[Podcast Ép. 22] Billet 🔊 : La pandĂ©mie par le prisme des femmes

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À quelques jours du 8 mars, journĂ©e internationale de lutte pour les droits des femmes et du 17 mars, qui marque l’anniversaire du premier confinement, il n’est pas inutile de regarder ces mois de pandĂ©mie Ă  travers un prisme fĂ©ministe.

 

 

Par bien des aspects, les femmes ont Ă©tĂ© placĂ©es dans la lumiĂšre. D’abord parce qu’elles sont majoritairement les forces vives des mĂ©tiers du « prendre soin ». Pour certaines d’entre elles, le combat contre l’invisibilitĂ©, pour la reconnaissance de leur utilitĂ© sociale et pour leurs conditions de travail avait commencĂ© dans les mouvements des Ehpad et des hospitaliers. Emmanuel Macron les avait humiliĂ©es au printemps en annonçant qu’elles seraient mĂ©daillĂ©es au 14 juillet. Mal lui en a pris, le combat a redoublĂ© au dĂ©confinement pour exiger des nĂ©gociations alors que les citoyens applaudissaient les soignantes. Et il continue parce que le SĂ©gur de la santĂ© n’a pas tenu ses promesses et fait beaucoup d’exclues.

AprĂšs le mouvement des Gilets jaunes fin 2018 et en 2019 qui avait fait descendre sur les ronds-points des milliers de femmes prĂ©caires, travailleuses pauvres, femmes isolĂ©es, cette pandĂ©mie a aussi offert une visibilitĂ© inĂ©dite Ă  ces millions de travailleuses dites de la « deuxiĂšme ligne » dans la rhĂ©torique guerriĂšre macroniste. Petites mains de mĂ©tiers sous-payĂ©s, mais indispensables Ă  nos vies, Ă  notre Ă©conomie et au vivre ensemble. LĂ  encore gageons que cette irruption dans la lumiĂšre sera porteuse de revendications sociales qu’il sera difficile de faire taire.

Ces mois de crise sanitaire qui n’en finit pas de durer ont Ă©tĂ© particuliĂšrement durs pour les femmes. TrĂšs vite on a tirĂ© la sonnette d’alarme parce que le confinement a claquemurĂ© bourreaux et victimes des violences conjugales dont la frĂ©quence et la gravitĂ© ont augmentĂ©. Les limites et les failles du « Grenelle des violences conjugales » n’ont pas tardĂ© Ă  ĂȘtre mises en Ă©vidence dĂšs les premiĂšres semaines du confinement.

DĂšs la fin mars 2020 puis durant toute cette annĂ©e, la montĂ©e en puissance inĂ©dite, brutale et improvisĂ©e du tĂ©lĂ©travail s’est souvent faite lĂ  encore sur le dos des femmes. AssignĂ©es Ă  la double journĂ©e, elles assument leur travail, la plupart des tĂąches domestiques dans des conditions la plupart du temps dĂ©gradĂ©es, ainsi que les soins aux plus anciens. Selon une Ă©tude menĂ©e par Ipsos pour le Boston Consulting Group auprĂšs de 1 000 femmes et 1 000 hommes, les tĂ©lĂ©travailleuses sont 1,3 fois moins nombreuses que les hommes Ă  ne pas avoir un espace isolĂ© pour tĂ©lĂ©travailler. Et elles ont 1,5 fois plus de risques d’ĂȘtre frĂ©quemment interrompues dans leur travail.

Les femmes en tĂ©lĂ©travail sont 34 % Ă  s’estimer sur le point de craquer ou de faire un burn out. C’est 21 points de plus que les hommes. Face Ă  cette inĂ©galitĂ©, la CGT qui appelle le 8 mars Ă  15h40 Ă  la grĂšve fĂ©ministe, revendique notamment que les tĂ©lĂ©travailleuses bĂ©nĂ©ficient de l’arrĂȘt pour enfant malade ou cas contact, que le tĂ©lĂ©travail soit encadré pour garantir la prise en charge des frais, le respect des horaires de travail, le droit à la dĂ©connexion et des critĂšres objectifs et transparents pour l’accĂšs et la rĂ©versibilitĂ©Ì du tĂ©lĂ©travail.

Pour autant, cette annĂ©e pandĂ©mique aura aussi Ă©tĂ© marquĂ©e dĂ©but 2020 par la figure de  Rosie la riveteuse en tĂȘte des manifs contre la rĂ©forme des retraites. Juste avant le confinement, ces femmes en bleu de chauffe, bandana rouge dans les cheveux et gants de mĂ©nage, ont tournĂ© en dĂ©rision le discours macroniste sur les « grandes gagnantes » de la rĂ©forme.

Cette annĂ©e funeste depuis le 8 mars 2020 aura aussi Ă©tĂ© celle des cris. De colĂšre en Pologne contre un gouvernement rĂ©actionnaire qui veut criminaliser l’avortement. De joie dans la trĂšs catholique Argentine oĂč les femmes ont arrachĂ© le droit Ă  l’IVG. De colĂšre dans notre pays contre les coups, aux violences gynĂ©cologiques et obstĂ©tricales, le harcĂšlement, les viols, les fĂ©minicides.

Ces cris, ces revendications qui portent loin, qui viennent de plus loin que la pandémie continueront à déchirer le silence de tous les couvre-feux.

 

Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT

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