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Cette heureuse concordance des agendas vient ainsi nous renforcer dans l’une des revendications fortes et novatrices que la CGT et son Ugict vont opposer aux velléités du Medef de réduire la couverture sociale des retraites complémentaires pour équilibrer financièrement des régimes en déficit.
En effet, nous entendons porter le fer sur cette insupportable injustice qui fait qu’en dépit de cinq lois votées depuis 20 ans, les femmes et notamment les cadres gagnent toujours 27% de moins que leurs collègues hommes. Et évidemment cette inégalité est une double peine car c’est une retraite moindre qui attend aussi les femmes.
A la demande de la CGT pour ce qui est des retraites du régime général une étude de la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse avait mis en évidence que la résorption de ces 27% de différence moyenne entre les salaires des femmes et ceux des hommes entraînerait une augmentation très importante des ressources à la CNAV et évidemment une amélioration très nette du montant moyen des pensions des femmes.
On avait alors constaté que le solde entre les cotisations supplémentaires d’une part et l’amélioration des pensions d’autre part était par exemple de l’ordre de 5 milliards d’euros dès 2015, et de 10 milliards d’euros dès 2020.
Pour l’Arrco et l’Agirc, en considérant une progression vers l’égalité effective qui serait atteinte en 2024, les chiffres sont tout aussi importants. Le solde entre les cotisations supplémentaires et l’amélioration des pensions serait par exemple de 4 milliards d’euros dès 2017 (déficit prévu à ce jour : 5,4 milliards d’euros) et 7,4 milliards d’euros dès 2020 (déficit prévu à ce jour : 7 milliards d’euros).
Ce n’est qu’une des propositions que la CGT et l’Ugict vont défendre, mais celle-ci n’a rien d’anodine, car elle porte le fer contre une réalité que beaucoup nous présentent comme indépassable. Infranchissable le plafond de verre qui empêche les femmes d’accéder à des responsabilités ?
Naturelle cette loi non écrite qui veut que les femmes soient cantonnées dans des métiers de plus en plus qualifiés et sous-payés ? Oui le patronat a une lourde responsabilité dans la perpétuation de ces inégalités et dans le refus de négocier.
Mais le gouvernement ne saurait plus longtemps se retrancher derrière un dialogue social manifestement à bout de souffle. L’obstination à ne pas vouloir sanctionner les entreprises qui ne mettent rien en place pour négocier et résorber ces inégalités a montré depuis longtemps toutes ses limites. Sans contrainte, le Medef ne lâchera rien.
Cette revendication de rendre effective l’égalité salariale peut à l’évidence être partagée par d’autres organisations syndicales et par de nombreux salariés. Il s’agit là non seulement de mettre fin à une inégalité rétrograde, mais aussi de faire appliquer la loi.