Pour en savoir plus
Mais de quoi parle Manuel Valls quand il évoque la « consolidation de notre modèle social » alors que les jeunes générations risquent de voir leurs futures pensions baisser de 8,5% ? Où est le progrès social quand on va imposer des abattements les trois premières années de retraite aux salariés qui ne pourraient différer leur départ ? En sachant que 56 % des salariés ne sont déjà plus en emploi au moment de la liquidation de leur pension. N’en déplaise à Laurent Berger de la CFDT qui conteste cette vision des choses, avec cet accord, le Medef parvient à reculer de fait l’âge de la retraite.
Avec cet accord, les retraités qui subissent déjà depuis des années le gel de leurs pensions essuieraient de nouvelles baisses de leur pouvoir d’achat pendant trois années supplémentaires, outre le report au 1er novembre de la revalorisation de leurs pensions.
Quel sens donne Manuel Valls au dialogue social quand celui-ci se résume à négocier sur le cahier des charges dicté par le Medef encouragé par l’exécutif à refuser de partager les efforts ? Avec cet accord en effet, le patronat s’exonère de la plus grande partie des efforts : au total la contribution des salariés actifs et retraités s’établirait à 95 % du besoin de financement contre 5 % pour le Medef : soit 5,7 milliards à la charge des salariés et retraités contre 300 millions pour le patronat.
Préservé, le modèle social ? Quelle blague ! Les deux régimes n’en seront pas pour autant équilibrés et le patronat propose donc de mutualiser les réserves des régimes. Il s’ensuivrait un épuisement anticipé de quatre années des réserves de l’ARRCO qui induirait à terme une baisse du niveau des pensions pour tous. Le modèle social n’est pas préservé quand on renforce tous les mécanismes destinés à précipiter les actifs et notamment les plus jeunes vers les dispositifs d’épargne pour préparer leur retraite, sans aucune garantie…