de vue, le gouvernement a perdu la bataille de l’opinion. Tant et si bien d’ailleurs que le Medef a dû donner de la voix la semaine passée pour exhorter le gouvernement à ne pas aller au-delà du toilettage cosmétique auquel il s’est livré pour donner l’illusion d’un compromis. «  Si on détricote encore, vous allez voir des patrons, des chefs d’entreprise, des employeurs, qui vont dire ça suffit. Je vous assure, on est très, très inquiet chez les employeurs », a prévenu Pierre Gattaz. « Trop, c’est trop ! », a lancé le patron du Medef, lors d’une conférence de presse commune avec la CGPME, l’Afep (Association française des entreprises privées, qui rassemble des multinationales), le Meti (Mouvement des entreprises de taille intermédiaire), la FNSEA (agriculteurs), l’association Croissance Plus et le mouvement Ethic.

Ces mouvements ont lancé un « appel solennel » au Premier ministre Manuel Valls afin que le texte, qui n’est « pas acceptable en l’état », « retrouve son objectif d’origine: créer de l’emploi ». En réalité, le patronat n’a rien perdu avec la nouvelle mouture du projet de loi dont la philosophie reste et répond aux vieilles revendications patronales  (lire à ce sujet notre décryptage en 27 points). Si le patronat montre cette fébrilité, c’est qu’il ne sous-estime pas la profondeur et la dynamique de la mobilisation. Il n’est d’ailleurs pas le seul à s’échauffer les sangs.

Le gouvernement perd aussi son sang-froid, confronté qu’il est avec la montée en puissance de la colère lycéenne et étudiante. Les incidents qui ont émaillé les dernières manifestations et la réponse coercitive et violente des forces de police en témoignent. La CGT a indiqué jeudi dernier qu’elle « condamne les violences et provocations policières qui ont eu lieu dans et en marge des manifestations de ce jeudi 24 mars. Elle condamne les arrestations sommaires et gardes à vue dont sont victimes de nombreux manifestants et dirigeants syndicaux. Elle condamne avec fermeté l’arrestation violente du jeune lycéen de l’établissement Bergson et la mise en garde à vue du secrétaire général de l’Union départementale CGT du Doubs. »

D’ici à jeudi, les militants Ugict peuvent encore convaincre autour d’eux les ingénieurs, cadres, agents de maîtrises, techniciens, salariés seniors ou jeunes diplômés de la nocivité de ce projet. Nous pouvons toutes et tous faire quelque chose pour faire grandir la mobilisation. La signature de la pétition « loi travail non merci ! » et toutes les initiatives numériques montrent que la conviction peut encore gagner du terrain.

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