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Tel est depuis trop longtemps la face cachée des relations sociales dans les négociations nationales interprofessionnelles systématiquement logées dans les locaux du Medef. C’est pour tenter d’en finir avec ce théâtre d’ombres que la délégation CGT aux négociations sur les régimes complémentaires ARRCO et AGIRC a demandé mardi 16 février que ces dernières « se déroulent dans un lieu neutre et que les discussions s’engagent sur la base d’un document reprenant l’ensemble des propositions défendues du côté des syndicats comme du côté patronal. »
Mais une fois de plus, le représentant patronal a renvoyé toute possibilité d’évolution à une réunion qui se tiendra le 23 février prochain sur l’agenda social et il a donné le ton en indiquant que la partie patronale, unie, proposait de réduire une nouvelle fois les droits, écartant d’un revers de main une augmentation des cotisations au motif constant de la compétitivité des entreprises. Et de vouloir imposer pêle-mêle des abattements pour tout départ avant 67 ans dès la génération 1957, un gel des pensions sur 3 ans, une baisse du taux réversion, une baisse des droits des chômeurs et l’unification des régimes Arrco et Agirc.
Voyons bien que derrière ce dernier point le Medef ambitionne d’en finir avec le statut cadre pour la très grande majorité d’entre eux, ne le préservant que pour les très hauts cadres. Comme l’explique l’une de nos fiches argumentaires sur ce point, une fois l’AGIRC disparue, le Medef serait de fait dispensé de reconnaître et rémunérer la qualification. Le décrochage entre d’une part le diplôme et les responsabilités exercées et d’autre part les rémunérations serait ainsi mécaniquement renforcé. Il s’ensuivrait un tassement des grilles salariales sans précédent pour tous les salariés ouvriers, employés et ICTAM.
La défense du statut cadre et de son socle constitué par l’AGIRC n’est de fait, pas une étroite question catégorielle. Ces négociations et le diagnostic posé sur les deux régimes ARRCO et AGIRC nous montrent la nécessité d’une vision interprofessionnelle, solidaire. C’est ce dont est porteuse la délégation de la CGT qui formule une série de propositions dynamiques qui tournent le dos à des ajustements étroitement comptables qui conduisent depuis des décennies à un rabotage de la protection sociale solidaire, assise et financée sur la création des richesses par le travail.
Mais une délégation fut-elle porteuse des meilleures propositions ne peut à elle seule inverser le cours de ces négociations. L’intervention des salariés, quand c’est possible, dans l’unité est indispensable pour sauver et pérenniser notre système de retraite.