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L’année 2016, marquée par les six mois de conflit contre la loi « travail », s’est achevée dans ses dernières heures par l’expression du cynisme patronal après la publication d’une information selon laquelle Carlos Ghosn, le PDG du groupe Renault pourrait empocher plus de six millions d’euros de plus-value via des stock-options. L’homme aux 15 millions d’euros par an (au titre de son double salaire de patron de l’alliance Renault-Nissan) refait parler de lui pour ses émoluments hors norme.
Rémunéré par Renault et par Nissan, Carlos Ghosn est aussi devenu officiellement PDG de Mitsubishi le 14 décembre dernier. A ce titre, il pourrait prétendre à un troisième salaire, dont on imagine mal qu’il soit un simple pourboire. On a en effet récemment appris que les actionnaires de Mitsubishi Motors ont approuvé un relèvement du plafond de la rémunération annuelle combinée des 11 administrateurs internes et externes à trois milliards de yens (24,5 millions d’euros), à raison de deux milliards de yens de salaire et un milliard de yens de stock-options. Ce plafond était de 960 millions de yens pour le conseil d’administration précédent, dont les 10 membres se sont finalement partagé 423 millions de yens.
Ces sommes délirantes empochées par leur patron sont à comparer à la situation de la majorité des salariés du groupe Renault dont le pouvoir d’achat ne cesse de baisser au nom d’une modération salariale exigée comme nécessaire. Les salariés de toutes les catégories sont considérés seulement comme « des coûts à réduire ». Carlos Ghosn est ici récompensé de l’atteinte de ses objectifs contenus dans l’accord de compétitivité 2013-2016 : 9 200 départs sur ces trois ans pour 3 000 embauches dont une partie seront réalisées en 2017 et la précarisation avec une hausse du nombre d’intérimaires.
Ce n’est pas la première fois que la rémunération de Ghosn provoque des remous. En avril, les actionnaires de Renault avaient rejeté en assemblée générale une résolution à valeur consultative sur la rétribution du PDG pour 2015, soit 7,251 millions d’euros au total dont 1,737 million en numéraire. Mais cette nouvelle annonce survient alors qu’un accord d’entreprise, portant notamment sur l’emploi et la flexibilité, doit être signé début 2017.