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Comment ne pas se souvenir des images de François Hollande en février 2012. Perché sur une camionnette, le candidat socialiste avait alors promis de faire voter une loi contraignant les « grandes firmes » désireuses de se séparer d’une unité de production à « la céder à un repreneur » afin d’éviter son démantèlement… la fermeture des hauts fourneaux de Florange un an plus tard a signé la « trahison » du chef de l’Etat.
Entre ces deux séquences où la détresse et la colère des salariés menacés de perdre leurs emplois ont été instrumentalisées, la part de l’industrie dans le PIB de la France a été ramenée à 10 %. Des milliers d’emplois ont été supprimés, délocalisés et l’argent public a été généreusement dilapidé à conforter les marges des grands groupes sans créer les emplois promis par le Medef. Le médiatique « duel » des deux candidats orchestré sur le dos de la détresse des salariés est une honte.
« Les salariés de Whirlpool et d’ailleurs n’ont pas besoin de communication mais d’engagements et de solutions concrètes. Les enjeux de la Présidentielle ne doivent pas occulter la gangrène de la désindustrialisation », s’est indignée la CGT au lendemain de leurs visites à Amiens. Les salariés d’Amiens et d’ailleurs n’ont pas besoin d’une fille à papa qui vomit les syndicats qui se battent pour le maintien de la totalité des emplois. Mais si la manœuvre de Le Pen est une grosse ficelle, la réponse de Macron n’est décidément pas à la hauteur. On ne sortira pas le pays du naufrage industriel si l’Etat se contente de garantir le contenu des plans sociaux et renonce à une vision et un pilotage stratégique. La désindustrialisation de la France n’est pas inéluctable et ce qui coûte ce n’est pas le travail, ce sont le capital et l’indécente rémunération des actionnaires.
Dans ce dossier Whirlpool, l’enjeu c’est notamment d’en finir avec ce dumping social qui fait partir le travail dans des pays européens notamment où la main d’œuvre est encore moins chère et où le Code du Travail permet de maximiser les profits. Cela vaut autant pour les emplois de fabrication que ceux de conception. Désormais, comme on le voit dans l’automobile par exemple, l’emploi qualifié, l’ingénierie sont aussi victimes de ces mécanismes de délocalisation. La CGT qui a lancé une grande campagne sur la reconquête de l’industrie appuyée sur des propositions concrètes continuera de les porter au-delà de cette élection dont le travail et l’emploi ont été les grands absents.
Dans ce contexte où le combat pour défendre et développer le progrès social et la démocratie se pose plus que jamais, il n’est pas question de renvoyer dos à dos les protagonistes du deuxième tour. Dans ce combat le vote contre l’extrême-droite et son régime autoritaire, ultra-sécuritaire, anti-syndical reste comme toute notre histoire le démontre une exigence première.