Mais qui stresse qui ?

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Mais qui stresse qui ?
Maintes fois dans les lignes de cette lettre électronique nous avons évoqué les risques psychosociaux qui nous gâchent la vie au travail, mais pas seulement. Ces tensions si fortes qu’elles conduisent certains à commettre l’irréparable du seul fait d’un management délétère.

Nous ne pouvions imaginer devoir parler ici du stress des patrons. Mais comment ne pas l’évoquer après les derniers assauts du président du MEDEF. Difficile d’ironiser devant tant d’audace et de muflerie.

Une fois de plus, le grand patronat montre son vrai visage avec son exigence de voir le Parlement ne surtout pas légiférer sur les stages afin de ne pas ajouter de stress aux patrons. Comme si les stagiaires, mais aussi les jeunes déjà diplômés, condamnés à enchaîner les stages hors cursus jouissaient de telles protections, de tels avantages sociaux qu’il faille de toute urgence pour restaurer la compétitivité les priver du peu que nous ayons obtenu grâce aux actions auxquelles l’UGICT-CGT a contribué avec des mouvements de jeunes comme Génération Précaire ou l’UNEF.

La semaine dernière, l’Assemblée nationale a examiné le quatrième texte sur le sujet des stages en entreprise depuis 2006. Il faut bien voir que les précédentes lois, incomplètes et sans décrets d’application, n’ont eu d’impact que sur la gratification minimale mais n’ont pas permis de mettre fin aux abus et de donner des droits aux stagiaires.

Le texte en question reprend certaines des propositions de la CGT et de son UGICT. Il prévoit notamment  un volume minimal d’heures de formation et vise à interdire les stages de plus de 6 mois. Il limite le nombre de stagiaires par entreprise. C’est hélas insuffisant et la CGT et son UGICT ont adressé aux parlementaires 20 propositions d’amendements pour la compléter. Elles visent à limiter le temps de travail à 35 heures (contre 48 heures dans la proposition de loi !). Elles interdisent les travaux dangereux, instaurent un droit aux congés, établissent le remboursement des frais de transport et restauration. Elles visent aussi à garantir la rémunération de l’ensemble des stagiaires en prenant en compte le niveau de qualification et la durée du stage…

Pour protéger les jeunes des abus et redonner un contenu aux stages, nous proposons de limiter le nombre de stagiaires suivis par enseignant et permettre au tuteur en entreprise de bénéficier de temps et de formation pour assurer sa mission. Enfin, nous proposons que la loi prévoie l’inscription des stagiaires sur le registre unique du personnel. Voilà ce qui empêche Pierre Gattaz de dormir ?

Mais qui stresse qui dans ce pays ? François Hollande s’est engagé durant la campagne présidentielle à mettre fin aux abus de stage et à faire de la jeunesse une priorité. Nous exigeons que les engagements soient tenus et appelle le gouvernement à ne pas céder face au chantage du MEDEF.

L’enjeu est d’importance car le nombre de stage ne cesse de croître pour atteindre 1,6 million par an, selon le Conseil économique, social et environnemental (CESE) et trop d’entreprises utilisent des stagiaires en substitution de salariés, un phénomène qui concernerait quelque 100 000 personnes selon le CESE.

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