Alstom ou l’absence de vision et de politique industrielle

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Alstom ou l'absence de vision et de politique industrielle
L’annonce par la direction d’Alstom de la suppression du site belfortin est évidemment un séisme à plusieurs titres. D’abord bien sûr pour les 400 familles des Alstomiens, ensuite pour la localité. Mais c’est aussi un signe catastrophique pour toute la filière ferroviaire qui voit sacrifié l’un de ses fleurons, l’usine d’où est sortie le premier TGV.

Des centaines de personnes ont manifesté jeudi 15 septembre à Belfort pour réclamer son maintien et celui des 400 emplois. Une semaine après l’annonce du transfert de l’activité ferroviaire en Alsace d’ici à 2018, le défilé intersyndical contre la loi Travail s’est logiquement transformé en manifestation de quelque 1000 salariés partis depuis l’usine pour rejoindre le cortège principal.

Des salariés et une population qui ont le sentiment d’être au centre d’un bras de fer politicien. “Florange est dans les esprits”, résume Pascal Novelin, secrétaire CGT du CE d’Alstom. “C’est pour ça que ce que dit le président de la République on l’écoute [mais] on doit être dans la rue pour qu’il ne fasse pas comme Florange. Les promesses c’est bien beau, mais on veut des actes”.

L’intersyndicale (CFE-CGC, CGT, CFDT, FO) d’Alstom a appelé mercredi tous les salariés du constructeur ferroviaire à débrayer le 27 septembre, jour du prochain Comité central d’entreprise (CCE) trimestriel. Dans un tract commun envoyé à l’AFP, l’intersyndicale exige “le maintien de tous les sites Alstom Transport en France et le maintien de tous les emplois sur chaque site, notamment sur Belfort”, “l’arrêt de la délocalisation des fabrications et des études” et “la réintégration sur les sites français des activités délocalisées”. Les Fédérations CGT de la Métallurgie, des Cheminots, des Transports et l’Union Interfédérale des Transports (UIT), ont signé, le 15 septembre, un communiqué commun pour dénoncer la mise en péril délibérée par la direction d’Alstom de ses sites de productions en France, dans une logique purement financière.

Interrogé au sujet d’Alstom sur France Info le matin même, le secrétaire général de la CGT a dénoncé “une défaillance de l’Etat vis-à-vis de la politique ferroviaire: il a laissé la SNCF fermer des lignes, favoriser le passage du fret à la route” (…)”Si les carnets de commandes d’Alstom manquent en France, c’est parce qu’il n’y a plus de vision stratégique. L’Etat a démissionné”, estime Philippe Martinez qui met en cause les “gouvernements successifs” et “présidents de la République successifs”, “il n’y a pas de politique industrielle dans ce pays, en tout cas digne de ce nom, depuis plusieurs années, plus d’une décennie”.

Le dirigeant syndical a par ailleurs incriminé les régions qui, “plutôt que de commander ensemble”, sont dans une compétition où “chacun veut son train”, ou cherchent à faire “des économies de bouts de chandelle” sans “voir à long terme sur l’emploi”. Il a préconisé que “dans les appels d’offre, notamment quand c’est de l’argent public, il y ait une clause sociale” car actuellement, avec des marchés passés en France “on donne du boulot dans des pays qui ne respectent pas des réglementations sociales minimum”.

Il s’est dit favorable à une nationalisation d’Alstom à la condition “que l’argent public serve à créer des emplois” et s’accompagne d’une “vraie réflexion sur le ferroviaire en France”, a-t-il dit en soulignant que la recapitalisation provisoire d’Alstom menée en 2004 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Economie, n’avait selon lui abouti qu’à “donner de l’argent pour supprimer des emplois”.

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