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Ce énième rapport, qui a le mérite de chiffrer le manque à gagner de ces discriminations pour notre économie, ne semble pas émouvoir beaucoup le Medef qui a annoncé la semaine dernière son retrait d’un groupe de travail instauré en vue de l’élaboration d’un rapport qui doit être remis cette semaine à la ministre du Travail. « Les orientations présentées dans ce rapport à ce stade sont très défavorables aux entreprises », a expliqué le Medef. Selon Thibaut Lanxade, vice-président du Medef en charge des TPE et PME, « le rapport fait fausse route » en « stigmatisant les entreprises ». « Les mesures proposées sont du ressort de la coercition, ce qui n’est absolument pas la bonne méthode. Il faut de la prévention ».
Fidèle à lui-même, le Medef entend que les entreprises restent maîtresses chez elles pour perpétuer cette inadmissible inégalité qui fait que les femmes cadres gagnent encore 27 % de moins que les hommes. Cela en contravention avec les textes français et européens. Le Medef qui refuse toute coercition ne s’émeut pas trop que 60 % des entreprises ne respectent pas l’obligation d’être couvertes par un accord égalité ou un plan d’action.
Peu importe donc pour Pierre Gattaz et ses amis que 4 femmes sur 10 ont constaté dans leur travail que la carrière de collègues femmes a été ralentie ou stoppée parce qu’elles ont des enfants. Un chiffre qui devrait aussi interpeller le gouvernement car il vaut autant dans le privé que dans le public. Faire de la prévention, propose le Medef ? Dérisoire défausse alors que grossesse, maternité et situation représentent ensemble le premier motif de saisine du Défenseur des droits pour discrimination dans l’emploi. Les raisons des écarts de rémunération sont connues.
Les femmes « subissent le temps partiel, font moins d’heures supplémentaires, bénéficient de moins de primes, travaillent dans des filières différentes (relations, soins) de celles des hommes (finances, production) », note Brigitte Laloupe dans son ouvrage « Pourquoi les femmes gagnent-elles moins que les hommes ? »
Alors que durant cette semaine la question des inégalités de genre va venir au-devant de la scène, l’Ugict-CGT lance pour sa part une campagne visant à montrer les discriminations dont sont victimes les mères de famille au travail. Intitulée « #viedemère, avoir une carrière, c’est toute une histoire », cette campagne illustrée par des affiches et des tracts invite les femmes, mais aussi les hommes, à partager sur les réseaux sociaux les petites phrases entendues au quotidien et les situations vécues au travail, ces remarques plus ou moins explicites, intrusives, et violentes, qui font dire #VieDeMère !
Elles expriment une discrimination qui pèse sur nous toutes, suspectées d’être avant tout des mères ou de futures mères et donc aujourd’hui ou demain moins engagées dans le travail. Nous nous heurtons ainsi au fameux plafond de verre, barrière invisible qui bloque l’évolution salariale et professionnelle des femmes.
Aujourd’hui l’Ugict-CGT mène campagne pour que #VieDeMère puisse vraiment rimer avec carrière.