Quand la violence sociale crève l’écran

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Quand la violence sociale crève l'écran
Que n’a-t’on pas lu et entendu toute cette dernière semaine à la suite des incidents qui ont marqué le comité central d’entreprise d’Air France ? Quel déferlement de haine antisyndicale ! Bien sûr, personne n’a envie que le dialogue social tourne à un pugilat dont les salariés sortent en général perdant et moins unis. Pas plus que nous n’avons besoin de voir opposer artificiellement les catégories entre elles.

La CGT et à commencer par celle de l’entreprise a d’abord été trainée dans la boue par les médias (et hélas aussi par le représentant de la CGC) avant que les journaux, pas tous hélas, commencent à faire leur travail d’information.

Dans un entretien au Point, Xavier Broseta, DRH de la compagnie, raconte comment, grâce à l’aide du syndicat, il a pu quitter les lieux : « Des délégués CGT, que j’ai remerciés ensuite par SMS, sont venus m’aider à sortir de la salle ». La majorité des syndicats de la compagnie aérienne a de suite dénoncé ces agissements dans un communiqué commun, en rappelant que « seul un projet industriel fondé sur un développement fédérateur et ambitieux pourra susciter l’adhésion de l’ensemble des salariés d’Air France ». Ce sont des faits.

Mais ces événements et les commentaires qu’ils ont suscités ont très vite marqué une inflexion. Des voix se sont élevées pour s’étonner que les JT aient passé des minutes entières pour deux cadres molestés, mais n’aient pas trouvé le temps de montrer la vidéo de cette hôtesse d’Air France en pleurs qui interpelle les dirigeants de la compagnie en leur rappelant les sacrifices qu’elle et ses collègues ont consentis.

De quelle violence sociale parlent ces experts ou ces commentateurs avisés ? Dans un communiqué la CGT d’Air France évoque « l’autre violence », celle qui « assombrit inexorablement l’avenir : Déjà 7 ans, plus de 84 mois, plus de 2550 jours, que de nombreux salariés, au quotidien subissent la violence sociale. Elle ronge les esprits dès le matin. Il n’est pas rare qu’elle se transforme en angoisse, pas seulement le soir, mais sitôt que nos yeux se posent sur notre uniforme, celui qu’il faut revêtir avant d’aller travailler. Au travail, d’autres tensions naissent, plus machiavéliques, le jeu des « chaises musicales, car il n’y a plus de places pour tout le monde. De nombreuses expertises votées dans nos CHSCT traduisent cette violence sociale. Sa cousine, celle du désespoir l’accompagne en silence. Elles touchent toutes les populations, de l’ouvrier au cadre en passant par le technicien. Personne n’est à l’abri. »

Heureusement, l’opinion n’est pas dupe et la baudruche médiatique s’est vite dégonflée. Peut-être parce que les Français « comprennent » à 64% les violences sans pour autant les approuver, comme l’indique un sondage Ifop pour Sud-Ouest Dimanche. Comment pourrait-il en être autrement alors que la peur de perdre son emploi taraude chacun. Que l’insécurité sociale menace et déstabilise tout le monde ?

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