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Pourtant, il n’y a sans doute rien de si net. Certes l’on constate bien que, plus les personnes sont diplômées et employées à un poste nécessitant un haut niveau de qualification, plus les taux de chômage sont faibles. Certes, on note aussi au travers d’études successives que plus un jeune est diplômé, plus il intègre vite le marché du travail ce qui fait dire à certains que la formation serait un rempart efficace contre le chômage.
Mais peut-on pour autant parler d’une situation de plein-emploi pour les cadres ? C’est le doute émis par Bruno Ducoudré, économiste à l’Observatoire Français des Conjonctures Économiques (OFCE), dans La Croix le 29 août. « Ce n’est pas si simple, affirme l’économiste interrogé par Cécilia Brillault. Lorsqu’un pays est confronté à un chômage de masse, comme la France actuellement, on constate un phénomène de déqualification : des personnes très qualifiées vont prendre des postes qui ne nécessitent pas un aussi haut niveau de qualification. Ce qui maintient bas le taux de chômage de cette population. »
De fait, chacun peut vérifier autour de soi que lorsqu’il s’agit de sortir de la spirale infernale du chômage, les cadres sont contraints d’en rabattre sur leurs prétentions salariales et sur les niveaux de responsabilités auxquels ils postulent. Car durant cette crise qui n’est toujours pas terminée si l’on ne se réfère qu’aux impacts sociaux, les entreprises n’ont pas soudainement décidé de payer la qualification. Bien au contraire, elles se sont saisies pour beaucoup de la crise de 2008 et du chômage de masse pour déqualifier et sous payer. Une situation qui conduit à une profonde insatisfaction des cadres et des salariés qualifiés quant à leurs salaires.
Ainsi, selon un sondage Viavoice pour l’Ugict-CGT, 60 % des cadres et 68 % des techs considèrent que leurs salaires sont en décalage avec leur implication dans le travail. Une insatisfaction qui n’est pas près de retomber car selon une étude du cabinet Deloitte, les entreprises font pour 2017 des prévisions d’augmentations salariales « extrêmement prudentes », à hauteur de 1,8%, quasiment comme l’an dernier à la même époque.
L’étude, citée par l’AFP indique que les entreprises favorisent largement les augmentations individuelles. 54% d’entre elles déclarent ne vouloir appliquer que ce type d’augmentation pour leurs cadres. Une politique très décriée par les cadres qui sont pourtant acteurs du système d’évaluation. C’est ainsi que selon le sondage Viavoice pour l’Ugict-CGT , 66 % des cadres estiment que cette évaluation n’est pas fondée sur les bons critères et 58 % à penser qu’elle manque de transparence.