Pour en savoir plus
Le principe : on met en scène la remise du chèque des cotisations qui manquent à nos retraites en raison de l’absence d’égalité salariale. Une première action de lancement a eu lieu le 15 février à l’Assemblée nationale, elle se poursuit maintenant par les pérégrinations du chèque partout en France. Les camarades peuvent mettre en scène le voyage du chèque dans les gares, devant les caisses de retraite (pour aller l’encaisser), devant les permanences de député·es (pour montrer qu’on a une alternative à la réforme du gouvernement), devant le MEDEF (pour aller chercher la signature)…
1. En bref
On contraint un faux patron à venir signer le chèque.
Le faux GRDB négocie avec plusieurs salariées et refuse de réaliser l’égalité professionnelle.
Il est interrompu par les Rosies qui chantent Paye Cash et le contraignent à signer le chèque.
Possibilité ensuite de faire une ou plusieurs interventions syndicales et féministes pour expliquer le chiffrage, valoriser nos propositions pour l’égalité salariale et dénoncer l’impact sur les femmes de la réforme des retraites.
- Retrouvez ici le communiqué relatant nos arguments et positions lors de l’action organisée devant l’Assemblée nationale le 15 février
- Ici un exemple d’article de presse reprenant une photo de l’action symbolique
- La vidéo de compte rendu sur TikTok
2. Le matériel nécessaire
- Un chèque géant [modèle ici]
- Banderoles
- Sono avec au moins 2 micros + possibilité de passer de la musique
- Paroles des chansons Paie cash, 6 milliards, Oh Patron
- Tenues : chasubles violettes, foulards violets, tenues de Rosies
- Déguisement Roux de Bezieux: Haut de forme/veste/cravate/cigare
- Drapeaux CGT
- Communiqué de presse envoyé juste après l’action avec l’étude de la CNAV (voir CP type à adapter)
- Invitation presse type à envoyer avant l’action
- Autorisation de rassemblement délivrée par la préfecture si nécessaire
Suggestion : créez un groupe (WhatsApp, Signal ou Telegram) et partagez le lien du groupe dans les cercles militants pour donner la possibilité à un maximum de personnes de participer et donner des idées d’action.
Pensez à prévenir la presse et des photographes / vidéastes professionnels.
Le livret de chants de l’Union Régionale de l’Ile de France (URIF) CGT : paroles et musique à télécharger pour vos playlists de manif !
3. Sketch de négociation avec Roux de Bezieux :
Voir la vidéo du sketch organisé à Paris ici
Exemple de déroulé :
Femme Cadre : Moi je suis cadre, je me suis battue pour crever le plafond de verre. Pourtant, j’ai regardé les chiffres, j’aurai 60 % de pension en moins qu’un homme parce que c’est chez les cadres que les écarts de salaires sont les plus élevés ! Qu’est-ce que vous attendez pour faire l’égalité salariale et arrêter de sous payer les femmes ?!
Patron : Vous mélangez tout. Il n’y a pas d’inégalités salariales, on a une note excellente à l’index égalité salariale. Ce n’est pas de notre faute, c’est la faute de la société, des médias, de l’école, que l’on subit autant que les femmes
Femme Cadre : Donc c’est vous qui fixez les salaires mais vous n’êtes pas responsables des inégalités de salaires ?
Infirmière : Moi je suis infirmière. Avec la réforme, je devrai travailler deux ans de plus alors que notre espérance de vie est de 7 ans en moyenne inférieure à celle des femmes, que le travail de nuit fait exploser le risque de cancer du sein… C’est grâce à notre travail que la société a tenu, notamment pendant la COVID. Pourtant nos métiers sont dévalorisés, on a un bac + 3 et les infirmières françaises sont les plus mal payées de l’OCDE
Réponse patron : Vous mélangez tout. C’est le problème de l’État, dans le privé de gros efforts sont faits.
Infirmière : C’est vous qui asphyxiez l’hôpital public : vous refusez de payer des impôts en France et vous êtes gavés d’aides publiques : 157 Mds chaque année!!! Et dans les cliniques privées les soignantes sont tout aussi mal traitées !
Militante féministe : Non seulement vous nous sous-payez, mais vous ne faites rien pour mettre un terme au sexisme, au harcèlement sexuel, aux viols qui ont lieu dans le cadre du travail.
Réponse patron : Vous mélangez tout. Moi je ne suis pas assistante sociale ou psychologue ! Ce n’est pas à l’entreprise de répondre à tous les problèmes de la société !
Mère : Moi j’ai eu 3 enfants et je l’ai payé cher : placardisation et temps partiel ! Avec la réforme des retraites, on nous vole nos majorations pour enfants !
Réponse patron : C’est votre choix de faire des enfants, à vous de l’assumer ! Je ne vous ai pas forcée à passer à temps partiel, au contraire, je l’ai accepté pour vous permettre de concilier votre emploi avec votre vie de famille. L’entreprise fait tout pour vous permettre de vivre votre maternité et votre retour au travail.
Mère : En fait vous nous expliquez que vous respectez la loi et il faudrait que j’applaudisse !
Caissière : Je suis à temps partiel, contrainte de travailler le soir et le week-end, ce qui m’empêche de voir ma famille. Nos boulots sont super précaires et on risque d’être licenciées en permanence, dès la moindre erreur de caisse ! Non seulement nous n’avons aucune prise en compte de la pénibilité, aucun départ possible avant 64 ans, mais en plus avec la réforme de l’assurance chômage, nous n’aurons plus d’allocation chômage ! On nous a raconté qu’il n’y aurait plus de pension inférieure à 1200 euros, moi avec la réforme je ne dépasserai pas les 1000 euros car je n’aurai jamais de carrière complète à temps plein ! Je devrai partir plus tard avec moins !
Patron: Encore une fois vous mélangez tout. Le temps partiel répond à votre demande car vous n’êtes pas capable d’exercer ce métier à temps plein. Et en plus, cela vous donne du temps pour vous occuper de vos enfants et j’ai compris que c’est ce qui vous intéresse ! Et quant à la réforme des retraites, parlez-en au gouvernement.
Cadre : Non mais il faut arrêter, à vous entendre vous n’êtes responsables de rien ! Cela fait 30 ans que l’on nous impose des réformes régressives dans lesquelles à chaque fois les salariés sont les seuls à passer à la caisse. Dans le même temps, les aides publiques aux entreprises ont été multipliées par 15 !
Conclusion générale du patron : Vous mélangez tout. Vous allez couler le pays. Vous voulez augmenter les charges alors que nous sommes déjà asphyxiés. Vous êtes irresponsables, vous voulez qu’on se tire une balle dans le pied en signant ce chèque. Si on ne fait pas la réforme on coule nos retraites par répartition. Pour créer des richesses il n’y a pas de secret, il faut accepter de travailler plus, je ne suis pas pour une société de la paresse. Moi mon travail c’est de faire tourner l’entreprise, vous ne pouvez pas nous demander de résoudre tous les problèmes de société. L’égalité salariale, la répartition des tâches domestiques et pourquoi pas la fin des violences pendant qu’on y est ?
Les rosies viennent en chantant « paye cash » et forcent le patron à signer le chèque
Patron : Écoutez le temps tourne, j’ai un rendez-vous très important à Bruxelles… Je signe mais vous allez couler la France avec vos délires féministes !
4. Exemple d’intervention CGT à adapter
Nous vivons une journée historique : cela fait 50 ans que le patronat refuse de respecter la loi sur l’égalité professionnelle et enfin on réussit à les faire passer à la caisse !
Je suis émue car c’est la première fois (et dernière) que j’ai un chèque de 5,5 Mds dans les mains.
5,5 Mds ça vient d’où ? C’est le chiffrage qui a été réalisé par la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse, la CNAV, sur ce que l’égalité salariale ferait rentrer comme cotisations supplémentaires dans les caisses de retraites.
C’est beaucoup. Mais c’est un chiffre a minima. Parce qu’il est calculé une fois déduit le financement de l’augmentation des pensions des femmes de 20 %. Donc si on faisait l’égalité salariale, on augmenterait les pensions des femmes de 20 % et il resterait quand même, malgré tout, plus de 5 milliards d’excédent pour les caisses de retraite !
Mais c’est aussi un chiffre a minima parce qu’il ne prend en compte que le régime général, la retraite de base des salarié·e·s du privé. Nous n’avons pas d’étude similaire sur la retraite complémentaire du privé, l’AGIRC ARRCO (ça représente 50 % de la retraite des cadres !), ni sur la fonction publique ni sur les régimes spéciaux, mais on peut projeter des effets similaires : une augmentation des pensions des femmes et une augmentation des recettes pour les caisses de retraites.
Enfin, ce chèque ne vient pas réparer l’ensemble des inégalités professionnelles subies par les femmes. Non seulement les femmes sont payées en moyenne 28 % de moins, mais en plus, elles sont contraintes d’arrêter ou de réduire leur carrière professionnelle pour prendre soin de leurs proches. Après une naissance, une femme sur deux arrête de travailler ou réduit son temps de travail. C’est la raison pour laquelle le taux d’emploi des femmes est plus faible que celui des hommes. Si on alignait le taux d’emploi des femmes sur celui les hommes, si les femmes étaient plus nombreuses à travailler, c’est près de 10 Mds de cotisations supplémentaires qui rentreraient dans les caisses des régimes de retraite. Celles qui ne sont pas considérées comme « actives » ne se tournent pas les pouces, elles font tourner la société, elles s’occupent des enfants – sachant que 40% des enfants de moins de 3 ans n’ont pas de mode de garde – , et elles s’occupent de nos ainés. Le résultat, c’est qu’elles n’ont ni salaire, ni retraite. Le résultat, c’est qu’elles n’ont pas d’indépendance économique, qu’elles ne peuvent pas faire leurs choix de vie, quitter leur conjoint quand elles le souhaitent, échapper à de la violence…Il faut donc socialiser les tâches domestiques, créer un service public de la petite enfance et un service public de prise en charge des personnes dépendantes pour permettre aux femmes de travailler, de ne pas être assignées aux tâches domestiques, d’avoir un salaire et une retraite.
Donc la conclusion, c’est que ce magnifique chèque M le Patron n’est qu’un acompte. Car il faut ajouter aux 5,5 Mds de cotisations générées par l’égalité salariale, les près de 10Mds apportés par l’augmentation du taux d’emploi des femmes. 10 + 5 =… 15, bravo ! Réaliser l’égalité professionnelle permettrait non seulement d’augmenter les pensions des femmes, mais aussi de résoudre l’ensemble du déficit de nos caisses de retraite !
Nous remettons aujourd’hui ce chèque aux député·e·s pour rouvrir le débat sur le fond. Pour dénoncer les conséquences de cette réforme pour les femmes : alors que nous avons déjà une pension de 40 % inférieure à celle des hommes, alors que nous partons déjà plus tard à la retraite, nous sommes les premières pénalisées par cette réforme injuste et violente, et c’est l’étude d’impact du gouvernement lui-même qui le dit ! Mais ouvrir le débat que nous refuse le gouvernement, c’est aussi montrer les alternatives. Contrairement à ce qu’ils répètent matin, midi et soir, il y a de nombreuses alternatives à cette réforme injuste et brutale, et l’égalité professionnelle en fait partie. Alors comment faire ? Cela fait des années que nous avons mis de nombreuses propositions sur la table :
– d’abord, sanctionner les entreprises qui discriminent, et revoir, en profondeur, l’index égalité ;
– ensuite revaloriser les métiers féminisés et créer un droit systématique au temps plein ;
– enfin, il faut mettre fin au « plafond de mère », réduire le temps de travail pour permettre à toutes et tous d’exercer des responsabilités professionnelles tout en ayant une vie de famille.
Alors aujourd’hui, nous avons un message : au lieu de nous voler deux ans de vie, réalisez l’égalité professionnelle. Il faut juste un peu de courage politique pour affronter, enfin, le patronat.
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