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Chacun sait que la balance commerciale d’un pays comme le nôtre peut varier à la faveur d’un seul contrat dans le domaine aéronautique. Et chacun sait aussi que ce secteur a devant lui un bel avenir en raison des besoins de renouvellement des flottes des compagnies dans le monde entier.
Dès lors, comment un groupe européen qui détient un carnet de commandes de 560 milliards d’euros peut-il justifier la suppression de 5800 emplois en Europe dont 1700 en France et des suppressions de sites? Comment l’Etat, actionnaire, pourrait-il accepter qu’EADS impose aux syndicats de signer un accord de compétitivité alors que ce carnet de commandes représente 10 ans de chiffre d’affaires ?
Comment pourrait-on comprendre que l’on supprime des emplois dans une filière, l’aéronautique, où les besoins d’embauche pour notre pays sont évalués par la CGT à 140 000 postes, le plus souvent qualifiés d’ailleurs et où le secteur Défense est par ailleurs stratégique ?
Dans cette affaire, on voit comment la loi dite de « sécurisation du marché du travail » est une arme de chantage en offrant aux entreprises la possibilité de raboter les droits sociaux, revoir les salaires à la baisse, tirer les horaires de travail vers le haut et flexibiliser.
Ces accords de compétitivité sont donc brandis non pour sauver une entreprise dans une mauvaise passe et lui éviter de licencier, mais bien pour tirer les normes sociales à la baisse. Il s’agit là d’emplois très qualifiés, que ce soit en recherche-développement ou en construction que l’on va sacrifier pour le seul profit immédiat des actionnaires du groupe. Qui plus est, le passage à une gouvernance privée d’un tel groupe qui intervient dans le civil et le militaire, pose directement la question de la maitrise de l’industrie d’armement nationale et européenne.