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Ensuite parce que le projet du directeur général de l’APHP rassemble contre lui l’ensemble des organisations syndicales représentatives qui s’opposent à la remise en cause des RTT pour, dit-il, ne pas perdre 4000 emplois. L’ampleur et la détermination des salariés de l’APHP met une forte pression sur le gouvernement qui se trouve bien gêné de devoir tout à la fois soutenir Martin Hirsch sans appeler ouvertement à remettre en cause la réduction du temps de travail comme le lui a suggéré la fédération hospitalière de France.
Selon les chiffrages de la direction générale de l’APHP, “ passer les agents en 7h30 permettrait de récupérer 300 000 jours de repos soit l’équivalent de 1500 postes à temps plein. (…) “et le passage de 7h50 à̀ 7h36 permettrait de récupérer 60 000 jours de repos soit l’équivalent de 300 postes à temps plein”. Il s’agit donc bien de faire payer aux salariés le passage aux 35 heures qui s’est opéré sans effectuer les embauches nécessaires. A telle enseigne d’ailleurs que faute d’effectifs, beaucoup d’agents ne parviennent pas à prendre leurs RTT et les stockent sur des comptes épargne temps. D’ailleurs la tension sur les effectifs est telle que dans de très nombreux services, la pression est mise sur les soignants notamment pour renoncer à leurs congés ou déplacer leurs vacances au gré des besoins.
Ce mouvement qui va connaître un nouveau temps fort cette semaine avec une nouvelle journée le 28 mai est observé comme le lait sur le feu, car il pourrait être précurseur d’une poussée de colère des hospitaliers au-delà de l’APHP. C’est qu’en effet, partout en France, le tissu hospitalier public est asphyxié par des budgets trop étroits et par des emprunts toxiques auxquels certains établissements ont dû avoir recours.
Tout ce qui a pu être raboté l’a été, y compris en remettant en cause des acquis sociaux, en précarisant les personnels, en ne remplaçant pas tous les départs en retraite, en ne renouvelant pas tous les contrats, en sous-traitant des pans entiers d’activités. Il est clair que la remise en cause de la réduction du temps de travail à l’APHP sonnerait le glas de cette conquête sociale pour beaucoup.
Enfin, ce mouvement parle à beaucoup de salariés bien au-delà des hôpitaux de Paris car il pose la question du « bien travailler ». Personne ne conteste que ces professionnels font de la corde raide, qu’ils (on devrait même dire qu’elles car c’est une population très féminisée et plutôt qualifiée) paient cher la dégradation de leur conditions de travail. Ils et elles font un travail qui doit continuer à faire sens et doivent donc reconquérir les moyens de bien travailler.