L’état d’urgence tient toutes ses promesses antidémocratiques

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L'état d'urgence tient toutes ses promesses antidémocratiques
La France va-t-elle s’installer pour une longue période dans un régime dérogatoire aux libertés publiques ? C’est la question que l’on peut, que l’on doit se poser car il n’aura pas fallu longtemps pour se rendre compte que l’état d’urgence porte atteinte aux libertés publiques et à la démocratie bien plus qu’il ne la préserve.

Illustration : Frederic Legrand – COMEO
Shutterstock.com. Usage éditorial uniquement

 

Quelque 1 800 perquisitions auraient été conduites dans un contexte où le pouvoir administratif prend le pas sur le judiciaire. Qui sont les 933 perquisitionnés sans résultat ? Qui sont ces 253 assignés à résidence ? On sait désormais que les forces de police se sentant les coudées franches usent et abusent de la force de manière indue.

Des dérapages ont eu lieu comme dans ce restaurant de Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise) ou encore chez des particuliers dont les appartements ont été dévastés. Au point que Bernard Cazeneuve a envoyé une circulaire à tous les préfets, mercredi 25 novembre, pour recadrer un peu les perquisitions administratives : « L’état d’urgence n’est en aucune façon une dérogation à l’État de droit. (…) C’est parce que la perquisition administrative est une mesure exceptionnelle qui porte particulièrement atteinte aux libertés individuelles des personnes que les policiers ou les gendarmes qui y procèdent sont tenus d’être exemplaires dans son exécution. »

Mais il y a d’autres dérapages surprenant comme l’assignation à résidence pour deux semaines d’un militant écologiste de Malakoff. Une privation de liberté sans rapport avec les assassinats du 13 novembre, mais qui a tout à voir avec la tenue de la COP21. Et l’on touche là à une autre conséquence de cet état d’urgence : les restrictions à l’exercice de la démocratie, à la liberté d’expression.

En interdisant toutes les manifestations, le gouvernement veut s’exonérer de la contestation de sa politique et des menées patronales. « Nous avons des craintes, car une politique de sécurité et une politique sécuritaire, ce n’est pas tout à fait la même chose. Il y a le risque de pouvoir par là-même bâillonner toute forme d’expression.

Or les problèmes sociaux restent entiers, et exigent des mobilisations », a insisté Philippe Martinez dans une interview à Médiapart. Ce dimanche, tout comme la semaine dernière, des manifestations ont eu lieu un peu partout en France. Les citoyens ont bravé l’interdiction tant pour soutenir les réfugiés que pour manifester leurs exigences à l’égard des 130 chefs d’État réunis au Bourget.

Jeudi dernier, à l’appel d’une vingtaine d’organisations syndicales (dont la CGT 75) et associations, un rassemblement s’est déroulé place de la République pour exiger le droit de manifester. Pour la CGT, il ne saurait être question de laisser condamner sans rien faire cinq salariés d’Air France et supprimer des emplois dans la compagnie. Cette interdiction de manifester est d’autant plus insupportable que par ailleurs ni les matchs de foot, ni les marchés de Noël ne sont interdits.

Quelle belle victoire offririons-nous aux assassins si nous devions renoncer au droit de contester et résister. Résister au terrorisme ne saurait se résumer à pousser son caddie sans crainte.

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