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Qui pouvait encore douter de la volontĂ© d’Emmanuel Macron de mener Ă son terme la rĂ©forme des retraites ? La publication du nouveau rapport du Conseil d’orientation des retraites, jeudi dernier, est venue dramatiser le climat et a permis au gouvernement et aux promoteurs de la rĂ©forme de monter au crĂ©neau en plaidant l’urgence. Or, le COR ne dit absolument pas que notre système de retraite est en danger (voir Ă ce sujet la vidĂ©o rĂ©alisĂ©e par l’Ugict-CGT). Il est mĂŞme en excĂ©dent technique pour cette annĂ©e et l’annĂ©e prochaine, puis dĂ©ficitaire ensuite, mais sans ĂŞtre en danger. Ce que nous dit le COR, c’est que la part du PIB consacrĂ©e aux retraites s’est stabilisĂ©e, voire qu’elle va baisser sous les effets des prĂ©cĂ©dentes rĂ©formes qui ont toutes contribuĂ© Ă faire baisser le niveau des pensions. Et cela, alors mĂŞme que le nombre de retraitĂ©.es va augmenter. « Il n’y a pas pĂ©ril en la demeure » rĂ©sume RĂ©gis Mezzasalma, conseiller confĂ©dĂ©ral de la CGT en charge des retraites. « Le système de retraite français n’est pas Ă©quilibrĂ© financièrement. Il est mĂŞme structurellement en dĂ©ficit », a affirmĂ© au Point le ministre du Travail Olivier Dussopt, plaidant sur le thème : « travailler plus longtemps Ă l’échelle d’une vie ».
Pas d’urgence donc et surtout rien ne pourrait justifier que le gouvernement et le chef de l’État mènent une blitzkrieg Ă l’occasion de l’examen du projet de loi de finances de la SĂ©curitĂ© sociale cet automne. Car il semble que ce soit la voie choisie par E. Macron pour imposer le recul de l’âge lĂ©gal de dĂ©part de 62 ans Ă 64 ou 65 ans, l’allongement de la durĂ©e de cotisation pour prĂ©tendre Ă une pension Ă taux plein, disparition dĂ©finitive des rĂ©gimes spĂ©ciaux. Quitte Ă faire adopter ce PLFSS par le 49.3 au mĂ©pris de la contestation unanime des organisations syndicales qui ont Ă©tĂ© reçues lundi 12 septembre au ministère du Travail.
Autrement dit, Emmanuel Macron peut Ă la fois convoquer son Conseil national de la refondation et amuser la galerie avec des artifices de sa nouvelle mĂ©thode de gouvernement et mĂŞme temps s’asseoir sur les corps intermĂ©diaires et la reprĂ©sentation nationale. LĂ aussi, qui pouvait lui accorder du crĂ©dit alors que son premier mandat n’a pas Ă©tĂ© autre chose que dĂ©fiance et mĂ©pris pour les organisations syndicales. S’il passe en force comme l’ont laissĂ© entendre ces derniers jours ses ministres, alors la CFDT quittera le CNR a prĂ©venu son secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral.
Dans cette sĂ©quence politique, alors que le gouvernement est Ă la manĹ“uvre, qu’il menace, les forces sociales ne peuvent attendre les arbitrages gouvernementaux sans rĂ©agir. Le sujet est trop grave, il vient se conjuguer avec les nouvelles attaques contre l’assurance chĂ´mage. Et mĂŞme si le gouvernement met en avant quelques minces contreparties comme la prise en compte « d’élĂ©ments de pĂ©nibilité » et un niveau minimal de pension Ă 1 100 euros, c’est un recul social Ă©norme qui se prĂ©pare.
Il est donc essentiel que les syndicats fassent front commun et ne s’en laissent pas conter dans les concertations ouvertes par le gouvernement. Les travailleuses et travailleurs doivent pouvoir s’exprimer Ă nouveau comme lors de l’hiver 2019-2020 pour mettre cette rĂ©forme idĂ©ologique en Ă©chec. Dans ce contexte, la mobilisation du 29 septembre doit ĂŞtre cette occasion de marquer le rejet de ces reculs et l’exigence d’une retraite Ă 60 ans avec une pension garantie, reprĂ©sentant au minimum 75 % net du salaire de fin de carrière sans autre condition que d’avoir une carrière complète. Travailler plus longtemps, c’est non ! Car, faut-il le rappeler, l’espĂ©rance de vie en bonne santĂ© stagne Ă 64 ans et seuls 38 % des personnes de plus de 60 ans sont aujourd’hui en emploi.
Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT
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