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La CGT des Ingénieur-es, Cadres et Technicien-nes publie aujourd’hui les résultats de ses deux baromètres réalisés avec l’institut Viavoice sur le vécu au travail des cadres et des professions techniciennes. Ces sondages illustrent du mécontentement des salarié-es qualifiés en responsabilité, et du décalage entre leur vécu au travail et les propositions gouvernementales contenues dans le projet de loi « Travail ».
Un temps et une charge de travail qui explose
48 % des cadres travaillent plus de 45h par semaine, les techniciens travaillent 42h30 en moyenne par semaine. 69 % des cadres et 58 % des professions techniciennes témoignent d’une augmentation de leur charge de travail. 57 % des cadres travaillent sur leur temps de repos.
Ceci s’explique par :
- Le forfait jours, qui concerne un cadre sur 2 alors que la France a été condamnée à 4 reprises par le Comité Européen des Droits Sociaux.
- La multiplication des heures supplémentaires ni payées ni récupérées, dans 39 % des cas pour les professions techniciennes.
- Les outils numériques que 75 % des cadres utilisent pour raison professionnelle sur leur temps personnel.
56 % des cadres et 59 % des tech souhaitent un droit à la déconnexion effectif
Alors que pour 68 % des cadres et 62 % des professions techniciennes, la première aspiration est donc à un meilleur équilibre vie privée/vie professionnelle, le projet de loi Travail étend le recours aux forfaits jours, augmente la flexibilité et baisse la rémunération des heures supplémentaires. Pour protéger la santé, prévenir les burn out et mettre en œuvre l’égalité professionnelle, l’urgence est à la baisse du temps et de la charge de travail et à la mise en place d’un droit à la déconnexion.
Insatisfaction sur le management et les salaires
60 % des cadres et 68 % des tech considèrent que leurs salaires sont en décalage avec leur implication dans le travail. Quant au management, les cadres, qui sont pourtant acteurs du système d’évaluation, sont 66 % à trouver qu’elle n’est pas fondée sur les bons critères et 58 % à penser qu’elle manque de transparence. Au lieu de revaloriser le travail, le projet de loi Travail se traduira par la généralisation de l’austérité salariale avec les accords compétitivité et la moindre rémunération des heures supplémentaires.
62 % des cadres demandent un droit de refus, d’alerte et d’alternative
74 % des cadres ne se sentent pas associés aux choix stratégiques de l’entreprise, 59 % d’entre eux (et 65 % des technicien-nes) considèrent que les choix et pratiques de leur entreprise entrent en contradiction avec leur éthique professionnelle. Renforcer le dialogue social en entreprise nécessite de donner de nouveaux droits aux salarié-es pour faire primer leur éthique professionnelle, l’intérêt général et les logiques de long terme sur les exigences financières des actionnaires qui mettent en danger l’outil productif, l’environnement et les droits sociaux. L’UGICT-CGT appelle donc à la mise en place d’un droit de refus, d’alerte et d’alternative, permettant aux salariés d’exercer pleinement leurs responsabilités et de pouvoir refuser de mettre en œuvre une directive contraire à leur éthique. Il s’agit d’adosser la responsabilité professionnelle à l’intérêt général, pour permettre aux salariés qualifiés à responsabilité de maitriser le sens et le contenu de leur travail.
Pour les ingénieur-es, cadres et technicien-nes, tous les indicateurs sont au rouge. Pour renforcer la compétitivité de la France, le gouvernement ferait mieux de répondre à ces aspirations, de permettre aux salariés d’exercer pleinement leurs responsabilités professionnelles plutôt que de faire passer en force un projet de loi taillé sur mesure pour les multinationales. 66 % des cadres pensent que la loi Travail ne favorisera pas la création d’emploi, le gouvernement ferait bien de tenir compte de l’avertissement et de revoir sa copie.