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Cela fait maintenant des années que les mobilisations pugnaces des personnels de santé nous ont révélé la crise profonde du système de santé dans sa globalité et pas seulement une crise du service public hospitalier.
Les grippes saisonnières, les bronchiolites infantiles, puis la pandémie du Covid passent et chaque fois les mots manquent pour parler de la saturation, l’asphyxie, l’épuisement des personnels. La pandémie a révélé et sans doute amplifié la fuite des personnels qui quittent l’hôpital parce qu’ils et elles ne supportent plus les conditions de travail qui leur sont imposées. Le personnel est maltraité et épuisé, la pénurie de postes, de lits, de médecins est générale. Les soignant.es n’en peuvent plus.
Et voilà qu’après le burn-out des urgences d’Orléans, on annonce un peu partout dans le pays la fermeture la nuit de services d’urgences comme à Bordeaux. Une ville de 800 000 habitant.es privée de ses urgences la nuit…
Et si le scénario du pire était en train de s’écrire ? Probable à en croire l’Association des petites villes de France (APVF) qui a interpellé la nouvelle ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, en évoquant les hôpitaux de Sarlat (Dordogne), Jonzac (Charente-Maritime), Sainte-Foy-la-Grande (Gironde), Guingamp (Côtes-d’Armor) ou Chinon (Indre-et-Loire), « où l’activité est carrément suspendue ». Et ce sont aussi plus d’une centaine d’établissements hospitaliers qui sont touchés par le manque de personnel. Dans 6 centres hospitaliers, dont ceux d’Amiens ou Châteauroux, on a mis en place un délestage des patient.es vers d’autres établissements, tandis qu’à Rennes, Roubaix et Tourcoing, on a déclenché le plan blanc qui oblige à reporter certaines opérations non urgentes, à repousser les hospitalisations programmées et aussi à rappeler du personnel en congé. « J’ai demandé aux ministres concernés de se pencher sans attendre sur ce sujet et de faire des propositions très rapidement pour prendre des mesures efficaces pour l’été », a annoncé la Première ministre Élisabeth Borne qui ne peut pas jouer l’étonnement ou la surprise. On en est donc à imaginer quelles rustines, quels cautères sur une jambe de bois va bien pouvoir imaginer le gouvernement. En tout cas, on peut douter de la réelle volonté de répondre aux revendications de la communauté hospitalière alors que l’ex-ministre de la Santé, Olivier Véran disait encore le 12 mai dernier « Non ce n’est pas un problème salarial, ce n’est pas un problème d’effectif, c’est un problème d’organisation ».
Face à un tel déni, les personnels sont de nouveau appelés, notamment par la CGT à se mobiliser le 7 juin dans tout le pays pour demander notamment l’arrêt des fermetures de services d’urgences, et réouverture de ceux déjà fermés ; le remplacement des départs, arrêts maladie, congés maternité et un plan national de recrutement de 100 000 personnes. Cette question des effectifs est en effet centrale pour commencer à résoudre la question de l’attractivité. Mais n’en déplaise à Olivier Véran, la question salariale est aussi déterminante et les mesures que le gouvernement a dû consentir lors du Ségur de la santé ne sont pas suffisantes. Il faut là comme dans toute la fonction publique un vrai dégel du point d’indice, une majoration franche des heures de nuit, des dimanches et fériés.
Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT
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