À quel jeu joue Manuel Valls ?

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À quel jeu joue Manuel Valls ?
Confronté à une contestation sociale qui perdure, le Premier ministre persiste à maintenir le cap et la philosophie de la réforme du Code du travail et à refuser d’ouvrir des négociations.

Alors qu’il a perdu la bataille de l’opinion, il est tentant pour le chef du gouvernement de jouer le pourrissement. Alors que chacun sait que les violences en marge des manifestations ne sont pas l’œuvre des organisations syndicales ni de leur responsabilité, Manuel Valls a cru bon de les  mettre en cause, incapables selon lui d’assurer le service d’ordre. À quoi peut bien conduire cette duplicité du gouvernement qui essaye de se décharger de ces dérapages sur les organisateurs des manifestations.

Les propos tenus par certains responsables politiques sur la responsabilité des syndicats participent du discrédit des organisations syndicales. La vérité est très simple, les syndicats gèrent la sécurité des manifestations en assurant leur service d’ordre. Ils n’ont ni vocation, ni mission de maintien de l’ordre autour des cortèges, en amont des parcours ou dans les rues adjacentes. Faire porter le soupçon sur une connivence ou sur une irresponsabilité des syndicats vis-à-vis de ceux qui commettent les violences et les dégradations, c’est à la fois indigne, stupide et contre-productif.

Mais c’est aussi de la part de l’exécutif un prétexte pour serrer la vis des syndicats. Ainsi, jeudi dernier à Saint-Denis après que plusieurs centaines de manifestants ont bloqué le port de Gennevilliers, ils ont été encerclés par les forces de l’ordre, et 120 d’entre eux ont été interpellés. Deux d’entre eux ont été placés en garde à vue : un syndicaliste de Sud-Rail et un sociologue, enseignant-chercheur à l’université Vincennes Saint-Denis (Paris 8) et syndiqué à la CGT, Nicolas Jounin. Tous les deux accusés d’avoir commis des violences contre les forces de l’ordre. Ces cas ne sont pas isolés puisque deux militants cheminots de Villeneuve-Saint-Georges ont été arrêtés lors de la manifestation de Paris. Arrestations, gardes à vue sommaires, comparutions immédiates sont les symboles d’une justice expéditive auxquelles il faut ajouter un usage disproportionné de la force et des armes comme en témoigne la bavure filmée devant le lycée Bergson à Paris ou encore la blessure irrémédiable infligée à une jeune manifestant à Rennes qui a perdu un œil à la suite d’un tir de balle de défense.

N’ayant retenu aucune leçon de la mort d’un manifestant tué par une grenade à Sivens, Valls et Cazeneuve autorisent et justifient l’usage d’armes qui selon l’Association des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), ont fait « en France, entre 2004 et 2015, 39 blessés graves et un mort ». Des armes dont le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a recommandé en juillet dernier « d’interdire l’usage dans un contexte de mobilisation ». Des armes contre l’usage desquelles des politiques de gauche, des représentants du monde culturel, ont lancé dimanche un appel.

Brandir la peur, la menace et la répression, susciter le rejet de l’opinion contre la mobilisation est un pari très risqué. C’est une posture qui ne mène qu’à l’impasse et qui sert de prétexte à une pseudo-radicalisation.

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