2 raisons pour lesquelles le RN ne défend pas le droit à l’assurance chômage des ingés, cadres et techs

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L’extrême-droite est un poison mortel pour notre République, notre démocratie et pour les travailleuses et les travailleurs. Le 7 juillet 2024 nous pouvons voter pour la sauvegarde de notre assurance chômage.

Notre régime d’assurance chômage est attaqué.

Le gouvernement a cherché à imposer pendant des mois un projet de réforme de l’assurance chômage néfaste pour nos droits. Comment ? Par un décret refusé par toutes les organisations syndicales. Pourquoi ? Pour faire des économies malgré le budget  excédentaire de l’Unedic. Organisme qui recueille les cotisations sociales et verse les allocations chômage.

Le projet de décret contient des mesures drastiques dont la finalité est le durcissement du droit d’accès aux allocations chômage avec notamment comme conséquences :

  • la perte de 40% de la durée d’indemnisation en cas de situation favorable sur le marché de l’emploi
  • la baisse de la durée d’indemnisation pour les seniors

Grâce à la mobilisation unitaire des syndicats et de leurs soutiens, Gabriel Attal a dû se résoudre à ne pas publier ce décret de réforme le 30 juin 2024. C’est une victoire pour les salarié·es !

 

1 – Le RN prétend défendre nos droits à l’assurance chômage, mais c’est une imposture, il cherche avant tout à réduire les droits des salarié·es étranger·es

 

Aujourd’hui, le RN se félicite de la non-publication du décret de réforme de l’assurance chômage par Gabriel Attal.

Il prétend être le défenseur des droits à l’assurance chômage parce qu’il s’est opposé à loi de 2022 autorisant le gouvernement à réformer le régime d’assurance chômage par décret.

Mais cette opposition avait d’autres fondements. Le RN n’a pas voté contre cette loi pour des raisons sociales, mais pour des raisons électoralistes. L’opinion publique est très partagée sur l’efficacité de la réduction des indemnisations des demandeurs d’emploi pour réduire le déficit : 48% des sondé·es y sont défavorables.

Pour faire des économies sur les dépenses d’assurance chômage, le Rassemblement National préfère cibler les salarié·es étranger·es qui participent pourtant, par leurs cotisations,  au financement du régime . Le projet de Jordan Bardella est simplement issu de ses obsessions : la préférence nationale et la désignation de boucs émissaires.

Ce projet, en plus d’être xénophobe, est contraire à la Constitution qui affirme dans son préambule que « tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence. »

 

2 – Le RN cible aussi une prétendue “fraude” à l’assurance chômage des jeunes diplômé·es et des cadres

 

La stigmatisation du RN va plus loin. Dans son tri des bon·nes et mauvais·es chômeurs·ses, le parti cible les jeunes diplômé·es et les salarié·es cadres comme de possibles profiteurs·ses.

En octobre 2022, Marine Le Pen a porté un amendement visant à durcir le projet de loi du gouvernement jugé trop timoré en matière de sanctions contre les demandeurs·ses d’emploi. Ainsi pour le RN devait être considéré·es comme démissionnaire, et donc sans droit à l’ouverture des allocations chômage, toute personne refusant un CDI à l’issue d’un CDD. A l’Assemblée nationale Marine Le Pen a tenu les propos suivants :

  • “Certains fraudent, en choisissant de ne travailler que quelques mois en CDD, avant d’arrêter pour quelques mois – c’est tellement sympa !”
  • “Il y a une partie des gens qui fraudent…D’ailleurs bien souvent, ce ne sont pas les ouvriers qui fraudent ainsi, en refusant les CDI. C’est peut-être pour cela que vous êtes aussi gênés…”

Une interpellation qui laisse planer une menace sur le maintien des allocations chômage pour les salarié·es « non-ouvrier·es ». En ligne de mire, les jeunes diplômé·es considérés comme catégorie privilégiée. Ceci en totale méconnaissance des conditions de vie de nombreux·ses jeunes titulaires d’un bac+ 5, qui signent un CDD pour un travail sous qualifié et refusent un CDI par peur de ne plus retrouver un emploi à la hauteur de leurs qualifications.

Plus grave, cette proposition issue des doléances des organisations patronales est aussi une tentative d’opposer les ouvrier·es et employé·es aux ingés, cadres et techs, explicitement ciblé·es dans l’exposé sommaire de l’amendement :

« Un grand nombre d’entreprises notamment les TPE PME constatent que certains salariés refusent des CDI à la fin de leur CDD. Il apparaît ainsi que certains salariés utilisent le système de l’assurance chômage pour s’assurer des revenus entre deux CDD. Cette mesure vise tout particulièrement les cadres qui, vu le marché du travail actuel, sont assurés de retrouver relativement facilement un métier ».

Ensuite dans le cadre de cette proposition de loi, Marine le Pen et les député·es RN ont soutenu et voté pour la proposition gouvernementale d’instaurer une présomption simple de démission des salarié·es. Cette aberration juridique prive les salarié·es d’allocations chômage s’ils ou elles quittent leur poste volontairement en requalifiant la rupture de contrat en licenciement pour faute grave.

Cette nouvelle définition juridique est aussi adressée directement au personnel d’encadrement. Pourquoi ?

  • Les abandons de postes étaient très largement la conséquence du refus de l’employeur de négocier une rupture conventionnelle ou un licenciement à l’amiable malgré une détérioration des conditions de travail. Mis en cause : le niveau d’indemnité de licenciement que le patronat jugeait trop élevé pour cette catégorie professionnelle.
  • En parallèle, l’abandon de poste était une solution souvent proposée par l’employeur pour permettre aux salarié·es d’ouvrir des droits aux allocations chômage.

Ces dispositifs juridiques divers et variés, destinés à flatter un discours “anti-assistanat”, occultent complètement la situation réelle des salarié·es vis-à-vis de l’assurance chômage. En réalité, entre 25 % et 42 % des salarié·es éligibles n’y recourent pas (Dares, 2022).

Face à la menace de l’extrême-droite, la CGT réaffirme son appel à voter pour le programme du Nouveau Front Populaire qui prévoit l’abrogation de la réforme de l’assurance chômage.

La CGT appelle toutes les forces politiques républicaines à prendre leurs responsabilités, à ne pas se maintenir sur des triangulaires qui assureraient la victoire de l’extrême-droite et à appeler à faire barrage au Rassemblement National. 

 

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