Prime Macron : des syndicats interpellent leurs PDG pour exiger des augmentations de salaires !

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Face au mouvement social, Emmanuel Macron a annoncé des mesures en trompe-l’oeil limitée à celles et ceux ayant les revenus les plus faibles. Pour épargner les entreprises et les ultrariches, elles seront financées par de nouvelles coupes dans les services publics et la protection sociale. 

[AGIR] Interpellez votre direction et faites le savoir : https://bit.ly/2LqX2C5

 

 

Les entreprises sont également « invitées » à verser une prime de fin d’année à leurs salarié·e·s. Cette prime n’étant pas obligatoire, la majorité des entreprises ne la versera pas ou s’en servira comme d’un effet d’aubaine pour ne pas verser des augmentations prévues et profiter de la défiscalisation. C’est ce que confirment les premières remontées des grands groupes : une prime forfaitaire et limitée aux plus bas salaires alors que les négociations salariales sont bloquées et que, notamment pour les ingés, cadres et tech, les augmentations collectives sont de plus en plus rares, remplacées par quelques augmentations individuelles arbitraires et inégalitaires. Dans de nombreuses entreprises, il n’y a pas eu d’accord salarial, ce qui signifiera souvent alors que l’inflation est estimée à 1,9 % en 2018, une baisse de pouvoir d’achat.

Non au partage de la pénurie !

Au lieu de taxer les profits et dividendes records, Emmanuel Macron partage la pénurie au sein du monde du travail, au mépris de l’exigence de justice sociale et fiscale de la mobilisation.

Rappelons en effet que :

  • Depuis 2009, 2/3 des bénéfices des entreprises du CAC 40 ont été distribués aux actionnaires sous forme de dividendes, contre 30 % en 2000. La France est la championne du monde du versement de dividendes.
  • 25 % de cadres sont payés en-dessous du plafond de la sécurité sociale (3 311 € brut mensuel) en 2018 contre 18 % en 2008. Le tassement des salaires pénalise les plus qualifié·e·s. 
  • Un an après avoir validé son bac+5, un jeune diplômé est seulement rémunéré 30 000 € brut en moyenne, et 28 000 € brut un an après le bac +3.
  • 62 % des technicien·ne·s et professions intermédiaires considèrent que leur rémunération est en décalage avec leur implication, 61 % avec leur charge de travail et 51 % avec leur qualification.
  • Les femmes cadres gagnent toujours 26 % de moins que les hommes pour un même temps de travail.

La CGT et son Ugict exigent des augmentations de salaires générales, la reconnaissance et la rémunération des qualifications et la suppression des inégalités F/H et appellent à la mobilisation le 18 décembre prochain.

Dans les entreprises, les syndicats CGT interpellent leurs PDG et mobilisent les salariés pour exiger des augmentations collectives de salaires.

Pour exemple, les syndicats suivants ont interpellé leurs PDG pour obtenir augmentations de salaires, suppression des inégalités F/H et prime de fin d’année :

Accenture

Les profits d’Accenture France ont augmenté de 28,8 % au premier semestre 2018. Cette augmentation est largement répercutée aux actionnaires qui ont récupéré 84 % du cash généré par l’activité en 2017. Par contre, le montant de la participation des salarié·e·s a été divisé par 3 en 2017 et depuis plusieurs années aucun accord d’entreprise n’a été signé sur les salaires. En cause, la politique de la direction qui refuse toute augmentation collective des salaires et concentre les primes et augmentations sur une minorité de bénéficiaires. Par exemple en 2017, 64 % du bonus global annuel a été capté par 16 % des salarié·e·s. Cette individualisation des salaires creuse les inégalités femmes/hommes : 1/3 des femmes d’Accenture ont un écart de salaire avec les hommes de la même catégorie. L’Ugict-CGT Accenture a interpellé par une lettre ouverte le PDG sur les salaires et les primes mais n’a pas encore eu de réponse.

AXA

Les négociations salariales viennent de s’ouvrir avec comme proposition de la direction 0,8 % d’augmentation de salaire pour les non cadres, et pour les cadres pas d’augmentation collective et 1,5 % d’augmentations individuelles. Ce alors que 50 à 60 % des profits iront aux dividendes en 2018 contre 45 à 55 % actuellement. Depuis 2012, les bénéfices ont progressé de 25 %, les dividendes de 56 % et les salaires de 9 %.

St Microelectronics

En 2017, les salaires de la direction ont augmenté de 35 %, ceux des salarié·e·s de 2,5 % en moyenne. La CGT de St Microelectronics a interpellé la direction sur les salaires et les primes mais n’a pas encore eu de réponse.

Groupama

Les négociations salariales sont en cours. Il n’y a pas eu d’augmentation générale depuis 5 ans. Les augmentations individuelles ne bénéficient qu’a un tiers des salarié·e·s.

Cap Gemini

La direction vient d’annoncer une prime de 500 € à 1 000 € limitée aux 25 % de salarié·e·s ayant les salaires les plus faibles. Il n’y a pas d’augmentation salariale. L’entreprise fait un milliard d’euros de bénéfices par an. Les salarié·e·s sont appelé·e·s à se mettre en grève le 14/12.

BNP

Une grève unitaire a eu lieu le 4/12 pour les salaires. Sous la pression de la mobilisation, le PDG vient d’annoncer une prime de 1 000 € qui concernera seulement 60 % du personnel. Il refuse toujours une augmentation générale des salaires, et les négociations se sont finies sur un constat de désaccord. Dans le même temps, 50 % du résultat est distribué aux actionnaires, les dividendes ont augmenté de 12 % en 2017. Seuls 3 % des résultats sont distribués aux salarié·e·s sous forme de participation et d’intéressement, avec un montant en baisse de 0,47 % en un an.

Total

Les augmentations générales annoncées par la direction sont inférieures à l’inflation : 1,7 % pour les ouvriers, employés techniciens agents de maitrise, 0.5 % pour les cadres. La prime de 1 500 € sera versée en février et proratisée en fonction du temps de travail, pénalisant ainsi les femmes, majoritaires sur les emplois à temps partiels.

Saint Gobain

La CGT Saint Gobain a adressé une lettre ouverte au PDG. En effet, 40% du résultat net de Saint Gobain est absorbé par les dividendes, sans compter les destructions et rachats d’actions décidés cette année par le groupe pour un montant de 340 millions d’euros, dans le seul objectif de faire monter la valeur de l’action

La CGT Saint Gobain demande au PDG :

– D’accorder aux salariés de Saint Gobain, directs comme indirects, une prime de fin d’année significative d’une valeur de 1500 €.

– D’engager des négociations sans attendre pour instituer un treizième mois de salaire pour l’ensemble des salariés.

– De tenir compte, dans les prochaines négociations « salaires », d’une meilleure répartition des richesses du groupe indépendamment des résultats individuels desentreprises qui le compose.

– Le rattrapage immédiat des inégalités salariales Femme/Homme dans le cadre d’une enveloppe dédiée.

– L’application à l’ensemble du personnel d’une augmentation générale « plancher ».

Société Générale

La direction a annoncé 250 € de « prime Macron », ce qui sonne comme une provocation alors que dans le même temps, elle supprime les avantages de fin de carrière, avec une perte en moyenne de 6 000 € par salarié et 9 000 € pour les cadres. Ajoutons qu’il n’y a pas eu d’augmentations collective depuis 8 ans, et qu’en 2018 la banque a fait 5 milliards de bénéfices, versés pour moitié en dividendes. La CGT et la CFDT appellent à la grève le 14/12.

Renault Trucks (Groupe Volvo)

La CGT Renault Trucks a interpellé par lettre ouverte le PDG le 12 décembre dernier, sans réponse pour l’instant.

Via un formulaire, l’Ugict-CGT invite les syndicats à interpeller leur PDG et complétera cette liste.

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