
Que fallait-il entendre du discours présidentiel du 9 novembre ? Une nouvelle exhortation à se faire vacciner ? Ou bien le discours de campagne d’un candidat qui ne veut toujours pas se déclarer ? Les plus malicieux ont fait observer que la dernière fois qu’Emmanuel Macron a été interrogé c’était par McFly et Carlito dans un concours d’anecdotes sur Youtube depuis les salons de l’Elysée. Et que du coup, il s’est encore offert 27 minutes d’un tunnel d’autosatisfaction hors sol sans être interrompu par les questions qui fâchent, dans la même veine que son discours programmatique du 12 juillet dernier.
Attendu sur ses annonces sanitaires, alors que l’on nous prédit une cinquième vague et des mesures drastiques chez nos voisins, l’essentiel de son discours se résume à un satisfecit. Le voilà qui s’attribue le taux de croissance à plus de 6 % et le taux de chômage le plus bas depuis quinze ans. Mais sans contradicteur, ni journaliste pour lui faire remarquer qu’il s’agit seulement d’un rebond économique attendu du fait de la reprise des activités mises en sommeil et largement financé par l’argent public déversé avec le « quoi qu’il en coûte ». Quant à l’embellie sur le front du chômage, le diable est encore dans les détails, car ce sont encore et toujours les contrats courts, les petits boulots qui font florès. Dès lors que lui et ses ministres saturent les ondes de ce panégyrique de la Macronie, il n’y a plus de mystère : Emmanuel Macron veut poursuivre en donnant chaque jour d’avantage de gages aux électeurs d’une droite atomisée, déboussolée, travaillée par la zemmouritude, une forme contagieuse de gangrène de la pensée.
Et là , le programme est on ne peut plus clair : réforme de l’assurance-chômage, réforme des retraites, défiscalisation des heures supplémentaires. Si Emmanuel Macron a mis au centre de son action le mot « travail » répété une bonne quinzaine de fois, c’est notamment pour confirmer et justifier un nouveau tour de vis sur l’assurance-chômage. Faute d’emploi, c’est la chasse aux chômeurs qui est ouverte. Quant aux salaires, rien, pas un mot, pas une annonce. Rien non plus sur les pensions de retraite pour lesquelles les retraités seront à nouveau mobilisés le 2 décembre dans l’unité. « Rien non plus en matière de politique volontariste de création et pérennisation d’emplois et d’amélioration des conditions de travail alors que chaque jour des salariés luttent et proposent des projets industriels concrets pour sauvegarder leur entreprise », a relevé la CGT alors qu’il y a quelques mois le président-candidat nous bonimentait sur le retour des jours heureux.
Emmanuel Macron s’affiche au-delà du printemps 2022 dans la continuité de son premier mandat. Il n’aura tiré aucune leçon progressiste de cette crise sanitaire et économique et climatique alors que tout appelle au contraire à « un véritable plan de rupture en replaçant le développement humain durable au cœur de l’action politique et économique » comme le souligne la CGT.
Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT
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