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Tout dans cette affaire donne le sentiment d’une capitulation. Jean-Marc Ayrault allant jusqu’à désavouer son propre ministre du Redressement productif, condamné à faire la potiche dans une réunion entre les syndicats d’Arcelor-Mittal Florange et le gouvernement pour leur dévoiler le quasi chèque en blanc accordé à ce patron dont on connaît la valeur de la parole.
Bien des choses sont graves et préoccupantes pour la suite. D’abord, parce que le gouvernement renonce à nationaliser, donc à assurer son rôle de pilotage économique. Il le fait alors même que son prédécesseur a su le faire pour Alsthom et alors même que certains pays n’ont pas hésité à nationaliser certaines banques lors de la crise de 2008
. Aujourd’hui, Baroin, l’ancien ministre sarkozyste a beau jeu de dire qu’il avait envisagé cette option.C’est donc ce gouvernement qui s’est privé de ce qui est historiquement un marqueur fort d’une politique de gauche, la droite et les libéraux n’en usant en général que pour mutualiser les pertes et faire payer le redressement d’une entreprise à la collectivité nationale.
Par ailleurs cette affaire est calamiteuse du point de vue politique car elle alimente la désespérance sociale, elle appauvrit notre potentiel économique et d’autre part, elle atteste d’un total abandon de l’Etat face aux forces obscures du capitalisme mondialisé incarné par ce patron indien. De quoi donner du miel aux nationalistes de tout poil. La fifille à papa Le Pen aura beau jeu d’aller récolter les fruits de cette désespérance. On n’a donc pas fini de subir les répliques de ce séisme social qui n’ébranle pas que la vallée de la Fensch.
Sarkozy a eu son Grandrange avec les roulements d’épaules et ses promesses en flanelle. Hollande n’aura pas tardé à faire en sorte de traîner un boulet en acier spécial. Pourtant il a toutes les cartes en mains. Et il ne faudra pas s’étonner que les sidérurgistes de Florange ne baissent pas les armes.