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Il en ressort que l’explosion des rémunérations des dirigeants est le corollaire de la financiarisation de l’activité de ces entreprises tournées exclusivement vers la rétribution des actionnaires. De fait, plus les résultats industriels et sociaux sont calamiteux, plus les dirigeants seraient récompensés d’avoir au contraire fait progresser les cours des actions par une véritable prédation sur la richesse créée mais aussi par un détournement massif des milliards d’euros d’aides de l’Etat à travers le CICE ou le Crédit Impôt Recherche. On voit bien que dans cette course échevelée, les beaux discours, les atermoiements, les chartes de bonne conduite n’ont aucune prise.
Mais aussi que nous sommes là dans un bras de fer où les syndicats et les salariés doivent peser plus lourd. A ce sujet, on a pu lire ces jours derniers que « le déclin de la syndicalisation semble être un élément clé de la hausse des plus gros salaires ». Qui a bien pu dresser ce constat ? Aussi surprenant qu’il y paraisse, c’est la conclusion à laquelle sont parvenues deux chercheuses du Fonds Monétaire International dans le magazine de l’institution, Finance and Development, du mois de mars. Certes il ne s’agit pas là de la position officielle de l’institution dirigée par Christine Lagarde qui n’est pas connue pour sa passion immodérée pour les syndicats.
Dans une étude qui couvre la période 1980-2010, les deux chercheuses notent que les syndicats permettent d’abord de freiner les inégalités en assurant une « distribution des salaires » plus équitable et en faisant pression sur les autorités pour s’engager dans cette voie. Mais surtout, notent les chercheuses, une faible syndicalisation « réduit la capacité de négociation » des salariés sur leur rémunération, au bénéfice des actionnaires et des plus hauts revenus. « Si la désyndicalisation affaiblit les revenus pour les salariés du milieu et du bas de l’échelle, cela augmente nécessairement la part des revenus perçus par l’encadrement des entreprises et par les actionnaires », écrivent les deux économistes du FMI pour lesquelles des syndicats plus faibles peuvent également réduire « l’influence » des salariés sur les décisions liées aux plus hauts revenus dans les entreprises, telles que l’ampleur et la structure de leur rémunération.
On comprend mieux après cela sur quoi le Medef fonde son discours sur la modernisation du dialogue social. Puisqu’il ne peut complètement éliminer le fait syndical, il entend le neutraliser pour éviter de déplacer le curseur du partage des richesses.