Salaires et prime Macron : faut-il se contenter des restes ?

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L’année 2019 commence avec l’annonce d’une nouvelle embellie pour les profits des entreprises.

Bonne nouvelle ? Malheureusement pas pour l’investissement ni pour les salaires. Ces profits sont captés par les actionnaires, avec un nouveau record des dividendes et rachats d’actions. Pour mieux protéger les actionnaires, le patronat et le gouvernement enferment les négociations salariales dans le partage de la pénurie : lorsqu’il y a des augmentations, elles sont ponctuelles et centrées sur les bas salaires.

 

Des profits qui vont aux dividendes plutôt qu’à la rémunération des qualifications :

> + 13 % d’augmentation des dividendes par les entreprises du cac 40
> 57,4 milliards d’euros pour les actionnaires
> 2/3 des bénéfices des entreprises du CAC 40 ont été distribués aux actionnaires sous forme de dividendes depuis 2009

 

Des profits captés par les actionnaires

Les entreprises du CAC 40 ont augmenté de plus de
13 % les dividendes et les rachats d’actions en 2018.
elles n’ont pas été aussi généreuses avec leurs actionnaires depuis 10 ans, avec un total de 57,4 milliards d’euros (dont 10,9 milliards de rachat d’actions). Cela représente une hausse de 12,8 % sur un an et de 62 % par rapport au plus bas de 20091. Les rachats d’actions augmentent de 65 % en un an et atteignent un record depuis 2009. Ainsi, depuis 2009, 2/3 des bénéfices des entreprises du CAC 40 ont été distribués aux actionnaires sous forme de dividendes, contre 30 % en 20002, ce qui confirme la place de championne du monde de la distribution de dividendes de la France.

Une négociation salariale enfermée dans le partage de la pénurie

Pour les salarié·e·s, c’est l’austérité salariale et le déclassement :

  • 25 % des cadres sont payés en-dessous du plafond de la Sécurité sociale (3 311 € bruts mensuels) en 2018 contre 18 % en 20083.
  • un an après avoir validé son bac+5, un jeune diplômé est seulement rémunéré 30 000 € bruts en moyenne, et 28 000 € bruts un an après le bac +34.
  • 62 % des technicien·ne·s et professions intermédiaires considèrent que leur rémunération est en décalage avec leur implication, 61 % avec leur charge de travail, et 51 % avec leur qualification5.
  • les femmes cadres gagnent toujours 26 % de moins que les hommes pour un même temps de travail.

Pour neutraliser les exigences d’augmentation des salaires et protéger les actionnaires, le gouvernement et le patronat enferment les négociations salariales dans le partage de la pénurie. Dans de nombreuses entreprises, les négociations salariales sont bloquées et, pour les Ingés, Cadres et Techs, les augmentations collectives sont de plus en plus rares, remplacées par quelques augmentations individuelles, arbitraires et inégalitaires. Dans de nombreuses entreprises, il n’y a pas eu d’accord salarial, ce qui signifiera souvent alors que l’inflation est estimée à 1,6 % en 2018, une baisse de pouvoir d’achat. C’est ce que confirme le bilan de la négociation collective en 2017, qui pointe une baisse de 4 % du nombre d’accords d’entreprises sur les salaires et les primes.

Dans la fonction publique, c’est toujours l’austérité, avec un gouvernement qui demande des mesures dans le privé, qu’il ne compte pas mettre en œuvre dans le public.

 

Rappelons brièvement la situation : depuis 2010,
 la valeur du point d’indice a subi un gel quasi ininterrompu, sauf par deux revalorisations de 0,6 % en juillet 2016 et février 2017.

Le premier des résultats, c’est que, de janvier 2010 à aujourd’hui, par rapport à l’inflation, la dévalorisation dépasse aujourd’hui les 9 % !

La confirmation de la décision gouvernementale de ne procéder à aucune augmentation de la valeur du point jusqu’à la fin 2019, ne pourra qu’aggraver ce décrochage d’une ampleur historique sans précédent.

Cette injustice sociale et cette ineptie économique détérioreront comme jamais le pouvoir d’achat de tous les agents et plongeront un grand nombre d’entre eux dans des difficultés extrêmes.

Les politiques de rémunération mise en œuvre resserrent les écarts entre les catégories et se traduisent par un écrasement de l’évolution salariale. L’arbitraire devient la règle avec les primes aléatoires qui prennent une part de plus en plus importante dans le pouvoir d’achat des fonctionnaires. Au total, ce sont les catégories A et B qui sont les plus pénalisées sur leur pouvoir d’achat.

Ainsi, les évolutions dans la fonction publique d’état, sur les 5 dernières années, se traduisent d’après l’Insee par des évolutions de salaire net moyen pour chacune des catégories A, B, et C par :

 

1 étude annuelle réalisée par les auteurs de La Lettre Vernimmen.net
2 Source : oxfam
3 Source : APeC

4 Source : APeC
5 Source : Baromètre Ugict/Secafi mars 2018
6 insee.fr/fr/statistiques/3601798
7 insee.fr/fr/statistiques/2907247
8 insee.fr/fr/statistiques/2121590
9 insee.fr/fr/statistiques/1287895

10 insee.fr/fr/statistiques/1281318

 

Les Ingés, Cadres et techs exclus de la prime Macron

Le dispositif de prime annoncé par emmanuel Macron en est l’illustration parfaite.

Cette prime n’étant pas obligatoire, la majorité des entreprises ne la verse pas. Pour les entreprises du CAC 40, invitées par l’executif à afficher leur bonne volonté au vu de leur santé florissante, le bilan réalisé par l’Ugict-CGT démontre que :

  • La prime est forfaitaire, limitée aux plus faibles salaires, avec un plafond souvent plus bas que celui fixé par l’exécutif, ce qui exclut en général les ICT.
  • Son montant est souvent inférieur même au maximum de défiscalisation fixé par l’exécutif à 1 000 €.
  • Elle se substitue parfois aux augmentations prévues et constitue un effet d’aubaine pour profiter de la défiscalisation.

La CGT et son Ugict exigent des augmentations de salaires générales, la reconnaissance et la rémunération des qualifications et la suppression des inégalités femmes / hommes et appellent à la mobilisation le 5 février prochain.

Dans les entreprises, les syndicats CGT interpellent leurs PDG et mobilisent les salariés pour exiger des augmentations collectives de salaires.

 

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