
La montée en puissance des mobilisations sociales sur les salaires pourrait connaître ce mardi 18 octobre une nouvelle étape avec la journée nationale interprofessionnelle unitaire à l’appel de la CGT, FO, FSU, Solidaires, les organisations lycéennes et étudiantes UNEF, FIDL, VL MNL.
C’est qu’après celle du 29 septembre dernier, on a vu se multiplier et se durcir des grèves non seulement dans le secteur des raffineries, mais aussi dans « l’agroalimentaire, les crèches, les transports publics, l’énergie et nucléaire, les organismes sociaux, les banques-assurances, les services informatiques, la maintenance industrielle, l’éducation, la santé, le commerce, la métallurgie… », énumèrent ainsi les syndicats dans leur appel.
Côté gouvernemental et patronal, la perspective d’un automne incandescent et la multiplication des grèves inquiète et fait perdre les pédales. L’usage par les préfectures des réquisitions contre les grévistes des raffineries et dépôts en témoigne. Privé de majorité absolue à l’Assemblée, taraudé par l’envie de recourir au 49.3, le gouvernement redoute la crise sociale qui enfle au moment même où Emmanuel Macron veut boucler avant la fin de l’année sa réforme des retraites.
La crise sociale qui est en train de s’amplifier signe l’échec patent de la dérégulation des relations sociales entreprise par la loi Travail. Au prétexte de faire progresser le dialogue social, les néo-libéraux ont voulu transférer l’élaboration des règles du travail au niveau de la négociation dans l’entreprise, au détriment de la définition de cadres par la loi et les conventions collectives. Or à quoi assistons-nous , si ce n’est à l’échec de la négociation collective qui pousse les travailleurs à entamer des bras de fer pour réclamer un juste partage de la richesse créée ?
Le gouvernement a beau jeu de renvoyer dos à dos patrons et syndicats alors même qu’il refuse d’augmenter significativement le Smic, qu’il refuse de contraindre les dizaines de branches professionnelles dont les minima sont inférieurs au Smic à s’aligner sur ce plancher légal. Qu’il refuse de s’attaquer au temps partiel imposé qui maintient dans la pauvreté des dizaines de milliers de travailleuses pour l’essentiel. Ce refus obstiné, idéologique, a pour effet mécanique de ne pas permettre l’évolution des salaires au-dessus du Smic. Le gouvernement a bel et bien en main deux moyens à sa disposition comme le revendique la CGT. Il peut légiférer pour relever automatiquement les minima en fonction de l’augmentation du Smic et mettre en place l’échelle mobile des salaires, qui permettrait à tous les salaires d’augmenter en même temps que le Smic.
Ce qui est en train de se jouer ne concerne pas que les plus bas salaires. Dans ce contexte d’hyper-inflation, tous les salariés sont concernés par les pertes de pouvoir d’achat et d’une manière plus récurrente, les salariés les plus qualifiés sont très concernés par le tassement des grilles, la non reconnaissance des qualifications et des responsabilités. Quand un ingénieur sous-traitant de l’aéronautique affiche un salaire de 2325 euros par mois après 10 ans d’ancienneté, quand un autre ingénieur en biologie annonce un pourboire de 1400 euros par mois. Quand les enseignants sont parmi les plus mal payés de la zone euro. Quand une infirmière annonce gagner 1750 euros net avec 13 ans d’ancienneté alors qu’elle paye 600 euros de crèche pour pouvoir aller travailler… Ces témoignages, ils fleurissent sur le #balance ton salaire. Ils témoignent de ce que la France est devenue, un pays de bas salaires. Ceux qui font mine de le découvrir vivent sur une autre planète. Ils sont vraiment hors sol. Ces témoignages qui affluent attestent de cette réalité et apportent leur soutien aux grévistes. Ils disent aussi la disponibilité des salariés de l’encadrement pour lutter.
Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT
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