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Lors de sa visite à l’Université de Caen le 3 novembre dernier, le Président de la République a exposé lors d’un colloque les ambitions de la France pour la Recherche.
Malheureusement, passer de 2,25 % à 3 % en dix ans, la part du produit intérieur brut (PIB) consacré à la recherche et au développement, repousse une nouvelle fois un objectif déjà fixé par l’Europe à 2020 et non 2027. Au-delà des déclarations d’intentions du Président, les actes se font attendre.
3 % dès 2020
Dans son rapport annuel sur l’état de la France de juin 2016, la section des activités économiques du Conseil Economique Social et Environnemental estimait d’ailleurs indispensable d’atteindre l’objectif de 3 % inscrit dans la stratégie « Europe 2020 » et soulignait que cette remise à niveau nécessiterait dès aujourd’hui un effort supplémentaire de 16 milliards d’euros par an, public et privé confondu. Comme le CESE l’a titré, il y a urgence d’un sursaut et d’un engagement dans la durée.
Favoriser la recherche fondamentale
Pour favoriser véritablement la recherche fondamentale, comme semble le souhaiter le Président de la République, cet accroissement de l’effort doit passer impérativement par une augmentation notable des financements récurrents et de l’emploi scientifique pérenne au sein des organismes publics de recherche et d’enseignement supérieur.
Instaurer de meilleurs salaires à l’embauche
Le Président de la République a également mis en avant : « les débuts de carrière afin que les plus jeunes puissent trouver en France les conditions matérielles qui les encourageront à rester ou à rentrer lorsqu’ils sont
partis étudier à l’étranger. »
En effet, il est urgent, sous peine de décrochage de notre pays, de résorber la précarité qui sévit dans le secteur de la recherche publique, en renforçant et en stabilisant les équipes, en améliorant les conditions
salariales des jeunes chercheurs, mais également en optimisant les déroulements de carrières afin qu’ils soient à la hauteur des qualifications de haut niveau de nos chercheurs.
Reconnaissance du titre de docteur dans les conventions collectives
En ce qui concerne la recherche privée, si l’on veut que les jeunes diplômés investissent les laboratoires, certes la reconnaissance du titre de docteur dans les conventions collectives des entreprises est nécessaire mais ce n’est pas suffisant. Il est impératif de mettre en œuvre une politique volontariste afin de pousser les entreprises, grandes comme petites, à embaucher ces jeunes fortement qualifiés. Notamment en attachant la création d’emplois dans le secteur de la recherche aux aides publiques distribuées.
Remettre à plat les aides publiques aux entreprises
Car, en dépit des incitations très importantes de l’Etat, comme par exemple le Crédit d’Impôt Recherche, qui avoisine actuellement les 5.5 Md€ (soit environ 0.25 % du PIB), la progression de l’investissement propre des
entreprises (~ +0.12 % du PIB sur les 10 dernières années) est loin d’être à la hauteur. La CGT prône une utilisation différente des aides publiques aux entreprises. Il faut impérativement remettre à plat tous les outils d’aide qui existent aujourd’hui et plus particulièrement le Crédit d’Impôt Recherche qui est loin d’être efficace, parfois même dévoyé à des fins d’optimisation fiscale.
Les moyens mis en œuvre doivent être à la hauteur des enjeux. Aujourd’hui, le compte n’y est pas. Le rayonnement scientifique de la France à moyen et long terme dépend pourtant de l’investissement mobilisé dès à présent pour le soutenir.