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Alors que le gouvernement s’agite et les drapeaux aussi, de nombreux médias ont publié des décryptages et désintox (voir la liste en bas de cet article) sur le conflit à la SNCF qui mobilise les usagers et les cheminots. Face aux contre vérités et idées reçues, la bataille de l’opinion est engagée.
En vue de tous les repas pros avec les Jean-Jacques ou autres Jacquelines, et des tragédies familiales du dimanche midi trop arrosé par le Tonton René, nous publions ce petit guide pour casser les idées reçues sur la mobilisation des cheminots SNCF (et scoop : ça marche aussi dans les internets ou à la télé !).
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1. Sur la masse salariale et le Statut des cheminots
Vous entendrez peut-être :
« C’est le Statut des cheminots qui plombe les comptes de la SNCF »
Vous pourrez répondre :
Écoutez mes chers collègues, c’est totalement faux, et ce n’est pas la CGT qui le dit mais la SNCF elle-même, dans un rapport interne confidentiel, rendu public par Capital.
Cette note explique que la suppression du Statut des cheminots coûterait plus cher à l’entreprise publique que son maintien.
Le Statut a été créé, non pas, par l’entreprise publique mais par les compagnies ferroviaires privées françaises entre 1912 et 1920 (par l’une puis étendue aux autres). Pourquoi ? Car dès 1852 l’Etat avait demandé aux entreprises privées d’employer un nombre suffisant d’agents pour garantir la sécurité des circulations. Chacun devait avoir un haut niveau de formation et une durée de travail limitée. Il leur a fallu également « fidéliser » les salariés et ainsi lutter contre un grand turn-over à cause de la « pénibilité » du travail (faire rouler ou entretenir des infrastructures ferroviaires vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept). La particularité des métiers du ferroviaire est qu’ils nécessitent des formations lourdes et longues et donc un investissement important. C’est pourquoi un grand turn-over coûte très cher aux entreprises. D’autant plus si le réseau est ouvert à la concurrence puisque vous risquez de former des salariés pour la concurrence.
Le Statut des cheminots n’est donc pas un ensemble de privilèges mais un équilibre entre les exigences du service public ferroviaire (la continuité du transport ferroviaire -le 24h/24h, 7j/7j – l’adaptabilité, et la sécurité) et des conditions de vie et de travail décentes pour les agents et leur famille. Il permet surtout aux salariés d’exercer pleinement leur professionnalisme en toute indépendance vis-à-vis des injonctions politiques et/ou économiques contraire à l’intérêt général et à la sécurité des personnes et des biens (Fret).
Enfin, réduire le nombre de salariés n’est pas la solution au problème du financement du système ferroviaire. De 2007 à 2017 la SNCF a supprimé 25 000 emplois. Sur la même période, l’endettement est passé de 32.5 à 52 milliards d’Euros. Pourquoi Emmanuel Macron veut-il mettre fin au statut des cheminots alors ? Pour focaliser le débat public sur cette question et occulter le chemin vers la privatisation de la SNCF. Faire passer les cheminots pour des privilégiés est une ficelle classique pour tenter de rendre la mobilisation impopulaire.
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