L’urgence ne peut être un état permanent

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L'urgence ne peut être un état permanent
Prononcé avant même la fin de l’assaut au Bataclan, le mot «Â guerre » n’en finit plus de résonner tel un leitmotiv propice à justifier toutes les surenchères et à appeler à «Â l’union nationale » comme en 14-18.  Oui, les armes qui ont tué 129 personnes et blessées des dizaines d’autres sont bien des armes de guerre.

Frederic Legrand – COMEO / Shutterstock.com

Oui la France mène bien des actions militaires. Oui des citoyens sont morts dans les rues, aux terrasses des cafés, dans une salle de concert. Mais pour autant, sommes-nous en guerre ? Même si nous avons repris le chemin du travail lundi dernier sonnés et inquiets, nous ne vivons pas sous la menace permanente de bombardements, nous sommes loin d’un front de bataille, nous avons envoyé nos enfants à l’école.

L’État continue de fonctionner, ce n’est pas, loin s’en faut, le chaos indescriptible de la guerre. C’est même tout le contraire lorsque l’on voit le rôle admirable et l’efficacité des fonctionnaires et agents des services publics lors de ces heures funestes.

Nous avons basculé en 2001 dans une ère de crimes terroristes de masse et la terreur est amplifiée par la médiatisation et l’accélération de l’information. La banalisation de la rhétorique guerrière est pernicieuse car la guerre justifie tout ou presque. Les Français sont sous le choc, ils s’interrogent sur la manière dont la sécurité publique est garantie, mais ils ne sont pas prêts à se laisser déposséder de leurs libertés.

La prolongation par les parlementaires de l’état d’urgence avec des mesures pour trois mois pose des problèmes de libertés publiques et individuelles. Ce qui est en cause, ce n’est pas l’indispensable lutte contre le terrorisme, « c’est l’extension dangereuse des pouvoirs de l’Etat sans aucune garantie judiciaire», souligne la Ligue des Droits de l’Homme. Cette mise en cause n’est pas un fantasme, elle est une perspective proche dans la veine de la loi sur le renseignement adoptée après les attentats de janvier contre Charlie et l’Hyper-Cacher.

Rappelons que les principales mesures de cette loi préexistaient aux attentats de janvier qui ont servi de caution. Lors de son comité confédéral national la semaine dernière, la CGT s’est dite favorable « à un renforcement de la sécurité et des libertés des citoyens. Il ne faut pas confondre des moyens et des effectifs de police et gendarmerie supplémentaires avec une restriction des libertés individuelles et collectives. De même, combattre, écarter les formes de radicalisation passe avant tout par le respect des droits fondamentaux d’accès à l’éducation, à la culture, à la santé et à l’emploi. »

La CGT s’inquiète de la révision constitutionnelle annoncée par François Hollande avec notamment la création d’un « régime civil d’état de crise ». Elle met en garde contre l’instauration d’un « état d’urgence permanent » qui musèlerait les mouvements sociaux. Là non plus, il ne s’agit pas d’un fantasme : d’ores et déjà ce sont les manifestations en marge de la COP 21 qui vont faire les frais de cet état d’urgence.

Etat d’urgence ou pas, l’agenda social ne va pas connaître de pause dans les semaines et les mois à venir. Peut-on imaginer et considérer comme acceptable que les salariés ne puissent user de leur liberté de manifester ?

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