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Ce succès a obligé le gouvernement à livrer sa bataille sur ce terrain très prisé en ouvrant un compte Twitter spécial sur lequel les opposants au texte se sont vite lâchés, soulignant à juste titre la déconnexion totale avec le réel, et fustigeant le ton condescendant et infantilisant de cette « com’ » gouvernementale. Une légèreté qui détonne avec la gravité du sujet.
Plusieurs youtubeurs, vidéastes et blogueurs ont aussi lancé la campagne #OnVautMieuxQueCa afin de protester contre le projet et dénoncer le quotidien au travail que subit toute une génération. Et là encore, la riposte fait mouche puisque dès son lancement, le hashtag s’est en placé en tête des sujets les plus discutés sur Twitter France. Un bon démenti à toutes celles et ceux qui penseraient encore que la jeunesse de ce pays est résignée à la précarité et qu’elle serait trop individualiste pour se mobiliser et s’exprimer de manière collective.
Ces protestations démontrent que les initiatives citoyennes ne sont pas déconnectées du champ syndical comme le prétendent certains. Elles témoignent de la profonde aversion et de la sourde colère contre ce texte, dont un sondage nous dit qu’il inquiète 7 Français sur dix qui y voient une menace pour les droits des salariés. La force de cette riposte sur les réseaux sociaux est révèle une importante motivation et fait preuve de beaucoup d’inventivité pour construire la riposte.
L’Ugict CGT y prend une part active et s’est engagée dans la construction de toutes les initiatives permettant de faire reculer le projet de loi El Khomri, et notamment les actions prévues le 9 mars et la journée de grèves et de manifestations prévue le 31 mars. Dans une déclaration, l’Ugict appelle au retrait du projet de loi et à la conquête de nouveaux droits. Pour permettre à tous et toutes d’agir, l’Ugict met à disposition une plateforme en ligne de mobilisation qui vous permet de proposer des actions et de rejoindre les mobilisations existantes.
Car les droits des ingés, cadres et techs, comme ceux de l’ensemble des salariés, sont violemment attaqués par le projet de loi qui prévoit l’extension des forfaits jours, l’augmentation des durées maximum de travail, le fractionnement des heures de repos, la légalisation des licenciements abusifs, et les accords de compétitivité « offensifs » qui permettront de tirer les salaires vers le bas et de renforcer les logiques de déclassement et de dumping…
Le « report » de l’examen du projet de loi constitue aujourd’hui un premier recul gouvernemental dans la mesure où le débat sur ce texte a commencé avec la menace du « 49.3 » et sans aucune concertation. Dans la bouche du Premier ministre, Manuel Valls, c’est pour prendre le temps de lever les « incompréhensions, expliquer, répondre à une série de fausses informations». Espérons qu’il faisait allusion du VRAI/FAUX du gouvernement publié dans la panique, truffé de « petites manips » et « d’arrangements avec la vérité« , que l’Ugict-CGT n’a eu aucun mal à démonter point par point.
Manuel Valls estime-t-il que nous sommes 800 000 pétitionnaires et autant de syndiqués à avoir mal compris ? Devrions-nous arrêter la mobilisation pour laisser le temps au gouvernement de mettre en place ses petites manœuvres et ses accords politiciens sur le dos des salariés ?
Bien au contraire. Dans les entreprises comme dans tout le pays, il est plus que jamais nécessaire d’amplifier nos efforts de mobilisation. Chaque signature de pétition supplémentaire, chaque tract distribué, chaque conversation engagée avec un ou une collègue, et chaque rassemblement public est un pas avant vers la mobilisation unitaire dont le mouvement social a besoin pour faire reculer ce gouvernement si férocement déterminé à servir la soupe au Medef.
Pour que cette mobilisation trouve un débouché le plus puissant possible, la Cgt a décidé de construitre un processus de mobilisation dans l’unité la plus large tant pour les salaires, l’emploi, les conditions de travail des salariés que pour le retrait du projet El Khomri et la conquête de nouveaux droits. Elle est là pleinement en phase avec la mobilisation des organisations de jeunesse pour qui c’est l’avenir de toute une génération qui est en jeu.
Dans un communiqué, la CGT « propose aux salariés, la semaine du 7 au 11 mars des initiatives multiples dans les entreprises et le 9 mars de participer aux rassemblements et manifestations unitaires en construction.
Fin mars, elle appelle avec d’autres organisations syndicales et organisations de jeunesse, les salariés à une journée de mobilisation convergente, nationale sur les revendications, pour le retrait du projet El Khomri, pour un code du travail du 21ème siècle ! »