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Faute de réussir à convaincre une opinion toujours favorable au retrait du projet de loi actuellement entre les mains des sénateurs, Manuel Valls nous rejoue l’air de la « chienlit ».
Son passage dans les studios de France Inter au lendemain des manifestations du 14 juin nous a montré un Premier ministre aux abois. La ride du lion bien creusée, les muscles maxillaires tendus, le regard parcourant des éléments de langage soigneusement ciselés par ses spin-doctors, Manuel Valls s’est livré à un exercice ignoble : réussir dans un même souffle fétide à associer la CGT coupable d’une bienveillance ambiguë vis-à-vis des casseurs qui ont « dévasté » l’hôpital qui justement soignait ce jour-là l’orphelin des deux policiers lâchement assassinés à Magnanville. En mathématiques, ça ressemblerait à une relation transitive et nul doute que cette relation n’a pas échappé aux mercenaires de la communication de Matignon et de l’Elysée qui ont écrit les propos qu’à l’évidence (eh oui, la radio fait maintenant de la télé et les images parlent) Manuel Valls avait soigneusement préparés.
Mais voilà, ces insultes et les menaces afférentes d’interdire les manifestations n’y font rien. Selon un sondage IFOP pour Dimanche Ouest-France, une majorité des Français, 60 %, considèrent « justifié » le mouvement contre la loi Travail et ce malgré les violences lors de la manifestation parisienne du 14 juin, ce score est même 1 point au-dessus d’un autre sondage sur le même thème réalisé du 6 au 8 juin. « On peut penser que le gouvernement, engagé dans un bras de fer avec la CGT, comptait sur un retournement ou à défaut sur une érosion du soutien ou de la bienveillance de l’opinion vis-à-vis de la contestation », souligne l’institut de sondage. « Or, ce phénomène ne s’est pas produit ni à la suite du blocage des raffineries et des dépôts de carburants, ni à l’annonce de la poursuite des grèves et des manifestations au lancement de l’Euro de football, ni donc suite aux nouvelles scènes de violence de ces derniers jours ».
Mais comme cette posture lamentable et déshonorante ne saurait suffire, l’exécutif a fait mine d’ouvrir le dialogue en invitant d’abord Jean-Claude Mailly pour FO puis vendredi dernier Philippe Martinez pour la CGT à rencontrer la ministre du Travail.
Pour un résultat attendu… qui fait résolument penser à une stratégie de communication. « Nous avons des désaccords qui ne sont pas nouveaux », mais « nous avons eu un échange constructif, argumenté, sur cette primauté que nous entendons donner à l’accord d’entreprise », a déclaré la ministre du Travail. Plus tôt, Philippe Martinez avait déclaré que les « désaccords se sont confirmés » avec le gouvernement, en particulier sur l’inversion de la hiérarchie des normes faisant primer les accords d’entreprises sur les accords de branche. Balle au centre ? Résolument non.
La balle est toujours dans les pieds du gouvernement. Une équipe qui n’a plus guère de supporters, huée dans son propre camp. Nul en défense, pathétique en attaque, expert en tacles, le capitaine Valls n’enflamme pas le match… il tue le jeu. Carton rouge !