Taylor, un patron qui porte bien son nom

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Taylor, un patron qui porte bien son nom
Le nom de Taylor était jusqu’ici bien connu pour son influence dans l’organisation et les méthodes de production dénoncées par Charlie Chaplin dans les Temps modernes. Il a aussi longtemps été connu pour être symbole de réussite car ne dit-on pas «Â my taylor is rich »Â ?

Voici que le patronyme résonne depuis quelques jours avec grossièreté, arrogance. La lettre du patron américain de Titan International, Maurice Taylor, adressée au ministre du Redressement productif, puis les propos qu’il a tenu depuis la réponse d’Arnaud Montebourg sont, en effet, une série d’insultes à l’égard des salariés français, de contrevérités grossières. Usant d’une rhétorique tout droit sortie de la guerre froide, il accuse le gouvernement français d’avoir laissé chez GoodYear « les barjots du syndicat communiste détruire les emplois les mieux rémunérés». «Cette correspondance est stupéfiante, c’est une insulte à l’égard des ouvriers mais aussi de la CGT. Elle est représentative de l’état d’esprit de ces dirigeants des multinationales qui insultent la démocratie» a dénoncé le secrétaire général de la CGT.

Mais les propos de Taylor ont heureusement été dénoncés par d’autres acteurs économiques et sociaux. C’est ainsi que la  directrice générale de la Chambre de commerce américaine à Paris récuse en bloc les accusations de M. Taylor contre les «soi-disant ouvriers» bien payés et «ne travaillant que trois heures» par jour, qui ne correspondent à aucune réalité d’ensemble.

«Dans le baromètre (…) que nous conduisons depuis 12 ans, la qualité de la main d’oeuvre française est souvent citée comme une des forces de la France». Les 4.000 entreprises américaines présentes en France «  viennent ici pour le talent et la compétence de sa main d’oeuvre et de ses ingénieurs». Les allégations délirantes de Taylor sont aussi démenties par les chiffres de l’Insee. En 2011, heures supplémentaires comprises, la durée hebdomadaire de travail des salariés à temps complet était de 39,5 heures et si le coût horaire est plus élevé que la moyenne européenne, la productivité est chez nous de 45,4 euros par heure travaillée, supérieure à la moyenne américaine (41,5) et européenne (37).

Au milieu de cette joute épistolaire, ce « buzz médiatique », Laurence Parisot s’est exprimée : «Cette généralisation est choquante et elle provoque chez moi vraiment un rejet absolu», a-t-elle déclaré « absolu » certes, mais pas vraiment spontané, car il aura fallu au moins 48 heures à Laurence Parisot pour donner de la voix avec la touchante sincérité qu’on lui connaît. La patronne des patrons n’a quand même pas osé nous dire que les délires de Maurice Taylor justifiaient aux yeux du Medef que la France renonce totalement à ce qui reste de son modèle social. Mais elle a quand même estimé que la polémique révélait également des «anomalies» qu’il faut «corriger». Finalement, l’abjection de l’un finirait par servir les desseins de l’autre.

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