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Et c’est un élément qui entrera forcément en ligne de compte dans les arbitrages que le Premier ministre va rendre ce lundi au terme des rencontres bilatérales qu’il a mené toute la semaine dernière pour désamorcer la crise sociale ouverte avec l’avant-projet de loi El Khomri.
On imagine sans peine que tout ce week-end, le président de la République et Manuel Valls se sont parlé pour « bâtir un compromis dynamique et ambitieux », « corriger, rectifier, changer ce qui doit l’être, lever les ambiguïtés et répondre aux interrogations ».
Que peut-on bien attendre des annonces de l’exécutif ? Très peu de chose à en juger par le contenu des échanges entre les syndicats de salariés et de jeunes qui demandent le retrait du texte d’une part et le gouvernement d’autre part.
Ces organisations qui ont réussi à faire du 9 mars une mobilisation de grande ampleur avec 500 000 manifestants n’entendent pas amender un texte dont la philosophie même est porteuse de reculs sociaux. Elles veulent son retrait pur et simple pour entamer une vraie négociation. Les annonces de l’exécutif donneront surtout la mesure de la détermination du gouvernement à aller à l’épreuve de force avec un mouvement social qui ne demande qu’à grandir.
Les supporters du texte ont vainement tenté de discréditer la puissance de la mobilisation sur les réseaux sociaux, ils en sont pour leurs frais, car selon un sondage publié dimanche par Le Parisien, les Français se déclarent à 71% « plutôt opposés à la loi El Khomri. Et le score est encore plus écrasant chez les 18-34 ans qui se disent à 78% « plutôt opposés », selon cette enquête Odoxa.
C’est donc sur une corde raide qu’avance Manuel Valls car faute d’avoir choisi de conduire la réforme en commençant par une négociation sincère et transparente avec toutes les organisations syndicales, il a choisi de présenter sa première mouture du projet de loi qui convient au Medef et à la CGPME lesquels redoutent que le gouvernement ne le dénature. « Renoncer serait suicidaire. Il faut conserver à ce texte toute sa cohérence », a dit le président de l’UIMM, négociateur social du Medef dans le JDD de ce dimanche.
Manuel Valls est aussi attendu au tournant dans sa majorité parlementaire dont certains membres menacent de s’opposer à la réforme si elle restait en l’état. Faute de reculer significativement en retirant un projet anxiogène et dévastateur pour les salariés d’aujourd’hui et de demain, le gouvernement et le Medef doivent s’attendre à une montée en puissance de la contestation sociale.
Pour la CGT, cette première journée du 9 mars constitue « un formidable point d’appui pour les futures mobilisations, (…) C’est un bon tremplin pour réussir les prochains rendez-vous jusqu’à l’appel unitaire du 31 mars prochain. »
Pour sa part, l’Ugict-CGT va poursuivre son travail d’explication et de mobilisation des salariés qualifiés et en responsabilités qui ont toutes les raisons de combattre un texte qui va impacter les droits des ingénieurs, cadres et techniciens comme ceux des autres salariés.