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Trois Ă©vĂ©nements sont venus se percuter ces derniers jours que l’on pourrait penser sans rapport entre eux. Or ils sont totalement imbriquĂ©s.
Il y a eu d’abord l’Ă©pilogue de l’errance de l’Ocean Viking, le navire humanitaire affrĂ©tĂ© par SOS MĂ©diterranĂ©e pour porter secours aux migrants en perdition. Après le refus de Meloni de laisser dĂ©barquer les 234 migrants (dont 44 enfants isolĂ©s) de son bord, le navire a pu enfin accoster en France.
Cette sĂ©quence a de nouveau mis en lumière Ă la fois la lâchetĂ© cynique du gouvernement français, l’ignominie de l’extrĂŞme-droite des deux cĂ´tĂ©s des Alpes, l’instrumentalisation politique de cette crise et les dĂ©faillances des États membres de l’Union EuropĂ©enne.
 « L’Italie ne tient pas l’engagement fondamental dans le mĂ©canisme de solidaritĂ© europĂ©enne, nous ne tiendrons pas la contrepartie qui Ă©tait prĂ©vue, c’est-Ă -dire d’accueillir 3000 migrants actuellement sur le territoire italien », a annoncĂ© le porte-parole du gouvernement, Olivier VĂ©ran ce dimanche. Quand les damnĂ©s de la Terre sont au cĹ“ur d’un odieux chantage, la devise de fraternitĂ© prend du plomb dans l’aile.
DĂ©barquĂ©s Ă Toulon, les 234 migrants secourus ne sont pas encore au bout de leur chemin de croix, car le gouvernement entend trier les demandeurs d’asile et procĂ©der promptement Ă la reconduite dans leurs pays d’origine de celles et ceux qui seront jugĂ©s irrecevables.
« Il est temps que soit mis en place un vĂ©ritable mĂ©canisme opĂ©rationnel et pĂ©renne de rĂ©partition des exilĂ©s secourus en MĂ©diterranĂ©e centrale. L’instrumentalisation politique de cette crise est indigne des dĂ©mocraties europĂ©ennes », a lancĂ© Sophie Beau, Co-fondatrice de SOS-MĂ©diterranĂ©e lors d’une confĂ©rence de presse Ă Toulon.
« La France a su accueillir dignement les réfugiés venus d’Ukraine », a rappelé Olivier Masini, secrétaire général de l’UD CGT du Var. « Nous sommes ici pour affirmer les valeurs humanistes de notre syndicat et pour demander que les réfugiés débarqués aujourd’hui puissent bénéficier d’un traitement similaire.  »
Au-delĂ des polĂ©miques, des marchandages diplomatiques, c’est la question de la solidaritĂ© entre le nord et le sud qui est posĂ©e. Car toute l’humanitĂ© est embarquĂ©e sur le mĂŞme navire. Et pour beaucoup des 8 milliards de Terriens que nous sommes depuis ce dimanche – c’est le deuxième Ă©vĂ©nement de ces derniers jours – la vie est devenue insupportable. Le flot des victimes des guerres, comme du rĂ©chauffement climatique n’est pas prĂŞt de se tarir. Il y a dès lors un cynisme intolĂ©rable Ă vouloir trier qui on sauve, qui on accueille et qui on laisse se noyer en mer, Ă n’accueillir que ceux qui pourraient occuper des emplois en tension comme le propose Darmanin.
La solidaritĂ© entre pauvres et riches, entre nord et sud, il en est aussi question Ă la COP 27 qui se poursuit en Egypte cette semaine – et on en arrive au troisième Ă©vĂ©nement de ces derniers jours. On doit y dĂ©battre des compensations et des aides aux pays pauvres, petits pollueurs mais premières victimes, que nombre de ces migrants fuient au risque de leur vie.
Et lĂ encore, le cynisme des pays riches est insupportable. Premiers Ă©metteurs de gaz Ă effet de serre, les pays les plus riches mĂ©gotent les aides financières et les dĂ©dommagements promis lors de la prĂ©cĂ©dente COP Ă Glasgow. Ces aides qui devraient par exemple servir Ă aider l’Afrique, qui court vers l’horizon de 2,5 milliards d’habitants, Ă se dĂ©velopper dans une trajectoire bas carbone. Au lieu de cela, TotalEnergies s’apprĂŞte Ă commencer des travaux de forage dans l’un des plus beaux parcs naturels d’Ouganda pour alimenter en pĂ©trole brut le plus long pipeline chauffĂ© au monde. Un tuyau de 1 440 kilomètres qui menace l’accès Ă l’eau et la sĂ©curitĂ© alimentaire de plus de quarante millions de personnes. « Si nous n’arrivons pas Ă arrĂŞter ce projet, ce sont jusqu’à 34 millions de tonnes de CO2 qui seraient Ă©mises chaque annĂ©e durant vingt-cinq ou trente ans et prĂ©cipiteraient le bouleversement climatique et son cortège de catastrophes meurtrières », a dĂ©noncĂ© un collectif dans une tribune au Monde.
Face au rĂ©chauffement et Ă ses consĂ©quences humanitaires, nos pays, nos industriels, nos gouvernements ont une responsabilitĂ© immense Ă assumer. Une responsabilitĂ© et aussi une culpabilitĂ© Ă l’Ă©gard des plus faibles.
Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT
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