Pourquoi l’Intelligence Artificielle nécessite un débat démocratique d’ampleur, sans déterminisme technologique ?

Photo homme pensif dans la nuit

Pour en savoir plus


Temps de lecture : 3 minutes
[DÉCRYPTAGE SUR L’I.A.] La « robolution » n’aura de sens que si elle s’inscrit dans une perspective de progrès social et environnemental. Pourquoi ? Comment ? 

 

 

Notre affaire à toutes et tous

Montre connectée, système GPS dans nos voitures, assistants vocaux ; reconnaissance d’images, de vidéos, de la voix ; modélisation numérique et maintenance préventive ; robotique physique et logicielle ; traduction machine et interface en langage naturel…

Des systèmes de plus en plus présents dans nos vies

Cette omniprésence devrait susciter de profonds questionnements sur l’opacité des algorithmes avec leurs biais inévitables, sur l’utilisation des données massives au regard de la protection de la vie privée ; ou sur l’usage qui pourraient en être fait par des employeurs ou des assureurs, par exemple. Car, comme pour toutes les technologies, de réels risques existent avec leur diffusion (reconnaissance faciale, trading algorithmique dans la finance, traitement de données de patients, etc…) si ces technologies restent confiées à des spécialistes et exploitées sans débat sociétal sur leur usage et leur finalité.

Le pilotage de l’activité via les progiciels de gestion intégrés de type ERP (Enterprise Resource Planning) ou la mise en place de système IA dans un cadre professionnel modifie la façon d’accomplir son travail.

Une gouvernance de l’activité professionnelle par les nombres et une hybridation du métier par les données

Ces nouveaux cadres de travail nécessitent de repenser les activités et les façons de travailler.  Contrairement aux discours apocalyptiques de certains sur le remplacement des emplois par des robots, le travail ne disparait pas.

Les études montrent qu’on assiste à une transformation, plus ou moins forte, du contenu des emplois avec une tendance à l’élévation du niveau de qualification. Développer la formation et penser les organisations du travail comme apprenantes n’est-ce pas la meilleure façon de construire les évolutions ? Un cadre réglementaire n’est-il pas également nécessaire pour éviter tout risque de moins disant social et écologique ? Ce risque s’illustre notamment par la plateformisation de la relation de travail qui exclut ces travailleurs de la protection de la législation du travail et de la protection sociale, ainsi que le transfert d’activité d’entreprise vers ces plateformes suivant une logique de sous-traitance et de dumping social et environnemental.

De nouveaux défix sociaux et environnementaux à l’heure de la 5G et des objets connectés 

Ils nécessitent de s’interroger à la fois sur les nouvelles prouesses mais aussi sur les nouveaux dangers liés à ces technologies. Cela pose la question essentielle de garder le contrôle et de maîtriser les effets des solutions à base d’IA et d’algorithmes sur la société et le travail au moyen d’un encadrement de leur conception et de leur usage.

Il n’y a pas de déterminisme technologique. La « robolution » aura du sens si elle s’inscrit dans une perspective de progrès social et environnemental. C’est à la société de décider ce qu’elle en attend. Il s’agit bien d’une question de choix politique.

 

 

Robot, écris-moi une loi

La conception, les conditions de mise en place, et l’utilisation des dispositifs IA nécessitent un véritable débat sociétal. C’est l’occasion dans notre société de revitaliser notre démocratie en péril, et de revoir profondément les relations sociales et le dialogue social en entreprise et dans l’administration qui sont en panne aujourd’hui.

La démocratie ne se décrète pas par ordonnances. Elle a besoin des corps intermédiaires et des syndicats pour pouvoir exister. A l’entreprise, comme dans l’administration, il est nécessaire de rétablir les moyens pour un dialogue de qualité qui rompt avec les pratiques actuelles entre directions et syndicats, mais aussi l’occasion d’élargir le débat avec d’autres acteurs comme les sous-traitants, les fournisseurs, les pouvoirs publics, les collectivités territoriales, les universités et les organismes de formations.

Le travail, dans toutes ses dimensions, éclaire sur les sujets à traiter pour répondre aux défis sociaux et environnementaux, et constitue en même temps un puissant levier pour orienter les évolutions. C’est en mobilisant les nouvelles technologies pour réussir la transition social-écologique que l’on donne du sens à l’usage de ces technologies et aux évolutions elles-mêmes. Le numérique avec toutes ses déclinaisons (IA, objets connectés, blockchain, puce RFID, etc.) permet aujourd’hui d’obtenir la traçabilité de l’activité des entreprises sur les conditions sociales et environnementales de fabrication des services et des produits manufacturés. C’est un moyen efficace pour établir une cartographie de l’empreinte social-écologique sur toute la chaine de fabrication et de valeur. Sa mise en œuvre permettrait d’inscrire l’activité des entreprises dans un cercle vertueux, car la mise en visibilité des pratiques de moins disant-social et écologique faciliterait l’intervention de syndicats, ONG, et citoyens.

 

Tant que l’humain aura à programmer les algorithmes, fournir les datas, et interpréter les résultats statistiques, il sera toujours possible d’injecter les codes humains au code informatique et de donner ainsi du sens aux développements technologiques grâce à d’irremplaçables… humains !

 

 

Restez informés


À propos

Voir aussi