5 conseils pour les ingés, cadres et techs CGT pour faire voter contre l’extrême-droite, et pour le programme du Nouveau front populaire dans le cadre du travail

Pour en savoir plus


Temps de lecture : 10 minutes

Il y a un risque que l’extrême-droite arrive au pouvoir. Or, celle-ci n’a jamais défendu les droits des salarié·es, et en particulier des ingés, cadres et techs en tentant de les opposer au reste des travailleur·euses.

Cependant, rien n’est écrit d’avance, et la CGT met tout en œuvre pour que l’extrême droite n’arrive pas au pouvoir.

 

Dans ce contexte particulier, il est donc important de rappeler que chaque voix compte.  Pour que tout le monde puisse se saisir de ces élections, c’est à nous d’aller convaincre nos collègues d’aller voter, et de voter pour le programme du Nouveau front populaire lors des élections législatives du 30 juin et du 7 juillet 2024 afin d’acquérir de nouveaux droits.

 

1 – En tant que salarié·es qualifié·es à responsabilité et syndiqué·es CGT : nous avons un rôle spécifique à jouer dans cette élection

 

En tant que salarié·es qualifié·es à responsabilité (ingénieur·e, cadre, technicien·e, agent·e de maîtrise, profession intermédiaire) nous jouons un rôle particulier dans les entreprises et les services publics.

  • Au quotidien, nous sommes chargé·es de relayer les consignes des directions, mais aussi d’impulser, de coordonner, d’animer le collectif de travail.
  • Mais nous avons aussi à cœur de faire remonter nos remarques à nos directions, sur les besoins des usager·es, des client·es, et ceux des collègues que nous encadrons.

Notre voix porte :

  • quand nous nous exprimons sur les problèmes au travail,
  • quand nous signons une pétition,
  • quand nous nous présentons comme candidat·es aux élections professionnelles,
  • quand nous nous mettons en grève,

Cela a un effet d’entraînement très fort vis-à-vis des autres salarié·es.

 

Nous pouvons donner de l’espoir à nos collègues et leur redonner confiance dans le collectif. L’action de la CGT, avec les autres syndicats, a permis de rassembler les partis de gauche qui étaient divisés. Le Nouveau front populaire est maintenant uni sur de nombreuses revendications des salarié·es. Nous pouvons les faire connaître et donner confiance à nos collègues sur le fait que nos mobilisations collectives (pour nos salaires, nos retraites, la réduction du temps de travail, l’égalité femme-homme) seront plus fortes si le programme du Nouveau front populaire est largement soutenu par le vote les 30 juin et 7 juillet 2024.

La CGT ne donne pas un blanc-seing au Nouveau Front Populaire. Cependant, nous savons d’avance que c’est ce camp politique qui sera le plus à l’écoute de nos urgences, et de nos revendications.

 

2 – On a le droit de prendre des positions politiques au travail

 

Nous avons le droit d’aborder des questions politiques au travail. Il ne s’agit pas de sujets tabous ou “privés” : au contraire, quand les enjeux concernent le travail, il faut pouvoir en parler avec nos collègues !

La liberté d’opinion et d’expression sont inscrites dans le code du travail (article L1121-1 du Code du travail). Un·e salarié peut exprimer ses idées politiques au travail dans la mesure où cela ne perturbe pas le bon fonctionnement de l’entreprise, ne trouble pas le climat de travail, et respecte les obligations professionnelles.

 

Les syndicalistes peuvent aussi s’exprimer librement y compris dans leurs tracts, affiches et publications dont le contenu est « librement déterminé par l’organisation syndicale » (C. trav., art. L. 2142-5). Le contenu des publications ne doit cependant être ni injurieux, ni diffamatoire. Il est donc conseillé de ne pas nommer les personnes, et se référer aux partis ou aux idées et de toujours lier les enjeux politiques et électoraux aux revendications et à la défense des droits des salarié·es.

 

Quand on fait face à un ordre illégal, on a le droit de refuser et d’alerter. C’est le droit d’alerte. Dans la fonction publique :

 

3 – Notre rôle est d’être à l’écoute et de donner confiance en la force du collectif

 

L’objectif est d’être à l’écoute et non pas d’avoir un débat comme sur les plateaux de télévision. Il ne s’agit pas :

  • d’imposer ses vues à ses collègues ou subordonné·es,
  • de rentrer dans le conflit et de risquer de casser le collectif de travail,
  • de faire du prosélytisme outrancier.

Il s’agit plutôt :

  • d’engager la discussion,
  • d’exprimer un point de vue et une analyse

Ces discussions, même si elles n’ont l’air de rien, permettent de lever des tabous, des craintes et de faire connaître les arguments anti-extrême droite autour de soi. En faisant cela, les personnes intéressées disposeront de plus de confiance et d’éléments à partager avec d’autres personnes dans d’autres cadres… pour faire tâche d’huile et œuvrer, chacun·e à son échelle, à empêcher l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir.

 

Notre première mission est de discuter avec tou·tes nos collègues, et spécifiquement avec les ingés, cadres et techs.

 

Pour pouvoir être à l’écoute, il faut avoir conscience des préjugés qui peuvent biaiser les discussions, notamment en lien avec la position sociale qu’on occupe au travail et dans la vie. Plusieurs facteurs peuvent créer une distance :

  • La différence de niveau de diplômes : elle est exploitée par le RN qui cherche à mettre en opposition les personnes qui ont des diplômes, perçues comme des “privilégiées” par rapport aux autres.
  • La différence de rémunération liée à la qualification ou à l’ancienneté avec les collègues
  • La valeur symbolique du métier
  • Le rôle managérial et le lien de subordination, qui peuvent être un frein à la discussion.

 

Les arguments peuvent être irrationnels dans la période actuelle, parce qu’il y a beaucoup d’émotions en jeu :

  • la peur liée aux guerres, au déclassement, aux discriminations (racisme, antisémitisme, sexisme, LGBTphobies…), au changement climatique
  • la colère liée au manque de justice sociale, d’égalité et de démocratie

 

Il faut faire preuve d’écoute, montrer qu’on partage l’insatisfaction liée au contexte, mais aussi chercher à convaincre à partir :

  • de nos propres émotions
  • de ce que nous connaissons sur les sujets qui nous concernent

 

4 – Convaincre à partir de vos arguments

 

En tant que syndicaliste, notre rôle est de défendre les droits des salarié·es. Il faut parler à partir de sa position, en expliquant comment le programme du Nouveau front populaire va défendre vos droits en tant que salarié·e qualifié·e à responsabilité. Il faut instaurer la confiance.

L’utilisation de la méthode “I A E” peut être utile : on illustre (I), on affirme (A), on explique (E).

 

Voici 6 arguments qui peuvent toucher les ingés, cadres et techs :

 

1 – On peut obtenir tout de suite l’abrogation de la réforme des retraites

 On s’est battus pendant 6 mois contre cette réforme injuste, nous étions 4 millions dans la rue et malgré ça Macron est passé en force, alors que 90 % des salarié·es étaient contre.

Le programme du NFP dit que dans les 15 premiers jours après leur victoire ils et elles “[abrogeront] immédiatement les décrets d’application de la réforme d’Emmanuel Macron passant l’âge de la retraite à 64 ans”

Le RN, au contraire, ne s’engage pas à abroger la réforme en urgence.

 

A la CGT nous revendiquons aux côtés de tous les autres syndicats l’abrogation de la réforme des retraites.

 

2 – On peut obtenir cet été la garantie du maintien de notre pouvoir d’achat

> 86% des cadres souhaitent des augmentations collectives de salaire pour garantir leur pouvoir d’achat

> Plus de ⅔ des professions intermédiaires ayant perçu une rémunération supplémentaire l’année dernière estime que celle-ci n’a pas permis de maintenir leur pouvoir d’achat

> 9 professions intermédiaires sur 10 sont favorables à l’indexation des salaires sur l’inflation

(Baromètre 2023, ViaVoice/Secafi)

Ces dernières années le pouvoir d’achat des ingés, cadres et techs a reculé sous l’effet de l’inflation et en l’absence d’indexation de tous les salaires sur les prix, qui a existé en France jusqu’en 1982 et qui est en place en Belgique.

Le programme du NFP dit qu’ils et elles “[indexeront] les salaires sur l’inflation” dans les 100 premiers jours après leur victoire.

Le RN au contraire ne souhaite pas garantir le maintien du pouvoir d’achat des ingés, cadres et techs, il a voté contre une proposition de loi sur ce thème le 17 octobre 2022.

 

Pour l’Ugict-CGT, il faut :

–       augmenter tous les salaires

–       appliquer des minima salariaux à l’embauche – selon le niveau de qualification initiale ou acquise par l’expérience – sur la base de la revendication CGT d’un Smic brut à 2 000 € bruts : 1,6 fois le Smic soit 3 200 € bruts pour un bac+2 (BTS-DU), 1,8 fois le Smic soit 3 600 € bruts pour un bac+3 (licence), 2 fois le Smic soit 4 000 € bruts pour un bac+5 (master, titre d’ingénieur), 2,3 fois le Smic soit 4 600 € bruts pour un bac+8 (doctorat)

–       le doublement du salaire sur la carrière.

 

3 – On peut obtenir la retraite à 60 ans

> Plus d’un cadre sur deux (56 %) souhaite une réforme des retraites qui rétablisse l’âge de départ à 60 ans avec une prise en compte des années d’études.

> Près de 2 professions intermédiaires sur 3 (65%) souhaitent une réforme des retraites qui rétablisse l’âge de départ à 60 ans avec une prise en compte des années d’études

(Baromètre 2022, ViaVoice/Secafi)

 

Le droit de bénéficier d’une retraite à 60 ans est souhaitée par une majorité de salarié·es qui veulent pouvoir :

–       protéger leur santé et ne pas être usé·e au travail, or l’espérance de vie sans incapacité est de 65 ans

–       ne pas avoir à subir une période de chômage avant la retraite,

–       profiter de leur retraite.

Elle est aussi souhaitable pour mieux répartir le travail entre les salarié·es jeunes et expérimenté·es.

 

Le programme du NFP dit qu’ils et elles veulent construire “un nouveau droit à la retraite” dont “l’objectif” est “le droit à la retraite à 60 ans”. Ils et elles annoncent notamment qu’ils souhaitent indexer le montant des retraites sur les salaires.

Pour financer ce nouveau droit à la retraite le NFP propose notamment :

–       de soumettre à cotisation la participation, l’épargne salariale : c’est important pour nous, car les entreprises privilégient ces modes de rémunération au détriment de l’augmentation de nos salaires. Le fait de soumettre à cotisation ces éléments de rémunération est une proposition de la CGT. On sait qu’elle rapporterait 3 Mds d’euros.

–       de soumettre à cotisation les dividendes et les rachats d’actions : c’est important car cela permet de contenir le recours à ces outils de financiarisation des entreprises qui conduisent les directions à ne pas investir dans les salaires, les outils de travail, la R&D et qui intensifient le travail. Les dividendes ont augmenté de 31 % depuis 2017 et les grands groupes utilisent de plus en plus le rachat d’actions pour mieux rémunérer les actionnaires. Le fait de soumettre à cotisation ces éléments de rémunération est une proposition de la CGT. On sait qu’elle rapporterait 14 Mds d’euros.

–       d’augmenter les cotisations sociales pour financer les retraites. Il s’agit là aussi d’une proposition de la CGT. On sait qu’une hausse de deux points du taux de cotisation rapporterait 30 Mds d’euros.

Le programme du Nouveau front populaire a été validé par de nombreux·ses économistes. 

 

Pour le RN, sur la retraite à 60 ans, rien n’est clair : un jour c’est oui c’est non. Et ces derniers jours c’est souvent “oui mais non”.

Ce qui est sûr par contre c’est que pour les ingés, cadres et techs c’est :

–       qu’il n’y aura pas de retraite à 60 ans pour les personnes qui ont commencé à travailler après 20 ans

–       qu’il n’y aura pas de remise en cause de la durée de cotisation (42 ou 43 ans) qui repousse toujours l’âge auquel nous pouvons partir à la retraite avec un bon niveau de pension

–       qu’il n’y aura pas de financements supplémentaires alloués à nos retraites et que toutes les éventuelles mesures seront conditionnées à un “audit financier”.

Pour une analyse plus approfondie sur le positionnement du RN concernant nos retraites : https://ugictcgt.fr/rn-retraites-2024/

 

Pour l’Ugict-CGT il faut :

–       le droit à la retraite dès 60 ans

–       avec minimum 75 % du dernier salaire

–       et la prise en compte des années d’études

 

4 – On peut obtenir des services publics (hôpital, école) de meilleure qualité

Les services publics se dégradent d’ailleurs les salarié·es qualifié·es à responsabilité de ce secteur le disent :

> 34% des professions intermédiaires estiment ne pas avoir les moyens de faire un travail de qualité. (Baromètre 2023, ViaVoice/Secafi)

 

Le programme du Nouveau Front Populaire prévoit :

–       dans les 15 premiers jours de valoriser tout de suite les salaires des soignant·es : hausse de 10 % du point d’indice, revalorisation du travail de nuit et du weekend,

–       dans les 100 premiers jours de faire passer des lois sur notre système de santé et d’éducation pour les renforcer (recrutements et investissements). Pour le programme du Nouveau front populaire “personne ne doit habiter à moins de trente minutes d’un accueil physique des services publics”.

 

Le RN conditionne toutes ses mesures sociales aux résultats d’un “audit financier” dont on ne sait pas ce qu’il va donner et qui leur permet de botter en touche.

 

La CGT revendique des moyens pour les services publics sur tout le territoire.

 

5 – On peut gagner de nouveaux moyens pour la démocratie sociale

 

Le RN est un parti d’extrême-droite, comme l’a rappelé le Conseil d’Etat dans sa dernière décision. Dans les autres pays, les gouvernements d’extrême-droite affaiblissent les contre-pouvoirs (syndicaux, associatifs, politiques) notamment en supprimant leurs moyens. Le RN est contre la démocratie sociale, pour rappel, il s’est allié avec Marion Maréchal qui revendique de limiter le droit de grève.

 

Au contraire, dans son programme le Nouveau front populaire déclare vouloir rétablir les moyens qu’ont les salarié·es pour faire valoir leurs droits, avec la remise en place des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) supprimés par les ordonnances Macron de 2017. Ces instances disposaient de plus de pouvoirs que les actuels comités sociaux et économiques (CSE). Le programme indique également vouloir “protéger les lanceurs d’alerte” et “défendre et renforcer les libertés syndicales et associatives et en finir avec leur répression”.

 

L’Ugict-CGT revendique la remise en place des CHSCT et de nouveaux pouvoirs pour les instances représentatives des salarié·es (droit de veto), et le droit pour les ingés cadres et techs aient une liberté d’expression et disposent d’un droit d’alerte, de refus et de proposition alternative.

 

6 – On peut protéger les personnes étrangères

Le RN cible les étranger·es dans son programme, il veut notamment leur retirer des droits sociaux et réduire la venue de salarié·es étranger·es en France.

Aujourd’hui ni les entreprises ni les services publics ne peuvent se passer de ces salarié·es notamment qualifié·es :

–       1 ingé en informatique sur 7 est étranger·e,

–       l’hôpital public ne peut pas fonctionner sans médecins étranger·es,

–       notre recherche publique privée repose sur la présence de chercheurs·ses étranger·es en France.

Nous souhaitons que les salarié·es étranger·es puissent travailler aussi sereinement et bénéficier des mêmes droits sociaux que les salarié·es français·es.

 

L’Ugict-CGT revendique la régularisation des salarié·es sans papier et la reconnaissance de leurs qualifications.

 

5 – Expliquer la démarche de la CGT et proposer aux collègues de nous rejoindre

Les syndicats ont pour mission “l’étude et la défense des droits ainsi que des intérêts matériels et moraux, tant collectifs qu’individuels” des travailleurs·ses (article L. 2131-1 du code du travail).

Le contexte politique actuel est très grave et les salarié·es risquent de perdre des droits et de subir la régression sociale. C’est le rôle de la CGT de prendre ses responsabilités et de défendre leurs intérêts.

Ces responsabilités sont inscrites dans les statuts du syndicat.

La CGT “agit pour une société démocratique, libérée de l’exploitation capitaliste et des autres formes d’exploitation et de domination, contre les discriminations de toutes sortes, le racisme, la xénophobie et toutes les exclusions. (…) Les mutations du monde et des sociétés appellent de nouvelles conquêtes sociales garantissant les droits fondamentaux des personnes et le respect des peuples, assurant que les richesses, fruit du travail des hommes, financent le progrès social, le bien être et qu’elles concourent, au travers d’un nouveau type de développement, à la sauvegarde de la planète.”

Dans le préambule de 1936 des statuts de la CGT il est inscrit que le mouvement syndical “se réserve le droit de répondre favorablement ou négativement aux appels qui lui seraient adressés par d’autres groupements en vue d’une action déterminée. Il se réserve également le droit de prendre l’initiative de ces collaborations momentanées, estimant que sa neutralité à l’égard des partis politiques ne saurait impliquer son indifférence à l’égard des dangers qui menaceraient les libertés publiques comme les réformes en vigueur ou à conquérir.”

 

On peut s’organiser collectivement pour gagner de nouveaux droits. Appeler au vote pour le programme du Nouveau front populaire n’est pas lui donner un chèque en blanc.

Le programme du Nouveau front populaire n’est pas le programme de la CGT. La victoire dans les urnes est nécessaire, mais pas suffisante. Si le Nouveau front populaire est majoritaire, la CGT organisera la pression populaire pour garantir l’application de son programme et aller plus loin.

 

Nous pouvons proposer à nos collègues de nous aider et de nous rejoindre en se syndiquant.

 

Restez informés


À propos

Voir aussi

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *