[Podcast Ép. 94] Billet 🔊 – Macron et Borne font le choix de la confrontation sociale

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Depuis des semaines, Élisabeth Borne soufflait le chaud et le froid. Si le contenu de la rĂ©forme des retraites ne faisait plus grand mystère en dĂ©pit des concertations en cours, on savait l’exĂ©cutif sur le point d’arbitrer un calendrier. Et alors que le dernier cycle de concertation a dĂ©marrĂ© jeudi soir, 1er dĂ©cembre, au ministère du Travail entre Olivier Dussopt et ses interlocuteurs sociaux, la Première ministre a annoncĂ© le lendemain dans Le Parisien que « la rĂ©forme s’appliquera Ă  partir de l’Ă©tĂ© 2023 », donc « de la gĂ©nĂ©ration nĂ©e au deuxième semestre 1961 ».

 

 

Le gouvernement devrait en dévoiler les contours le 15 décembre, avant une présentation en janvier au Conseil des ministres. « Comme un nouveau mauvais cadeau pour les fêtes de fin d’année » a commenté la CGT dans un communiqué.

Dans Le Parisien, la Première ministre rappelle que la proposition initiale d’Emmanuel Macron Ă©tait de reporter progressivement l’âge de dĂ©part Ă  65 ans, mais aussi qu’il s’est dit depuis « ouvert » Ă  un report Ă  64 ans avec un allongement de la durĂ©e de cotisation. Un marchĂ© de dupes dans lequel les organisations syndicales ne sont pas tombĂ©es, maintenant un front commun contre cette perspective.

Déjà le 3 octobre dernier, FO, CGT, CFDT, CFTC, CGC, FSU, UNSA, Solidaires réaffirmaient qu’elles sont, comme la majorité de la population, fermement opposées à tout recul de l’âge de départ en retraite et à une augmentation de la durée de cotisation.

Le choix de ce calendrier ne doit rien au hasard. L’exĂ©cutif fait sans doute le pari hasardeux que la proximitĂ© des fĂŞtes freinerait la montĂ©e en charge d’une riposte sociale. C’est ĂŞtre un peu amnĂ©sique si l’on se souvient de la dernière mobilisation contre cette rĂ©forme.

De fait, pour les organisations syndicales -toutes cette fois-ci- l’heure est Ă  la prĂ©paration d’une riposte. Une intersyndicale rĂ©unira la CFDT, la CGT, FO, la CFE-CGC, la CFTC, l’Unsa, Solidaires et la FSU au siège de cette dernière, ce lundi 5 dĂ©cembre. Et si la CFDT envisage toujours de « continuer de jouer le jeu de la concertation », s’il y a report de l’âge lĂ©gal de dĂ©part en retraite elle « s’opposera et elle s’opposera par tous les moyens, et notamment on essaiera de s’y opposer de manière intersyndicale. C’est clair, net, prĂ©cis », a affirmĂ©, vendredi 2 dĂ©cembre Laurent Berger, en marge du lancement des Assises du travail Ă  Paris.

Ă€ la FSU, on entend aussi se rĂ©gler sur le bon tempo pour mobiliser. Ne « pas partir trop tĂ´t, parce que le risque c’est d’ĂŞtre faible, c’est de ne pas avoir suscitĂ© assez de mobilisation, d’explication », a indiquĂ© son secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, soulignant qu’il est « difficile de mobiliser juste avant les fĂŞtes ».

« La CGT va mobiliser pour faire Ă  nouveau Ă©chouer cette rĂ©forme », a indiquĂ© vendredi 2 dĂ©cembre sur Franceinfo Catherine Perret, secrĂ©taire confĂ©dĂ©rale de la CGT chargĂ©e des retraites et de la protection sociale. « Il n’y a pas d’autres solutions pour se faire entendre que la grève dans les entreprises. On a dĂ©jĂ  beaucoup travaillĂ© Ă  informer nos militants et plus largement les salariĂ©s. »

On s’achemine donc Ă  grands pas vers une confrontation sociale lors de la prĂ©sentation en Conseil des ministres, dĂ©but janvier ; pour des discussions Ă  l’AssemblĂ©e nationale « au printemps ». Et le gouvernement n’a pas encore partie gagnĂ©e, car l’opinion est très largement dĂ©favorable Ă  cette rĂ©forme.

Ainsi, trois Français.es sur quatre jugent que le recul de l’âge lĂ©gal de dĂ©part Ă  la retraite n’augmentera pas le taux d’emploi des seniors, selon un sondage Elabe pour Les Echos. Et mĂŞme la majoritĂ© des sympathisant.es d’Emmanuel Macron n’y croient pas non plus. DĂ©but octobre une enquĂŞte pour le HuffPost, comptait plus de 6 Français.es sur 10 dĂ©favorables au projet de rĂ©forme des retraites et 77 % qui dĂ©sapprouvaient le dĂ©calage de l’âge lĂ©gal de dĂ©part Ă  la retraite Ă  65 ans.

C’est donc contre l’opinion, contre toutes les forces syndicales qu’Emmanuel Macron privĂ© de majoritĂ© absolue entend imposer sa rĂ©forme idĂ©ologique. Il espère « trouver un chemin » avec les RĂ©publicains pour faire voter sa rĂ©forme, mais pourrait aussi user du 49.3.

 

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