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Qu’on y songe… l’année dernière, le même rapport tablait sur « seulement » 118 ans. Sur ce sujet, à leur manière, les Islandaises ont marqué les esprits lundi après-midi 24 octobre quand par dizaines de milliers dans le pays, elles ont cessé le travail à l’heure à laquelle, à salaire équivalent aux hommes, elles ne sont plus payées.
Ce mode d’action a été initié en 2005, où l’heure de départ avait été fixée à 14h08. Cinq ans plus tard, les estimations leur faisaient gagner une trentaine de minutes, engendrant un départ à 14h35. Mais six ans plus tard, le gain n’est plus que de trois minutes, ce qui confirme là comme ailleurs que la marche vers l’égalité professionnelle marque le pas.
À ce rythme, il faudra 52 ans pour obtenir une égalité de salaires entre femmes et hommes en Islande.
Et pour ce qui est de la France, l’Indice mondial de l’écart entre les genres de Davos nous place au quinzième rang mondial. Mais on ne parle pas là seulement de salaires car l’indicateur de Davos mesure l’égalité entre les sexes en matière d’accès à l’éducation, à la santé, au pouvoir politique et à l’économie du pays.
Le point faible de la France reste son score sur la participation des femmes à l’économie. Si 67 % des Françaises travaillent, la France est classée 132ème sur le critère de l’égalité de salaire entre femme et homme pour un travail similaire.
Selon la dernière enquête de l’Insee sur les salaires en France en 2013, les femmes gagnent 1934 euros net par mois en moyenne (privé et public confondus), contre 2389 pour les hommes. Soit une différence de 455 euros qui représente un écart de 19 % entre les deux sexes.
Pourtant, alors que notre pays continue d’être à la traîne en matière d’égalité professionnelle entre femmes et hommes, la ministre des Droits des femmes s’est félicitée le 26 octobre de ce que 97 entreprises ont été sanctionnées depuis la fin 2012 pour ne pas avoir respecté leurs obligations.
« 11 000 accords et plans d’action sur l’égalité ont été déposés par les entreprises, 2 147 entreprises ont été mises en demeure, et 97 ont été sanctionnées financièrement », a précisé Laurence Rossignol lors d’une audition par la délégation aux droits des femmes de l’Assemblée nationale. « Le plus souvent, les mises en demeure aboutissent à l’élaboration d’un plan d’action égalité », s’est félicitée la ministre. Il fallait juste « stimuler » les entreprises, a-t-elle ironisé.
Pour l’Ugict-CGT qui a lancé il y a un mois la campagne #VieDeMère, il faut aller plus loin que cette simple stimulation. Il faut sanctionner toute entreprise dans laquelle il y a des écarts de rémunération entre les femmes et les hommes. Aujourd’hui, les sanctions sont liées à une obligation de moyens – ouvrir une négociation – pas à une obligation de résultat – supprimer la discrimination -.
C’est ce qui explique en partie pourquoi si peu d’entreprises ont été sanctionnées. Il faut aussi inciter réellement les entreprises à négocier et à conclure des accords pour supprimer les discriminations de carrière, ce qui suppose de mettre en place un indicateur permettant dans les entreprises et les administrations de mesurer les discriminations sur la carrière.
Mesurer précisément l’impact de la grossesse, la maternité et la situation de famille serait aussi une bonne méthode pour saisir les discriminations et prendre les mesures nécessaires à leur réparation et à leur prévention.