Hollande et Valls n’ont qu’une issue : le retrait

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Hollande et Valls n'ont qu'une issue : le retrait
Après la forte mobilisation du 31 mars contre le projet de loi Travail qui a rassemblé 1,2 millions de manifestants, Manuel Valls s’est dit « prêt à regarder » les propositions des étudiants. Mais un retrait du projet de loi n’est pas à l’ordre du jour.

« La mobilisation est significative », admet-on dans l’entourage de François Hollande, « mais pas de nature à nous faire reculer. (…) Face à des manifestations, il faut toujours avoir la pédagogie nécessaire, l’explication et la volonté », ajoute la source élyséenne citée par l’AFP.

Décidément le gouvernement n’a rien compris à ce qui se joue dans le mouvement social. D’abord parce que l’exécutif assume totalement et sans complexe le virage libéral qu’il a pris. Ensuite parce qu’il est vraiment coupé des réalités du monde du travail à force de n’écouter que les vieilles revendications patronales et d’avoir accordé une oreille exclusive à quelques syndicats choisis. Ainsi il lui aurait fallu un mois de mobilisation pour se dire « prêt à regarder » ? Quel aveu ! Mais, s’il pense pouvoir faire décrocher les jeunes du mouvement par des mesures spécifiques, il fait une lourde erreur. Il ne s’achètera pas la paix sociale avec de vagues mesurettes mal ou pas financées alors même que les organisations de jeunesse combattent la précarité, l’insécurité sociale, l’abandon des dernières lignes de défense des salariés. Tout comme ils s’étaient engagés dans la lutte contre la réforme des retraites, les lycéens et étudiants voient au-delà de la date de péremption des dispositifs dédiés à la jeunesse.

Il y aura dix ans dimanche prochain, après trois mois et demi de mobilisation, salariés, lycéens et étudiants obtenaient le retrait du CPE. Cette victoire a été déterminante. Elle a empêché, contrairement à ce qui s’est passé dans d’autres pays européens (Espagne, Pays-Bas…), la mise en place de contrats dérogatoires pour les jeunes. Les jeunes rejettent le bizutage social, la précarité, la non-reconnaissance de leurs qualifications. Ils veulent être protégés comme leurs aînés par un Code du travail et rétablis dans leurs droits quand ils sont victimes de l’arbitraire patronal.

L’irruption des jeunes comme éléments puissants dans ce conflit atypique et aux dimensions intergénérationnelles échappe au vieux logiciel de pensée de l’Elysée et Matignon. Ces derniers ont été balayés par la guérilla menée par les opposants à la loi Travail sur internet. Face à la mobilisation 2.0, ils n’ont pas su faire autre chose que du Juppé dans le texte version 1995 « je reste droit dans mes bottes » et n’ont su opposer qu’une communication lénifiante.

Ni Valls, ni Hollande ne veulent traiter ce mouvement autrement que comme l’addition de clientèles aux intérêts séparés voire antagoniques. C’est là qu’ils font fausse route. Leur posture, la gêne qu’ils ressentent après cette belle journée du 31 mars est un encouragement à amplifier, diversifier, poursuivre la mobilisation pour le retrait du texte et l’ouverture de négociations. Soyons magnanimes, en cas de retrait et d’ouverture de négociations, nous ne demanderons pas d’excuses comme pour la réforme constitutionnelle…

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