Retraites : rien n’est fatal

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Retraites : rien n’est fatal
Lorsqu’il s’agit de faire avaler des mesures socialement inacceptables, le casting ne varie pas beaucoup. Une fois encore, la Cour des Comptes a fait le job pour le compte du Medef en pondant un rapport sur les coûts de gestion, la situation financière des régimes de retraite complémentaires, le tout assorti bien entendu de préconisations bien saignantes.

Quitte à travestir la réalité, le rapport met en avant des coûts très élevés comparés au régime général de retraite en omettant de dire, par exemple, que l’Agirc et l’Arrco effectuent le recouvrement de leurs cotisations auprès des entreprises, tandis que c’est l’Urssaf qui s’acquitte de cette tâche pour la Cnav.

Quant à la situation déficitaire des deux régimes, le constat de la Cour ne nous apprend rien de nouveau : la baisse des recettes est totalement corrélée à celle de la masse salariale depuis 2009, tandis que pour le régime cadres, le sous-financement de l’Agirc remonte à 2003.

Le rapport se contente de dramatiser pour justifier des préconisations qui collent pile-poil avec les vieilles revendications du patronat. Pas question pour le Medef de consacrer un centime de plus au financement des régimes au nom du dogme du « coût du travail ». Par conséquent, il ne reste plus qu’à agir sur les même leviers à l’œuvre dans toutes les réformes depuis 20 ans : faire baisser drastiquement les taux de remplacement, reculer l’âge de départ, allonger la durée de cotisation requise.

Qu’on ne s’y méprenne pas, rien n’est fatal. La dramatisation d’une situation que pour notre part, nous n’avons jamais occultée ne doit pas faire oublier que d’autres voies sont possibles pour remettre nos régimes à flot.

Par exemple, comme l’ont souligné la CGT et son Ugict, « la progression vers l’égalité salariale aurait des conséquences très positives sur les ressources des régimes avec par exemple, un solde positif de 4 Md€ des 2017. Cela permettrait de rétablir l’équilibre de l’Arrco tout en maintenant jusqu’en 2040 des réserves de précaution représentant 13 mois d’allocations. » Ajoutons que « l’alignement du taux de cotisation des cadres -des salariés au-dessus du plafond de la Sécurité sociale – sur celui des autres salariés permettrait de dégager 94 % des besoins de financement », ainsi que l’a rappelé Sophie Binet secrétaire générale adjointe de l’Ugict et dirigeante de la CGT dans le dernier numéro d’Options. En stratégie militaire, cette dramatisation s’apparenterait à un tir d’artillerie de préparation avant une offensive dans la perspective des négociations qui s’ouvriront en février sur les régimes complémentaires cadres et non-cadres.

Sur ce front là, nous ne nous laisserons pas déborder. Nous avons des propositions à défendre, à mettre en débat avec nos collègues.

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