
La créativité bureaucratique sans limite d’un gouvernement et d’une technocratie hors-sol a, une nouvelle fois ces jours derniers, offert le navrant visage de l’absurdité kafkaïenne.
L’attestation de sortie de deux pages, avec ses motifs incompréhensibles ; a déclenché tant de railleries de colère sur les réseaux sociaux, que le gouvernement a d’abord balbutié avant de rétropédaler, et finalement nous demande de ne nous munir que d’un justificatif de domicile. Le nom même de ce troisième confinement a fait débat depuis le point de presse de Jean Castex jeudi dernier, au point que certains l’ont résumé par une sorte d’oxymore : « confinés dehors ».
Encore une belle injonction aussi contradictoire que savante. Alors qu’il y a quelques mois les mêmes nous expliquaient pourquoi il ne fallait pas sortir, pourquoi les parcs étaient fermés, pourquoi se promener à la campagne ou sur les plages était d’une irresponsabilité coupable … et punissable de 135 euros d’amende.
Cette affaire révèle encore une fois que la France mène la guerre déclarée par Emmanuel Macron au Covid avec des sabres de bois et des phrases creuses. Dans le genre, la députée Aurore Berger a excellé sur France 5 le soir même de l’allocution de Jean Castex, en pariant que ceux qui dénoncent aujourd’hui la pénurie de vaccin accuseraient en juillet le gouvernement d’en avoir trop acheté. On est en plein délire.
Cette guerre de communication est d’autant plus insupportable qu’elle ne sert qu’à masquer l’inanité et l’échec de la politique de santé publique désormais révélés par cette pandémie, à masquer la faillite patente de la campagne de vaccination.
La pitoyable comédie de Jean Castex se faisant administrer l’AstraZeneca pour nous faire la démonstration qu’il n’y a rien à redouter de ce vaccin a fait le buzz. Comme si la question était de nouveau de convaincre les citoyens de se faire vacciner, alors que nous sommes des millions à n’attendre que cela pour vivre à nouveau pleinement. Parce que nous le devons aux plus jeunes, dont on flétrit la fleur de l’âge par des restrictions iniques et ineptes, ces milliers d’étudiant.es privé.es d’étudier, de travailler parce qu’il faut protéger leurs grands-parents. Nous le devons aux soignant.es qui n’en peuvent plus. Nous le devons aux salarié.es, dont on a découvert à quel point ils et elles nous sont indispensables. Nous le devons à tous celles et ceux dont les chances de guérison s’amenuisent à mesure que les hôpitaux ne traitent plus rien d’autre que le Covid.
Bref, on le doit à toute la population qui n’en peut plus de ces mois de disette sociale, de ce sevrage de culture, de plaisirs simples. Seule la vaccination massive de la population peut nous sortir de l’ornière. Pour y parvenir, non seulement en France mais sur toute la planète, il faut rendre publics les brevets des vaccins, il faut en accroître les capacités de production, il faut permettre l’accès à tous les vaccins disponibles et ne plus en faire des enjeux géopolitiques. L’organisation de la rareté, de la pénurie, font de ces vaccins une source indécente de profits, une nouvelle source d’inégalités Nord-Sud. Sur ce sujet, la macronie s’est mise à l’unisson de la communauté en refusant à Bruxelles que l’Europe prenne l’initiative de mettre ces vaccins élaborés avec de l’argent public dans le domaine public.
Et il faut aussi préparer l’avenir en tirant dès à présent les leçons de cette pandémie. Ce que ne fait pas le gouvernement. En dépit de la crise sanitaire, il continue sa politique de suppression de lits, de capacités hospitalières.
S’il faut quatre ans pour former les soignant.es qui permettent d’armer un lit de réanimation, qu’attend-t-on pour rendre les métiers du soin attractifs ? Qu’attend le gouvernement pour préparer la prochaine pandémie ? Pour mettre à niveau l’hôpital, organiser la médecine de ville, améliorer la santé primaire par la prévention, notamment au travail.
Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT
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